La Banque de France démontre le potentiel d’une monnaie numérique de banque centrale

La BdF a expérimenté les usages interbancaires des MNBC pendant un an.
Alexandra Oubrier

L’euro digital interbancaire existe déjà en laboratoire. Parmi les neuf expérimentations menées depuis l’an dernier par la Banque de France (BdF) avec différents acteurs spécialistes des actifs numériques, sept sont terminées et deux sont toujours en cours : celles avec HSBC et Jura sur les règlements inter-devises. Ces tests sont suffisamment significatifs pour que la banque centrale publie d’ores et déjà son rapport. Une façon de montrer qu’elle prend cette innovation très au sérieux et fera ce qu’il faut pour défendre ses missions : assurer la souveraineté et la stabilité financières, surveiller la liquidité et les risques de crédit. Car si les MNBC apportent des avantages certains au système financier, elles devront aussi s’imposer face aux monnaies numériques privées qui semblent prendre des parts de marché sur celles de banques centrales.

Les expérimentations de MNBC ont touché deux grands cas d’usage : les paiements transfrontiers et multidevises ainsi que le règlement-livraison de titres tokenisés (parts de fonds d’investissement, titre souverain, titre de PME, titre coté, titre supranational). Premier constat, « la banque centrale peut émettre et contrôler l’émission d’une monnaie numérique », indique Nathalie Aufrauvre, directrice générale de la stabilité financière et des opérations de la BdF. Un point fondamental pour la banque centrale. Ensuite, une MNBC apporte des gains d’efficacité car elle constitue l’actif de règlement qui accompagne les échanges d’actifs tokenisés, c’est-à-dire les représentations virtuelles d’actifs financiers sur une blockchain. Surtout, la MNBC rend les échanges quasi instantanés et réduit les coûts : « elle permet de réduire le nombre d’intermédiaires et les besoins de réconciliation à chaque étape, grâce à la traçabilité et à la transparence qu’elle apporte », ajoute Nathalie Aufauvre.

Une MNBC fluidifierait donc les échanges dans le système financier. Mais il reste de nombreux points à explorer, comme la performance et la capacité à absorber de grands volumes de transactions, la résistance en cas de cyberattaque ou encore la consommation énergétique. Se pose également la question de l’interopérabilité entre blockchains utilisées pour différents usages mais aussi la prise en compte d’une MNBC dans la gestion de la masse monétaire ou encore son articulation avec une MNBC de détail. Celle-ci fait d’ailleurs l’objet d’autres travaux supervisés par la Banque centrale européenne.

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