
Un vol de métaux pénalise à nouveau le premier producteur européen de cuivre

Les contrôles accrus promis en juin par Aurubis pour mieux surveiller ses stocks de métaux n’ont manifestement pas produit les effets espérés. Trois semaines après avoir confirmé ses objectifs annuels, le premier producteur européen de cuivre a été contraint de les retirer jeudi soir après la découverte d’irrégularités dans ses stocks.
«Lors d’un examen programmé des stocks de métaux, Aurubis a identifié des écarts considérables dans les stocks théoriques ainsi que dans des échantillons individuels provenant d’expéditions spécifiques d’intrants utilisés pour le recyclage», a déclaré l’entreprise allemande dans son communiqué. Le bureau des enquêtes criminelles de la ville-Etat de Hambourg a été saisi et Aurubis a entamé un inventaire spécial de ses réserves de métaux.
Une partie importante du cuivre traité par le groupe provient en effet de vieux câbles, tuyaux et circuits électroniques achetés à des parties tierces, mais également de matières premières issues des chutes de production. Si les dommages causés par cette découverte ne peuvent être calculés de manière certaine à ce stade, ils pourraient se situer «dans une fourchette basse à trois chiffres en millions d’euros», selon le groupe qui a abandonné sa prévision d’un bénéfice avant impôts compris entre 450 millions et 550 millions d’euros pour son exercice finissant le 30 septembre 2023.
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Des mandats d’arrêt obtenus lors d’une précédente affaire
Au début de l’été, Aurubis, qui produit environ 1,2 million de tonnes de cuivre par an et emploie plus de 7.000 personnes, avait révélé l’existence d’une enquête du ministère public de Hambourg mettant en cause des salariés et des sous-traitants de l’entreprise pour vol organisé. La justice avait alors obtenu des mandats d’arrêt pour un montant volé supérieur à 20 millions d’euros. «Il est trop tôt pour savoir si les deux affaires sont liées», a affirmé Angela Seidler, responsable de la communication du groupe. «C’est un incident très sérieux, mais ses effets seront absorbés d’ici à la fin de l’exercice en cours et cela n’aura pas de conséquence sur nos projets de développement ou nos priorités stratégiques», a ajouté celle-ci.
Estimant que ces nouveaux problèmes, impliquant certains fournisseurs, sont susceptibles de déboucher sur une réduction de la valeur des stocks du groupe représentant environ 3% de sa capitalisation boursière, les analystes de Morgan Stanley ajoutent que «la perte de confiance des investisseurs envers la société pourrait avoir un impact plus important». Après avoir cédé jusqu’à 17,5% dans la matinée de vendredi, l’action a clôturé en repli de 6,1% à 71,82 euros à Francfort, faisant ressortir une capitalisation boursière de 3,23 milliards d’euros.
Salzgitter fait figure de victime collatérale
L’annonce d’Aurubis affecte par ricochet son compatriote Salzgitter qui contrôle près de 30% du capital du producteur de cuivre. Mise en équivalence, cette participation «a une influence directe sur les résultats annuels du groupe Salzgitter», a fait savoir vendredi le sidérurgiste dans un communiqué, ajoutant qu’il suspendait sa prévision de résultat pour l’exercice 2023 et que son directoire ajusterait ultérieurement celle-ci lorsque des indications financières plus précises seront fournies par Aurubis, vraisemblablement fin septembre. L’action de l’aciériste a terminé la séance en hausse de 1% à 27,46 euros après avoir perdu jusqu’à 5%.
La recrudescence des vols de cuivre et de nickel affectant plusieurs secteurs d’activité comme le BTP ou le négoce de matières premières témoigne du rôle clé de ces deux métaux dans la transition énergétique à l’échelle mondiale. En février dernier, Trafigura dévoilait une perte de 580 millions de dollars découlant d’un système d’escroquerie sur le nickel. Des conteneurs achetés par le groupe de négoce helvético-singapourien à l’homme d’affaires indien Prateek Gupta étaient soit vides, soit remplis de métal de moindre qualité. Un mois plus tard, la Bourse des métaux de Londres (LME) a par ailleurs déclaré que certains sacs stockés dans un entrepôt portuaire de Rotterdam et censés contenir du nickel pur pour une valeur d’environ 1,3 million de dollars, étaient en fait remplis de simples cailloux.
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