
Une entreprise du CAC 40 sur deux compte moins de 30% de femmes dirigeantes

En matière de parité, la mise en conformité des grandes entreprises françaises pourrait se faire in extremis. Un an avant la première échéance prévue par la loi du 24 décembre 2021 visant à accélérer l'égalité économique et professionnelle, dite «loi Rixain», la moitié des entreprises du CAC 40 compte moins de 30% de femmes au sein de leur plus haute instance dirigeante, souligne une étude du Boston Consulting Group (BCG) et Sista, un collectif de femmes entrepreneures, dirigeantes et investisseuses.
Pour rappel, à partir de mars 2026, les instances de direction des grandes entreprises françaises devront compter au minimum 30% de femmes. Un taux relevé à 40% dès 2030. Sur l’ensemble du CAC 40, la part moyenne de femmes dans les comités de direction s’élève aujourd’hui à 28%, en hausse de cinq points en trois ans. Pour le SBF 120, la proportion est en revanche plus faible, à 26,7%, avec d’importantes différences selon les secteurs d’activité.
L’industrie et les nouvelles technologies affichent des taux proches de 20% alors que le luxe, la distribution, l’immobilier ou l’hôtellerie-restauration sont déjà au-delà de 30%. Le secteur financier fait plutôt figure de bon élève avec une part de 35%.
Avec un peu plus d’un an devant elles, les entreprises devraient atteindre leur objectif. Cependant, certaines pratiques utilisées jusqu’ici posent déjà questions. En effet, l’étude met en avant une tendance récente au sein des comités de direction : l’élargissement des équipes. Concrètement, depuis la promulgation de la loi Rixain, une entreprise sur deux du CAC 40 a augmenté la taille de son comité de direction. En moyenne, il compte 1,8 membre supplémentaire pour un total de 13 membres. Si cette méthode profite aux femmes, elle permet surtout d’atteindre une parité sur le papier.
«Cette hausse de la féminisation au sein des comex est en trompe-l'œil et doit être nuancée à la lumière des pratiques d'élargissement des comex adoptées par certaines entreprises. En ajoutant de nouveaux membres, ces entreprises peuvent atteindre des objectifs de parité sans nécessairement promouvoir les femmes à des postes clés» commente Sanae Aouni, directrice associée au BCG.
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Une division sexuée du travail
Les femmes sont effectivement sous-représentées dans les postes clés, les plus susceptibles de jouer un rôle de tremplin vers une nomination à la direction générale des entreprises. Ainsi, seulement 13% des directeurs financiers, 15% des directeurs de région et 22% des directeurs des opérations sont des femmes, alors qu’elles sont surreprésentées au sein des fonctions de directrics marketing, directrice des ressources humaines ou encore directrice RSE qui mènent rarement au poste de direction suprême.
Selon l'étude de BCG, aucun des directeurs généraux du SBF 120 n’occupait précédemment un poste de directeur RSE, 3% étaient directeur marketing et 2% DRH. A l’inverse, 53% d’entre eux occupaient la fonction de directeur de division, 22% étaient directeurs des opérations et 13% directeurs financiers. «On observe encore une répartition genrée des postes de direction, influencée par des stéréotypes et des injonctions sociétales persistants. Ces facteurs limitent l’accès des femmes à certains rôles stratégiques et les cantonnent à des positions perçues comme plus traditionnellement féminines (…)», souligne Alexia Reiss, déléguée générale de Sista. Les femmes devront encore jouer des coudes pour briser ce plafond de verre.
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