
Vivendi joue en 2023 une grande partie de sa prime spéculative


Le groupe de contenus et de médias Vivendi a publié de bons résultats pour ses principales divisions en 2022, mais son avenir boursier dépend surtout du succès de son rapprochement avec Lagardère et des appétits de son principal actionnaire, Vincent Bolloré.
Les résultats 2022 sont «solides» mais ce qui jouera en 2023 au-delà de l’activité opérationnelle est plus important encore, souligne Barclays. La banque évoque trois dossiers qui pourraient faire progresser la valorisation du groupe contrôlé par Vincent Bolloré au cours des douze prochains mois : le rachat de Lagardère, la «saga» Telecom Italia et une éventuelle montée au capital de la part de Bolloré.
Vivendi n’a pas fait d’annonce sur ces dossiers mais a distillé quelques commentaires qui suffisent à entretenir l’espoir des investisseurs. Le groupe a notamment jugé «constructif» le dialogue avec la Commission européenne au sujet de son projet de rapprochement avec Lagardère et indiqué qu’il ferait ce mois-ci de nouvelles propositions de «remèdes» à Bruxelles.
L’exécutif européen a ouvert à la fin novembre une enquête approfondie sur ce rachat, estimant qu’il risque de nuire à la concurrence dans le secteur de l'édition de livres et dans celui de la presse «people». L’un des griefs de la Commission porte sur le schéma retenu par Vivendi pour se séparer de sa filiale d'édition Editis, à savoir la cession d’une part minoritaire et la distribution-cotation du reste du capital. La Commission préférerait voir une cession pure et simple d’Editis à un concurrent sérieux.
Vivendi semble prêt à faire de nouvelles concessions car il est clair d’après les commentaires du groupe que la priorité est d’obtenir l’approbation des autorités de la concurrence européennes, estiment les analystes de Barclays. La décision de la Commission est attendue d’ici à la fin mai.
Vivendi a pris ses pertes sur TIM
Sur le dossier Telecom Italia (TIM), Vivendi pourrait avoir mangé son pain noir. Le groupe français a comptabilisé une charge exceptionnelle de 1,35 milliard d’euros dans ses comptes de 2022 afin d’aligner la valeur comptable de sa participation dans l’opérateur italien sur le cours de Bourse de ce dernier au 31 décembre.
Le titre TIM a toutefois depuis nettement rebondi, profitant de deux offres d’achat concurrentes pour son réseau fixe. Ces offres ont été déposées par la Caisse des dépôts italienne et le fonds KKR et valoriseraient le réseau fixe de l’opérateur à plus de 20 milliards d’euros, selon plusieurs médias. La concrétisation d’une opération autour de ce montant soutiendrait considérablement le cours du titre et créerait de la valeur pour le principal actionnaire de TIM, Vivendi, soulignent les analystes de Bryan, Garnier & Co. Le groupe détient 23,75% de l’entreprise italienne.
A lire aussi: Bolloré mise sur l’effet (petite) taille pour Vivendi
Annulation d’actions
Plus fondamentale encore pour la valorisation de Vivendi est la possibilité d’une offre d’achat de la part de son principal actionnaire, Bolloré. Le milliardaire détient actuellement 29,6% du capital et pourrait en effet franchir le seuil de 30% en septembre, lorsque Vivendi prévoit d’annuler environ 37 millions d’actions rachetées au cours des deux dernières années.
Deux options s’offriront alors à lui : céder des titres afin de revenir sous le seuil de 30% ou lancer une offre publique d’achat obligatoire sur Vivendi. Pour l’heure, l’homme d’affaires breton n’a pas dévoilé ses intentions. Mais la tentation d’une offre est forte, Vivendi se traitant aujourd’hui avec une décote de 47% sur la valeur nette de ses actifs, selon UBS.
Pour la financer, Bolloré pourrait céder sa participation au capital de Universal Music Group (UMG) qui vaut à elle seule plus de 7 milliards d’euros au cours du marché.
Pour Oddo BHF, l’homme d’affaires pourrait lancer une OPA avant même de franchir mécaniquement le seuil des 30%. «Dans cette perspective, Vivendi reste un titre attractif pour profiter de cette dimension spéculative», ajoute l’intermédiaire financier.
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