
Fintech : il est temps de passer à la vitesse supérieure

Par Cyril Armange, Directeur des Partenariats et de la Communication et Maximilien Nayaradou, Directeur des Projets R&D chez Finance Innovation
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, En cette rentrée, on revoit la copie de l’écosystème français de la Fintech. Malgré des points plus qu’encourageants, la France reste à la traîne au niveau mondial. Startups, établissements financiers traditionnels ou encore régulateurs : les acteurs tricolores doivent accélérer afin de hisser l’Hexagone parmi les leaders mondiaux de la Fintech.
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, L’année 2018 a pourtant bien commencé pour les Fintech tricolores. Avec plus de 200 millions d’euros levés au premier semestre, les startups de la finance sont en bonne voie pour battre le record de l’an dernier, à savoir 318 millions d’euros levés. Cette dynamique est en partie le résultat de la structuration et la densification de l’écosystème ces dernières années. Plus d’une cinquantaine de nouvelles startups sont enregistrées en moyenne chaque année en France, pour un total qui atteint aujourd’hui 400 sur tout le territoire. Pour les accompagner, de nombreuses structures se créent : près d’une dizaine de programmes d’accompagnement dédiés à la FinTech et l’InsurTech ont ainsi été lancés sur l’ensemble du territoire depuis le début de l’année[1], à l’image du Swave dont la première promotion a été accueillie en janvier dernier.
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La Fintech française à la traîne
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, Pour autant, si on lève les yeux de notre feuille franco-française, nos voisins paraissent bien meilleurs élèves que l’Hexagone. De l’autre côté de la Manche, avec 250 millions de dollars, la néobanque britannique Revolut a par exemple levé, à elle seule, plus que l’ensemble des Fintech tricolores en un semestre. Parfois désignée comme une « forêt de bonzaïs », l’écosystème français ne compte à ce jour aucune licorne, capable de rassembler autant de financement. Parmi les champions de la Fintech mondiale, nos startups tricolores peinent ainsi à se faire leur place. Cette année encore, ce sont des Britanniques – comme Azimo, Revolut et Starling – ou encore des Allemandes - comme N26 et IDNow – qui se taillent la part du lion dans le classement The FinTech50 Europe, publiée par l’organisation FinTechCity. Seules deux Françaises réussissent à y faire une apparition : Ledger, spécialiste des portefeuilles de cryptomonnaies, et PayFit, qui facilite la gestion de la paie et des RH pour les PME. Selon un rapport Deloitte[2], la place de Paris elle-même, malgré son dynamisme et son rayonnement, n’apparaît qu’à la 14e position mondiale des places Fintech, derrière Londres, New-York, Francfort, Toronto ou encore Sydney.
, Un territoire parcouru d’embûches
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, L’aspect réglementaire n’est pas étranger à un tel retard. Les Fintech pointent régulièrement du doigt un régulateur parfois en retard sur l’encadrement des mutations du secteur. Un effort de pédagogie reste ainsi à faire envers les autorités réglementaires mais aussi envers les clients finaux. En effet, les taux d’adoption des solutions Fintech sur leurs cibles ont parfois des difficultés à décoller. Même si plusieurs enquêtes démontrent un engouement croissant pour la Fintech, plus de 7 Français sur 10 ignorent encore de quoi il s’agit[3] !
, De plus, l’écosystème français est évidemment bien loin d’être étanche. Face à une concurrence mondiale de plus en plus forte, les Fintech tricolores font alors face à un problème de souveraineté sur leur propre marché et à l’arrivée de startups étrangères dont la force de frappe est portée par d’importants financements.
, S’unir ou mourir
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, Il ne s’agit pas pour autant d’en rester à ces constats, mais de s’en servir pour construire ensemble – startups, établissements traditionnels, accélérateurs, régulateurs – un écosystème Fintech unifié, solide et innovant, favorable au développement de jeunes pousses sur tout le territoire. L’une des mesures concrètes pour apporter plus de souplesse au cadre réglementaire recouvre la création d’un « bac à sable » à l’anglaise. L’objectif : permettre aux startups d’expérimenter sans contrainte leurs idées et solutions jusqu'à un certain seuil d’activité.
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, Au-delà des évolutions réglementaires, il est plus qu’urgent de mener une réflexion autour de la nécessité de créer des champions nationaux. Plusieurs pistes peuvent être empruntées, dont notamment celle de faciliter la collaboration entre grands donneurs d’ordre et Fintech. Une conviction qui pourrait se concrétiser via une plateforme construite comme un point de rencontre entre les besoins des établissements financiers traditionnels et des offres proposées par les Fintech, en vue de co-créer un écosystème souverain et unifié. La logique de collaboration doit également se retrouver entre les Fintech, augmentée d’une logique d’agrégation. Car c’est en unissant les forces et les complémentarités des Fintech que nous parviendrons à faire émerger un véritable champion, capable d’être reconnu comme un acteur incontournable de la scène internationale Fintech.
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Wall Street finit en hausse, portée par l’espoir d’une baisse des taux de la Fed
Washington - La Bourse de New York a terminé en hausse lundi, poussée par les perspectives de baisse des taux de la banque centrale américaine (Fed) et dans l’attente de nouvelles données sur l’inflation aux Etats-Unis. L’indice Nasdaq (+0,45%), à forte coloration technologique, a touché un nouveau record à 21.798,70 points. Le Dow Jones a gagné 0,25% et l’indice élargi S&P 500 a progressé de 0,21%. «Le marché rebondit après des turbulences (...), Wall Street attend avec impatience les baisses de taux de la Réserve fédérale», résume dans une note Jose Torres, d’Interactive Brokers. La semaine passée, un taux de chômage en hausse et une baisse des créations d’emplois aux Etats-Unis ont renforcé les attentes d’une politique monétaire plus souple de la part de l’institution monétaire américaine, ce qui pourrait donner un coup de fouet à l'économie américaine. «La plupart des investisseurs estiment que les rapports sur l’inflation publiés cette semaine» ne changeront pas ces perspectives, commente auprès de l’AFP Sam Stovall, de CFRA. La place américaine attend en effet la publication aux Etats-Unis des prix à la production (PPI) mercredi, puis celle des prix à la consommation (CPI) jeudi. La Fed est investie d’un double mandat, consistant à surveiller le marché de l’emploi et à maintenir l’inflation proche de 2% sur le long terme. Même si ces chiffres ne sont pas conformes aux attentes, les investisseurs estiment «que la Fed s’est résolue à baisser ses taux lors de sa réunion de septembre», note M. Stovall. «La seule question qui reste en suspens, compte tenu des prochains rapports économiques (...), est de savoir si elle procédera à une, deux ou trois baisses cette année», ajoute l’analyste. Pour le moment, les experts anticipent trois baisses de taux d’un quart de point de pourcentage d’ici à la fin de l’année, selon l’outil de veille FedWatch de CME, passant ainsi d’une fourchette comprise entre 4,25% et 4,50% à 3,50 et 3,75%. Dans ce contexte, sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à échéance 10 ans se détendait à 4,04%, contre 4,07% à la clôture vendredi. Cette baisse des taux obligataires est «positive» pour les actions, commente M. Stovall. Ailleurs, au tableau des valeurs, certaines des capitalisations géantes du secteur technologique ont eu le vent en poupe, à l’image d’Amazon (+1,51%), Nvidia (+0,77%) ou Microsoft (+0,65%). Le titre de la plateforme d'échange de cryptomonnaies Robinhood a atteint un nouveau record en clôture (+15,83% à 117,28 dollars) et le groupe de services pour créateurs d’applications AppLovin a brillé (+11,59% à 547,04 dollars). Les deux entreprises ont profité de l’annonce de leur future entrée au sein de l’indice S&P 500. Leur arrivée sera effective le 22 septembre, selon S&P Global. L’opérateur américain EchoStar s’est envolé (+19,91% à 80,63 dollars) à l’annonce du rachat de fréquences, par la société spatiale SpaceX --propriété d’Elon Musk--, pour un montant de 17 milliards de dollars. Fin août, EchoStar avait déjà annoncé la vente d’une partie de ses fréquences au profit de son concurrent AT&T pour 23 milliards de dollars. Par ailleurs, après un début d’année en demi-teinte, sur fond d’incertitudes économiques et commerciales, le marché des introductions en Bourse (IPO) à New York va connaître un coup d’accélérateur dans les prochains jours. Six entreprises doivent entrer à Wall Street cette semaine, dont le très attendu spécialiste suédois du paiement différé Klarna ou la plateforme Gemini, spécialisée dans les cryptomonnaies et fondée en 2014 par les frères jumeaux Cameron et Tyler Winklevoss. Nasdaq © Agence France-Presse -
États-Unis : les démocrates publient une lettre attribuée à Trump pour l’anniversaire de Jeffrey Epstein
Washington - Une lettre attribuée à Donald Trump à l’attention de Jeffrey Epstein pour son anniversaire en 2003 a été rendue publique lundi par des parlementaires démocrates, alors que le président américain en avait démenti l’existence en juillet, en pleine polémique sur ses liens avec le délinquant sexuel. La lettre, obtenue par les membres démocrates d’une commission de la Chambre des représentants, montre une esquisse de buste féminin avec des citations attribuées à tour de rôle à Jeffrey Epstein et à Donald Trump, deux figures alors de la jet-set new-yorkaise, avec la signature du futur président américain au pied de la note. L’affaire Epstein, du nom du financier new-yorkais mort en prison en 2019 avant son procès pour crimes sexuels, enflamme de nouveau les Etats-Unis depuis que le gouvernement de Donald Trump a annoncé début juillet n’avoir découvert aucun élément nouveau qui justifierait la publication de documents supplémentaires ou le lancement d’une nouvelle enquête dans ce dossier. La mort, par suicide selon les autorités, de Jeffrey Epstein a alimenté d’innombrables théories du complot, selon lesquelles il aurait été assassiné pour l’empêcher d’impliquer des personnalités de premier plan. Selon le Wall Street Journal, qui avait le premier révélé en juillet l’existence de la lettre, celle-ci a été envoyée par les légataires de Jeffrey Epstein à une commission du Congrès ayant exigé auprès d’eux d’obtenir de nombreux documents liés à l’affaire. «Merveilleux secret» Après les révélations du quotidien américain, Donald Trump avait nié être l’auteur de la lettre et avait attaqué le «WSJ» pour diffamation, ainsi que son patron Rupert Murdoch, leur réclamant au moins 10 milliards de dollars de dommages-intérêts. Le texte de la missive représente un échange imaginaire entre Donald Trump et Jeffrey Epstein, dans lequel le premier dit: «Nous avons certaines choses en commun Jeffrey». «Les énigmes ne vieillissent jamais, as-tu remarqué cela», dit-il également avant de conclure: «Joyeux anniversaire. Que chaque jour soit un autre merveilleux secret». Après avoir promis à ses partisans pendant sa campagne présidentielle des révélations fracassantes sur cette affaire, Donald Trump tente aujourd’hui d'éteindre la polémique, qu’il a de nouveau qualifiée récemment de «canular» monté par l’opposition. Les élus démocrates qui ont publié la lettre lundi ont exhorté le président républicain à faire la lumière sur l’affaire. «Trump parle de merveilleux secret que les deux partageaient. Qu’est-ce qu’il cache? Publiez les documents!», ont-ils écrit sur X avec une image de la lettre. Taylor Budowich, un conseiller de Donald Trump à la Maison Blanche, a réagi en affirmant que la signature en bas de page ne correspondait pas à celle du président. «DIFFAMATION!», a dénoncé sur X le responsable. Le très populaire podcasteur conservateur Charlie Kirk a également mis en doute la véracité de la lettre. «Est-ce que ça ressemble à la vraie signature du président. Je ne crois pas du tout», a-t-il lancé sur X, estimant que celle-ci avait été «falsifiée». Robin LEGRAND © Agence France-Presse -
Après la chute de Bayrou, des rassemblements improvisés dans plusieurs villes de France
Paris - Des manifestants fêtent lundi soir dans différents endroits de France la chute du gouvernement de François Bayrou devant des mairies, à l’appel du mouvement «Bloquons tout» le 10 septembre. A Nantes, quelque 300 personnes, selon la préfecture, se sont rassemblées en début de soirée, en musique et sous des pancartes marquées «Bye bye Bayrou» et «le 10/09 on bloque tout», quelques confettis survolant le regroupement. «On en profite pour échanger sur les différentes actions prévues le 10 septembre, les informations circulent», rapporte Inès Guaaybess, 30 ans, qui prévoit de se mobiliser mercredi. A Rennes, quelques centaines de personnes, pour beaucoup des étudiants, se sont réunis place de la mairie autour d’une table avec quelques bouteilles et du pain, sur fond de musique et de confettis. Les manifestants se sont ensuite rendus place Sainte-Anne au centre ville, haut lieu de la vie étudiante rennaise. «On est au bout du système» avec «une alternance droite gauche qui ne remet pas en cause le côté capitaliste libéral. Il va falloir bifurquer», assure Jérémie, ingénieur de 37 ans, venu en vélo avec son enfant. A Paris, des rassemblements étaient organisés devant plusieurs mairies d’arrondissement. Dans le 20e, au moins 200 personnes se sont réunies place Gambetta dans une ambiance bon enfant. «C’est une grande victoire ce soir! Le prochain gouvernement devrait penser aux pauvres et aux retraités. Tout est cher, tout augmente. Macron, je voudrais qu’il s’en aille, pourtant j’ai voté deux fois pour lui pour faire barrage» à l’extrême droite, explique Amina Elrhardour, 60 ans. Selon Marius, 25 ans, «il y a vraiment de la démocratie locale qui s’organise» en vue du 10 septembre, tandis que Xavier Keller, 25 ans lui aussi, dit que «le Nouveau Front populaire doit gouverner. On est capable de faire accepter un budget de gauche, je n’ai aucun doute là-dessus». A Bordeaux, plus d’une centaine de personnes, dont de très nombreux jeunes, ont applaudi et crié de joie à l’annonce de la chute du gouvernement Bayrou, au son d’une fanfare. «Il faut qu’on soit visible, on est nombreux à en avoir ras le bol et n’avoir plus confiance en Macron», lance Mathilde, trentenaire ceinturée d’une banane Confédération paysanne. Un rassemblement a également été organisé en fin d’après-midi à Pau, ville dont M. Bayrou est le maire. Le chef de l’Etat a dit vouloir nommer un nouveau Premier ministre «dans les tout prochains jours». © Agence France-Presse