
Les néobanques maintiennent leurs ambitions face à la réalité du marché

La hausse des taux a de quoi réjouir les néobanques. C’est au moins l’avis de celles réunies autour d’Angelo Caci, directeur général de Syrtals Cards, lors d’un webinaire : Nickel, MaFrenchBank, Orange Bank, Qonto et N26. «Nous avons appris à viser la rentabilité dans un contexte de taux bas, désormais nous allons pouvoir gagner de l’argent !», a déclaré Jérémie Rosselli, directeur général de N26 pour la France et le Benelux. Même son de cloche chez MaFrenchBank : «les dépôts génèrent une nouvelle ligne de PNB (produit net bancaire) qu’on n’avait pas avant.»
Ce nouveau contexte économique bénéficie aussi aux néobanques dans le domaine de l’acquisition clients. «L’inflation renforce la pertinence de notre offre», affirme Marie Degrand-Guillaud, directrice générale déléguée de Nickel. L'établissement, dans l’orbite de BNP Paribas, se veut accessible à tous et focalisé sur son utilité. Nickel revendique désormais le gain de 50.000 clients par mois. Pour Qonto, les périodes de crise sont propices à la création d’entreprise, l’une des cibles de la néobanque dédiée aux professionnels, ce qui explique une acquisition client toujours dynamique.
Distribution hybride
L’optimisme est de mise. D’ailleurs, toutes travaillent soigneusement leurs processus pour offrir une expérience client de qualité et cherchent à élargir leur gamme pour répondre aux besoins de leurs clients.
Hormis Nickel qui reste focalisée sur le paiement, Qonto a lancé le financement avec quatre partenaires, MaFrenchBank propose aussi du crédit conso et de l’assurance habitation ou smartphone, N26 s’est ouverte aux cryptos et prévoit de nouvelles offres de crédit et d’investissement tandis qu’Orange Bank fait déjà du crédit conso et immo. Quant à la distribution, elle est hybride (en ligne et en point de vente), pour Nickel avec 7.000 bureaux de tabac partenaires, pour MaFrenchBank avec 7.200 bureaux de poste et pour Orange Bank qui est distribuée dans les 550 boutiques Orange. N26 et Qonto sont des pure players accessibles seulement en ligne.
A lire aussi: Néobanques - Croître ou mourir
Parmi les différents modèles, Nickel, MaFrenchBank et Orange Bank sont adossées à de grands groupes alors que Qonto et N26 sont parvenues à croître en levant des fonds auprès de grands investisseurs sans que les fondateurs perdent le contrôle de l’entreprise. Avoir de tels actionnaires de référence est un facteur sécurisant, y compris pour les clients.
Au-delà de ce point commun, leurs stratégies de croissance diffèrent. Nickel, rentable depuis près de cinq ans, creuse son sillon auprès d’une clientèle variée qui reste éloignée des banques traditionnelles, et donc de son actionnaire BNP Paribas. MaFrenchBank, créée par La Banque Postale pour capter une clientèle jeune, est en pleine recherche de synergies avec le groupe La Poste : «Nous travaillons sur les parcours clients pour favoriser la bibancarisation, autrement dit pour orienter nos clients vers La Banque Postale quand ils ont besoin d’un crédit immobilier, par exemple», a expliqué Alexandre Giros, directeur général de MaFrenchBank.
Quant à Orange Bank, elle mise «sur les produits en adhérence forte avec les telcos, d’après Stéphane Valois, son CEO. Par exemple, l’assurance des smartphones, mais aussi leur financement, qui constituent des ventes croisées générant des revenus élevés pour la banque.» Sans parvenir à enrayer les pertes jusqu’ici.
Objectif Europe
L’international est déjà une réalité pour plusieurs d’entre elles : N26, titulaire d’une licence bancaire européenne, compte 8 millions de clients dans 24 pays européens où elle veut renforcer sa présence, et finalise son implantation au Brésil avec une équipe de cinquante personnes. Qonto est présente en Italie, en Espagne et en Allemagne où elle a racheté son homologue Penta. Forte de ses 350.000 clients, elle vise le million d’ici à 2025.
Nickel avec plus de 3 millions de clients est en Espagne, au Portugal, en Belgique et se lancera cet été en Allemagne. MaFrenchBank vise d’abord le point mort avant d’envisager une installation hors de l’Hexagone tandis qu’Orange Bank se concentre sur la recherche d’un nouvel actionnaire.
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