
Nouvelle réforme de l’assurance vie : quel avenir pour les fonds en euros ?

Les débats restent vifs autour du projet de loi Pacte, dont le texte devrait être finalisé fin mai. Parmi les sujets envisagés se trouve celui de la réforme de l’assurance-vie, et plus précisément des fonds en euros proposés au sein de ces contrats. Un sujet d’autant plus sensible que des millions de Français affectionnent ce placement prudent et garanti.
Le but: pousser les capitaux des fonds euros vers l’économie réelle
L’idée du gouvernement serait de moduler la garantie en capital des fonds en euros en fonction de leur durée de détention. Pour bénéficier de cette garantie, les nouveaux fonds en euros souscrits à l’avenir devraient l’être être conservés pour une durée minimale de 8 ou 10 ans, alors que cette garantie s’applique actuellement au jour le jour.
Le but de cette réforme est double: d’une part, inciter les épargnants à investir à long terme, et d’autre part, retirer aux assureurs-vie une contrainte de garantie à court terme, ce qui leur permettrait d’aller chercher davantage d’opportunités à long terme en-dehors des marchés obligataires.
Fondamentalement, le gouvernement a raison de vouloir réformer les fonds en euros pour répondre au problème de la baisse des rendements. Les taux du marché obligataire étant situés à un niveau extrêmement bas, il est temps de changer les règles pour que ces fonds puissent être exposés à des actifs plus rémunérateurs que les obligations d’Etat qui composent actuellement une large majorité de leurs encours. En s’ouvrant davantage aux actions, les assureurs-vie pourraient redynamiser leurs contrats tout en finançant davantage l’économie «réelle».
Un projet actuellement inadapté
Ce projet de réforme, encore peu connu des épargnants, laisse de nombreux assureurs-vie dubitatifs. La méthode envisagée par la loi Pacte n’est en effet pas la bonne. Proposer aux épargnants de bloquer leur argent pour une durée longue pour bénéficier de la garantie en capital dont ils bénéficiaient auparavant de manière immédiate, tout ceci dans l’espoir d’un hypothétique surcroît de rentabilité, s’annonce compliqué. Un exemple existe déjà: les fonds euro-croissance, associés à une durée de blocage de 8 ans en contrepartie d’une exposition action plus importante (laissant espérer une meilleure rémunération), n’ont jamais rencontré le succès escompté auprès du grand public.
À noter également que les contraintes réglementaires des assureurs posent problème. En effet, depuis la crise de 2008, le régulateur européen a adopté la réglementation Solvency II qui incite les assureurs à posséder dans leurs fonds en euros des obligations et non des actions associées à une forte mobilisation de capitaux propres. Les assureurs n’ont donc pas intérêt à détenir davantage d’actions dans le cadre de leur fonds en euros. Cette situation provoque naturellement des difficultés pour appliquer des réformes.
Quelle solution permettrait de répondre aux besoins?
L’une des solutions qui permettrait de répondre à ces défis serait de lancer des fonds en euros conservant « l’effet cliquet » et proposant une garantie en capital immédiate mais seulement partielle. Avec un fonds proposant par exemple chaque année une protection du capital de 98% au lieu de 100%, les assureurs bénéficieraient d’une marge de manœuvre pour prendre plus de risques de manière modérée. Les épargnants seraient quant à eux plus facilement séduits à l’idée d’abaisser légèrement leur garantie en capital tout en conservant « l’effet cliquet », au bénéfice d’un fond euro doté d’un moteur de performance.
Au sein des fonds, la poche d’investissements diversifiés pourrait ainsi atteindre 30% de l’allocation, incluant des actions ainsi que d’autres produits complémentaires. Un devoir de pédagogie reste nécessaire pour que les épargnants français appréhendent mieux ce type de solution d’investissement. Beaucoup d’entre eux gardent le sentiment qu’une plus grande prise de risque signifie automatiquement qu’ils s’exposent à des risques de pertes élevées. Tel n’est pourtant pas le cas puisque des solutions intermédiaires, comme celle-ci, existent. Avec des fonds en euros intégrant une part de gestion diversifiée, les investisseurs peuvent parfaitement maîtriser leur risque de perte tout en bénéficiant de placements plus dynamiques.
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Washington - Comment Tyler Robinson, un élève brillant au lycée, élevé dans la foi mormone par des parents républicains, a-t-il pu dériver au point de tuer l’influenceur Charlie Kirk, idole de la jeunesse pro-Trump ? La question agite Washington, petite ville de l’Utah. Le suspect de 22 ans, arrêté jeudi soir après 33 heures de traque, a grandi dans cette bourgade de l’Ouest américain bordée de canyons rougeoyants et de montagnes. La maison de ses parents est un pavillon typique de la classe moyenne américaine, logé dans une rue sinueuse aux pelouses proprettes. Dans ce quartier adossé à l'église du coin, Kris Schwiermann est sous le choc. Tyler était l’aîné de trois garçons, un enfant «calme, respectueux, plutôt réservé, mais vraiment très intelligent», raconte à l’AFP l’ex-gardienne de son école primaire, aujourd’hui à la retraite. «C'était l'élève idéal, le genre de personne que l’on aimerait avoir dans sa classe», confirme Jaida Funk, qui l’a côtoyé de la primaire au lycée, entre ses 5 et 16 ans. «J’ai toujours pensé qu’il deviendrait un jour homme d’affaires ou PDG, plutôt que ce que j’apprends à son sujet aujourd’hui», poursuit la jeune femme de 22 ans. «C’est vraiment inattendu.» A l'école, «il était réservé, mais pas bizarre, il avait des amis et parlait à différents groupes», se souvient-elle. Sorti brillamment du lycée en 2021, Tyler a brièvement étudié à l’université, avant de bifurquer vers un programme d’apprentissage en électricité dans un établissement technique près de chez lui. Parents chasseurs Ses parents, un vendeur de comptoirs de cuisine en granit et une professionnelle de santé travaillant avec des handicapés, sont Mormons comme de nombreux habitants en Utah, selon Mme Schwiermann. Mais ils ne pratiquent plus. «Cela fait huit ans que je ne les ai pas vus à l'église», reprend la retraitée de 66 ans. Épluchées par les médias américains, les photos laissées par les Robinson sur les réseaux sociaux racontent l’histoire d’une famille qui aimait voyager, camper et chassait avec ses enfants. Un apprentissage banal des armes à feu, que Tyler a apparemment recyclé de manière glaçante, en tuant Charlie Kirk d’une balle dans le cou grâce à un fusil à lunette, lors d’un rassemblement sur le campus de l’université Utah Valley, à quatre heures de route de Washington. Si ses parents sont inscrits sur les listes électorales comme républicains, le jeune homme n’a lui indiqué aucune affiliation politique. D’après les registres de l’Etat, il n’a pas voté en 2024. Mais selon le gouverneur de l’Utah, Spencer Cox, qui a divulgué certains éléments d’enquête vendredi, le jeune homme s'était «plus politisé ces dernières années». Il aurait partagé son hostilité envers Charlie Kirk, proche allié du président Donald Trump, avec un membre de sa famille, selon les autorités. Son père l’aurait convaincu de se rendre à la police. Les enquêteurs ont également retrouvé des messages à tonalité antifasciste - «Eh fasciste! Attrape ça!» et une référence au chant antifasciste italien «Bella Ciao» - sur des douilles retrouvées près de la scène de crime. De quoi l'étiqueter comme un tueur «d’extrême gauche» pour une grande partie de la droite américaine. «Passionné de bagnoles» Plutôt qu’un fervent militant, ses ex-camarades de lycée l’ont dépeint au New York Times en fan de jeux vidéos de tirs, comme «Halo» ou «Call of Duty». Tyler ne parlait pas non plus politique avec Jay, qui le fréquentait depuis janvier après avoir rejoint un groupe d’amateurs de grosses voitures. «Il était plutôt timide, c'était juste un passionné de bagnoles», souffle ce quadragénaire perplexe, refusant de donner son patronyme. «On parlait juste de notre amour pour les muscle cars , du bruit qu’elles font et de la façon dont elles roulent.» Son Dodge Challenger gris et rutilant était d’ailleurs la seule chose que les voisins de Tyler Robinson connaissaient de lui, dans le lotissement où il habitait à Saint George, à dix minutes de chez ses parents. Dans ce complexe impersonnel, les habitants rencontrés par l’AFP ne l’ont même pas reconnu lorsque le FBI a diffusé sa photo pendant la traque. Heather McKnight, sa voisine pendant plus d’un an, évoque un inconnu solitaire, à l’air renfrogné, qui conduisait trop vite à son goût. «Il était toujours distant, il ne disait jamais bonjour. (...) Il était juste bizarre», raconte l’infirmière de 50 ans. «Qui aurait pu imaginer que ce petit homme maigre qui montait et descendait de sa voiture serait capable de commettre un acte aussi odieux ?» Romain FONSEGRIVES © Agence France-Presse -
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Népal: la Génération Z en révolte après la mort de Santosh Bishwakarma
Katmandou - «Il rêvait de mourir en ayant été utile à son pays». Santosh Bishwakarma, 30 ans, a été abattu lundi par les forces de l’ordre dans une rue de Katmandou alors qu’il manifestait contre le gouvernement, et sa femme est inconsolable. Dans sa petite maison de la capitale népalaise encombrée de ses proches venus partager son deuil, Amika Bishwakarma, 30 ans elle aussi, peine à évoquer le souvenir de son mari. «Il avait l’habitude de dire qu’il ne voulait pas mourir comme un chien», lâche-t-elle entre deux sanglots. «Il voulait que le Népal soit reconnu dans le monde, et ne pas mourir avant d’y avoir contribué. Je crois qu’il a réussi». Santosh avait rejoint lundi le cortège de ces jeunes réunis sous la bannière de la «Génération Z» qui dénonçaient le blocage des réseaux sociaux et la corruption des élites du pays. Il est tombé lorsque la police, débordée, a ouvert le feu sur les manifestants. Une vingtaine d’entre eux ont été tués, des centaines d’autres blessés. La répression a nourri la colère de cette «Gen Z», qui est revenue le lendemain dans les rues de la capitale et a incendié ou mis à sac tous les symboles du pouvoir: parlement, bureaux ministériels, tribunaux, jusqu’aux résidences de plusieurs dirigeants. Le Premier ministre KP Sharma Oli n’a eu d’autre choix que de démissionner. Respectée pour son indépendance, l’ex-cheffe de la Cour suprême Sushila Kari, 73 ans, a été nommée vendredi soir à la tête d’un gouvernement provisoire chargé de conduire le pays jusqu'à des élections prévues dans six mois. Son entrée en fonction semble satisfaire de nombreux Népalais mais pas Amika Bishwakarma, désormais toute seule pour élever son fils Ujwal, 10 ans, et sa fille Sonia, 7 ans. «Un peu de justice» «Mon mari aurait tout fait pour leur permettre de réaliser leurs rêves, même au prix de sa vie», assure-t-elle. «Mais comment je vais pouvoir y arriver seule maintenant ? Il a sacrifié sa vie pour le pays, j’espère que le gouvernement va m’aider». Quand il a appris la mort de Santosh, son ami Solan Rai, 42 ans, a accouru au chevet de sa veuve. Après les violences de la semaine, il veut croire à des jours meilleurs pour son pays. «je n’avais jamais vu pareille colère», note-t-il, «j’espère que cette fois, ça va enfin changer». D’autres veulent croire que la mort de leurs proches ne sera pas vaine. Ce vendredi, ils étaient des centaines à se presser dans le temple de Pashupatinath, à Katmandou, pour assister à la crémation d’un fils, d’un frère ou d’un ami tué cette semaine. «J’espère que de tout ça sortira une forme de justice, que notre peuple obtiendra enfin les changements qu’il cherche désespérément depuis si longtemps», espère Ratna Maharjan en pleurant son fils, tué d’une balle tirée par un policier. Sur les marches du temple, au bord du fleuve Bagmati, une femme vêtue de rouge s’accroche désespérément à la dépouille de son fils, qu’elle refuse de voir partir en cendres. Un peu à l'écart, des policiers déposent des gerbes de fleurs sur le cercueil d’un de leurs collègues, mort lui aussi pendant les émeutes. La police a fait état de 3 morts dans ses rangs. Avant de retourner au silence de son deuil, Amika Bishwakarma fait un dernier vœu, plus politique. «On ne demande pas la lune», glisse-t-elle d’une petite voix. «On veut juste un peu plus d'égalité, que les riches ne prospèrent pas pendant que les pauvres continuent à dépérir». Bhuvan BAGGA et Glenda KWEK © Agence France-Presse