Le paiement européen à un moment charnière

Le Pay Tech Day organisé hier à Paris était l’occasion de faire le point sur les solutions pour «défragmenter» les paiements européens : instantanéité, euro digital et interconnexion des réseaux de paiement.
Alexandra Oubrier
Denis Beau, premier sous-gouverneur  de la BdF, lors du discours d’ouverture  du Pay Tech Day de France Payments Forum le 16 février 2023
Denis Beau, premier sous-gouverneur de la BdF, lors du discours d’ouverture du Pay Tech Day de France Payments Forum le 16 février 2023.  -  Capture écran BdF.

Le marché européen des paiements va encore connaître des nouveautés très prochainement. Le Pay Tech Day, organisé hier à Paris par le France Payments Forum, a été l’occasion de plusieurs annonces importantes. Sur le virement instantané d’abord : l’European Payments Council prépare un nouveau schéma de virement destiné à faciliter les paiements instantanés lorsque l’une des parties est hors de l’Union européenne ou qu’elle utilise une devise autre que l’euro. Il sera publié en mars pour consultation et les adhésions seront ouvertes en juin. L’objectif est d’aller vers une harmonisation, vers plus d’efficacité et vers une baisse des coûts sur ce type de paiements en croissance continue, comme l’a expliqué Etienne Goosse, directeur général de l’EPC.

Sur la même table ronde, Raphaël Marek, directeur de Swift France, a également rappelé que Swift travaillait à une solution de paiement instantané transfrontalierqui pourra se présenter comme une plateforme reliant les 60 à 80 systèmes de paiement instantané existants, ou bien d’une interconnexion entre ces systèmes de façon bilatérale ou encore en multilatéral. Swift élabore des scénarios assurant l’interopérabilité et l’orchestration de ces flux. La coopérative bancaire suit également la feuille de route du G20 qui vise l’accélération des paiements transfrontaliers et la réduction drastique de leur coût, notamment avec ses offres Swift GPI (à base de correspondent banking) et Swift Go, la version dédiée aux PME, qui devrait s’ouvrir à de nouveaux corridors.

L’euro digital en phase exploratoire

Autre moyen de faciliter l’intégration européenne des paiements, l’euro digital est toujours en phase exploratoire du côté de la Banque centrale européenne, une décision de lancement ou non doit être prise en octobre prochain.

Alors que la Banque de France a mené de nombreuses expérimentations sur des cas d’usage en banque de gros en utilisant plusieurs blockchains, Alexandre Stervinou, directeur adjoint à la direction des infrastructures, de l’innovation et des paiements, a souligné que l’euro digital, s’il est créé, ne serapas forcément fabriqué sur une blockchain. « Ce n’est pas la technologie favorite pour le paiement instantané, les infrastructures Target ou Target 2S marchent bien mieux », a-t-il précisé. Accélération des paiements transfrontaliers ou garantie d’une autonomie stratégique européenne sur sa monnaie, la conception de cet euro numérique dépendra surtout des objectifs qui lui seront assignés. Sans oublier les risques de fuite des dépôts vers la monnaie digitale de banque centrale qui posent problème aux banques commerciales.

Comment pourraient-elles alors assurer le financement de l’économie, comme l’a souligné Pauline Morel, directrice relations institutionnels et études stratégiques chez BPCE. La banque centrale, consciente de ces risques, assure que la distribution de l’euro digital serait attribuée aux banques et autres établissements supervisés. Un séminaire aura lieu la semaine prochaine lors d’une retraite des gouverneurs dans un lieu tenu secret, pour aborder tous ces sujets.

Enfin, autre solution possible pour une intégration européenne des paiements, le Groupement Cartes Bancaires a présenté un plan stratégique pour 2026. Le projet EPI (European Payments Initiative) ayant abandonné son volet carte, la voie s’ouvre de nouveau pour ce pionnier. Son objectif est de reprendre la modernisation technique de ses infrastructures sur les paiements mobiles et digitaux et d’améliorer ses capacités d’intégration afin, selon Philippe Laulanie, directeur général du Groupement, de se positionner d’ici trois ans comme « l’acteur capable de reprendre le flambeau européen de la carte sur une base française consolidée ». Et ainsi d’attirer les autres schemes européens ainsi que les pays qui n’en ont pas pour proposer une offre de paiement 100% made in Europe. Un autre vaste chantier.

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