
L’Union européenne veut lancer un portefeuille numérique

Accusée d’être loin des préoccupations des citoyens, l’Union européenne veut frapper fort. Margaret Vestager, vice-présidente exécutive de la Commission européenne chargée de la Concurrence et du Numérique et Thierry Breton, commissaire au Marché intérieur, présenteront ce jeudi les grandes lignes d’un portefeuille numérique européen ultra-sécurisé.
Ce portefeuille numérique (wallet, en anglais) permettrait aux citoyens européens de stocker, dans une application, des documents personnels (papiers d’identité, données de paiements…), mais également d’accéder de manière sécurisée à des services publics et privés en ligne. Par exemple un étudiant se préparant à effectuer une année Erasmus pourra ouvrir un compte dans une banque à l’étranger sans avoir besoin de se rendre physiquement en agence : il suffira de transférer à la banque certains documents contenus dans son wallet. Le portefeuille, qui a été élaboré à la demande de plusieurs Etat membres, n’est pas obligatoire, précise le Financial Times qui a révélé l’information hier.
Cette initiative ne sort pas de nulle part : elle vise à remplacer le système d’identification numérique en place depuis 2014, mais qui n’avait convaincu que 19 Etats membres en raison de la complexité de son fonctionnement. Le wallet numérique serait ici compatible entre tous les Etats membres. Ce projet fait partie du plan de relance à 750 milliards d’euros de l’Union européenne, dont environ 20% des crédits sont alloués à la souveraineté numérique.
Les Gafa en ligne de mire
L’Union européenne se sait notamment attendue sur le plan de la sécurité des données personnelles. L’utilisation du wallet européen en tant que système de paiement pourrait être aussi simple que ceux développés par certaines sociétés du numérique, mais les données des utilisateurs ne seront pas utilisées à des fins de marketing et autres activités commerciales. En garantissant une protection des données de ses utilisateurs, sans les traquer, ce portefeuille entrera en concurrence avec les Google, Amazon, Facebook et Apple.
Présenté aujourd’hui à Bruxelles, le portefeuille numérique fera ensuite l’objet de discussions techniques entre les différents Etat membres. Sauf si le sujet venait à monter très rapidement en puissance, il ne verra pas le jour avant au moins un an.
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Taxe Zucman : malgré la division de la classe politique, Marc Ferracci affirme qu'il n'y a "pas de tabou"
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