
La City appelle à réformer la réglementation sur les fintech

Le Covid-19 pousse les consommateurs à repenser l’utilisation de la technologie dans les services financiers. Et pour accompagner ce changement, il est nécessaire, selon TheCityUK, de transformer la réglementation des fintech outre-Manche. Car si le Royaume-Uni s’est illustré parmi les pays pionniers en matière de fintech européenne, il lui faut désormais trouver de nouveaux moyens pour passer à la vitesse supérieure.
Dans un rapport publié début mai avec PA Consulting, le lobby de la City part d’un constat : avec plus de 76.500 salariés et quelque 1.600 entreprises, la fintech britannique est désormais en phase de maturité. Or, les fondamentaux qui avaient garanti son succès initial atteignent aujourd’hui leurs limites. Selon l’organisme, les obtentions d’agrément relèvent parfois du parcours du combattant pour les jeunes pousses de la finance. Un obstacle qui pourrait être levé grâce à une simplification des textes réglementaires et une amélioration de la mise à disposition de ces documents, selon le lobby.
Né en 2016, le concept de «sandbox réglementaire», dont l’objectif est de tester, avec des cohortes d’entreprises des projets en situation réelle dans un environnement contrôlé et sous la surveillance de la FCA, doit aussi évoluer, selon TheCityUK. Certains produits des sociétés de regtech (technologie réglementaire) ne rentreraient ainsi pas dans les critères de ce dispositif, qui en est désormais à sa cinquième édition, note le lobby.
Afin d’en améliorer le fonctionnement, TheCityUK avance l’idée d’une participation à ces «bacs à sable» élargie à d’autres régulateurs et acteurs de l’industrie, créant ainsi une plate-forme de connaissance partagée. Le lobby propose aussi la mise en œuvre d’un système de notations ou d’accréditations pour toutes les fintech, qui informerait clients et établissements financiers sur le statut réglementaire de ces jeunes pousses. A leur tour, les start-up pourraient accéder à un pool de financement plus large.
La diversité des approches réglementaires au niveau mondial constitue parfois un frein pour les fintech britanniques désireuses d’exporter leurs activités à l’étranger, note aussi le lobby. Afin de les aider à mieux s’orienter dans ce maquis réglementaire, TheCityUK propose la poursuite d’une collaboration étroite avec les autres régulateurs mondiaux et la création de guides sur l’environnement réglementaire, fiscal, juridique et culturel des juridictions étrangères.
Annoncée par le Chancelier de l’Echiquier Rishi Sunak en mars, une révision du secteur de la fintech est actuellement à l’étude.
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Munich - Acheter une voiture chinoise sur les Terres de Volkswagen, BMW et Mercedes? «Et pourquoi pas?», sourit la designeuse allemande Tayo Osobu, 59 ans, déambulant dans la vieille ville de Munich, devenue vitrine géante du salon automobile. Venue de Francfort, elle découvre les plus de 700 exposants, dont 14 constructeurs chinois contre 10 européens, qui tentent de séduire le public avec des modèles high-tech dans toutes les gammes de prix. Sur la Ludwigstrasse, deux mondes se font face. D’un côté, le géant chinois BYD, dont les ventes en Europe ont bondi de 250% au premier semestre, expose ses modèles phares, dont l’un, une citadine électrique, se vend à partir de 20.000 euros. De l’autre, Volkswagen, numéro 1 européen en crise, tente de défendre son territoire malgré la chute des livraisons et un plan social historique. Tayo est impressionnée par les finitions des coutures à l’intérieur d’une voiture BYD. Sur la sécurité, aucun doute: «si elles sont vendues ici, c’est qu’elles respectent les normes européennes», répond-t-elle sans hésiter. Qualité au «même niveau» Les marques chinoises maîtrisent une grande partie de leur chaîne de valeur, des batteries électriques aux logiciels embarqués. De plus, elles bénéficient d’une main d'œuvre moins chère et d’économies d'échelle grâce au marché chinois gigantesque. Et fini la réputation de la mauvaise qualité. «Ce qui a changé en cinq ans, c’est qu'à prix inférieur, les Chinois sont désormais au même niveau sur la technologie et la qualité à bien des égards», résume l’expert du secteur Stefan Bratzel. Pour contenir cette offensive, la Commission européenne a ajouté l’an dernier une surtaxe pouvant atteindre 35% sur certaines marques chinoises, en plus des 10% de droits de douane existants. Objectifs visés: protéger l’emploi sur le Vieux continent, limiter la dépendance technologique et préserver l’image des constructeurs européens. Mais BYD contournera bientôt la mesure: sa première usine européenne en Hongrie doit démarrer sa production dès cet hiver. Il est encore «trop tôt» pour parler d’invasion, estime M. Bratzel. Les marques chinoises doivent encore établir «une relation de confiance» avec le public européen, développer des réseaux de concessionnaires et de service après-vente, explique-t-il. Des acheteurs potentiels le disent aussi: «Si on conduit une voiture chinoise, dans quel garage va-t-on en cas de problème?», s’interroge Pamina Lohrmann, allemande de 22 ans, devant le stand Volkswagen où est exposé un ancien modèle de l’iconique Polo. «J’ai grandi avec les marques allemandes, elles me parlent plus», confie cette jeune propriétaire d’une Opel décapotable, dont la famille roule plutôt en «BMW, Porsche ou Mercedes». «Image de marque» L’image des véhicules reste un point faible, mais déjà une certaine clientèle, jeune et technophile, se montre plus ouverte. Cette dernière est convoitée par la marque premium XPeng, lancée en Chine en 2014 : «Nous visons la première vague d’enthousiastes de la technologie», explique son président Brian Gu sur le salon. Loin de baisser les bras, les constructeurs allemands continuent de «renforcer leur image de marque européenne» avec «un héritage» échappant encore aux entrants chinois, explique Matthias Schmidt, un autre expert. Volkswagen a ainsi rebaptisé son futur modèle électrique d’entrée de gamme «ID.Polo», attendu en 2026 autour de 25.000 euros, pour capitaliser sur la notoriété de sa citadine. Et les Européens imitent les Chinois sur l’intégration du numérique, comme le nouveau système d’affichage par projecteur de BMW, et dans la course à la recharge rapide. Ils adoptent aussi les batteries lithium-fer-phosphate (LFP), moins coûteuses, et intègrent de plus en plus de pièces standards chinoises, afin de réduire les coûts et de combler l'écart technologique, note M. Schmidt. «Ce qui compte, c’est que les fonctionnalités et le prix soient convaincants», note Martin Koppenborg, consultant automobile de 65 ans, bravant la pluie sur un stand de BYD, visiblement séduit. Léa PERNELLE © Agence France-Presse