
Stripe lève 6,5 milliards de dollars mais divise sa valorisation par deux

Stripe a annoncé dans un billet de blog une importante levée de fonds : 6,5 milliards de dollars (6,15 milliards d’euros) qui doivent servir notamment à racheter les actions attribuées aux salariés. Celles-ci sont exemptées de taxation durant 7 ans. Or, pour un grand nombre de salariés et d’ex-salariés, cette durée expire en 2024. Pour éviter à ses collaborateurs de devoir payer cette taxe, le management de Stripe a souhaité lever de l’argent afin de leur racheter leurs titres.
Nouveaux actionnaires
Dans un premier temps, une entrée en Bourse avait été envisagée avant d’être repoussée en raison des conditions de marché défavorables. Un nouveau tour de table a donc été lancé avec pour objectif initial de lever 2 milliards de dollars, la valorisation de Stripe était alors estimée à 60 milliards de dollars. Finalement, cette série I aboutit à lever trois fois ce montant auprès des actionnaires déjà présents, Andreessen Horowitz, Baillie Gifford, Founders Fund, General Catalyst, MSD Partners et Thrive Capital, et auprès d’investisseurs qui font leur entrée au capital à cette occasion : GIC, Goldman Sachs Asset and Wealth Management et Temasek. Stripe précise également sur son blog ne pas avoir besoin de cet argent pour poursuivre son activité.
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Evaluée à 95 milliards de dollars en mars 2021, lors d’une précédente levée de 600 millions d’euros, Stripe voit sa valorisation quasiment divisée par deux. Le site d’information TechCrunch indiquait qu’en interne, Stripe estimait sa valeur à 63 milliards de dollars en janvier dernier contre 74 milliards six mois auparavant. L’entreprise a en outre licencié 14% de ses effectifs, soit environ 1.120 personnes sur 8.000 salariés, en novembre 2022, expliquant avoir été trop optimiste dans ses prévisions économiques.
A lire aussi: Stripe n’est pas pressée d’entrer en Bourse
Néanmoins, les frères Collison, cofondateurs de la fintech, continuent d’anticiper une forte croissance du e-commerce et des ventes en ligne sur les douze prochaines années, justifiant leurs investissements dans de nouveaux produits et partenariats, comme celui annoncé hier avec OpenAI, l’éditeur de ChatGPT, pour faciliter le paiement de ses logiciels et services.
Stripe a su répondre aux besoins de digitalisation de nombreuses petites entreprises, ce qui lui a valu un grand succès commercial. La société a fait évoluer son offre tout en construisant une infrastructure de paiement mondiale, simple à intégrer et permettant de fluidifier les paiements quasiment partout dans le monde. Elle est désormais utilisée par des grandes entreprises comme Amazon, Salesforce, BMW, Ford ou Maersk. En France, Stripe équipe La Redoute et devrait annoncer bientôt un important nouveau client dans l’industrie.
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Bruxelles - Moins d’entrées irrégulières, moins de demandes d’asile... Et pourtant, l’Europe subit toujours une pression très forte pour durcir sa politique migratoire, une dynamique qui se reflète dans les propositions en débat parmi les Vingt-Sept. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Au cours de la première moitié de l’année, le nombre d’entrées irrégulières sur le territoire européen a chuté de 20% selon l’agence européenne de frontières Frontex. Elles ont dégringolé sur la route des Balkans et se concentrent désormais en Méditerranée. Les demandes d’asiles enregistrées dans les pays de l’Union européenne et ses voisins ont elles aussi reculé de 23% par rapport à la même période l’an dernier, selon des données publiées lundi. Face à la poussée de la droite et de l’extrême droite, l’Europe a pourtant rarement été sous une telle pression pour serrer la vis sur l’immigration. «Il y a au niveau politique ce sentiment qu’il faut répondre aux attentes des citoyens», note Camille Le Coz, directrice du centre de réflexion Migration Policy Institute Europe, évoquant la «montée de partis anti-migrants» partout sur le continent. Pour ces groupes politiques, la baisse du nombre d’arrivées est loin d'être suffisante. «Cela ne peut pas être le seul critère à prendre en compte», souligne, dans un entretien à l’AFP, l’eurodéputé du Rassemblement national et ancien patron de Frontex Fabrice Leggeri, plaidant pour qu’elle se conjugue avec une hausse significative des renvois. Moins de 20% des décisions d’expulsion de migrants sont actuellement suivies d’effets au sein de l’UE, une statistique régulièrement brandie par les partisans d’une ligne migratoire plus ferme. «Alléger la pression» Pressée à agir sur cette question, tout particulièrement par l’Allemagne, l’Autriche et les pays scandinaves, la Commission avance à marche forcée. Quelques mois seulement après l’adoption d’une loi titanesque sur la migration, qui doit entrer en vigueur en 2026, l’exécutif européen a mis trois propositions supplémentaires sur la table. Elles permettront «d’alléger la pression sur nos systèmes d’asile», a assuré lundi le commissaire chargé des questions migratoires, Magnus Brunner. Si elles venaient à être adoptées, les nouvelles propositions de la Commission permettraient aux Etats membres: - D’ouvrir des centres en dehors des frontières de l’UE pour y envoyer les migrants dont la demande d’asile aurait été rejetée, les fameux «hubs de retours». - De sanctionner plus durement les migrants qui refusent de quitter le territoire européen, via notamment des périodes de détention plus longues. - De renvoyer des migrants vers des pays dont ils ne sont pas originaires mais que l’Europe considère comme «sûrs». «Popcorn» Autant de mesures qualifiées de «cruelles» par la gauche et les associations de protection de migrants. Mais sur lesquelles les groupes de droite au Parlement et les Etats membres veulent avancer vite. Sous l’impulsion du Danemark, qui assure la présidence tournante de l’Union européenne, les Vingt-Sept ont déjà entamé l’examen de plusieurs de ces mesures, ont affirmé plusieurs sources à l’AFP. Ils espèrent adopter une position commune d’ici la fin de l’année, malgré des réticences exprimées notamment par l’Espagne, l’Irlande et le Portugal sur les questions de respect des droits humains. L’objectif est d’entamer des négociations en début d’année prochaine avec le Parlement, théâtre de tractations très difficiles, notamment sur la question des «hubs de retour», selon plusieurs eurodéputés qui y prennent part. Des discussions extrêmement périlleuses sont par ailleurs en cours entre les Etats membres et la Commission sur une nouvelle répartition des demandeurs d’asile sur le continent. L’idée est d’identifier quels sont les pays de l’UE les plus confrontés à une «pression migratoire». Et de déterminer, sur cette base, combien de migrants les autres Etats membres sont prêts à «relocaliser» sur leur sol, ou quelle aide financière ils sont prêts à leur verser. L’exécutif européen doit présenter sa copie aux Vingt-Sept le 15 octobre. «Préparez le popcorn», glisse un fonctionnaire européen, prédisant des négociations extrêmement «sensibles». Camille CAMDESSUS © Agence France-Presse