
Total accélère sa mutation vers les énergies renouvelables

Total s’est récemment engagé à mettre les bouchées doubles pour mettre en œuvre sa transition énergétique. Il a annoncé hier de nouvelles opérations qui lui permettent d’améliorer sa position concurrentielle sur le marché des énergies renouvelables. Le groupe français a pris à cet effet une participation minoritaire de 20% au capital de la société indienne Adani Green Energy Limited (AGEL), tout en acquérant 50% d’un portefeuille solaire détenu par cette entreprise. Et ce même si la maison mère d’AGEL, Adani Entreprises, est à l’origine du très controversé projet de mine de charbon Carmichael en Australie, via son entité Bravus mining resources.
Le montant cumulé des deux transactions s’élève à 2,5 milliards de dollars (2,07 milliards d’euros) et Total «disposera d’un siège au conseil d’administration d’AGEL». Le groupe d’hydrocarbures élargit ainsi le partenariat stratégique qu’il a noué en 2018 avec Adani, le plus important conglomérat privé indien spécialisé dans l’énergie et les infrastructures.
Un leader mondial du développement de centrales solaires
Cette coopération concerne les investissements dans les terminaux de gaz naturel liquéfié(GNL), la distribution gazière et les énergies vertes. Les deux groupes ont ainsi créé une coentreprise afin de déployer un réseau de stations-service sur les principaux axes routiers indiens. AGEL, filiale créée en 2015, détient le plus grand projet de site solaire au monde situé à Kamuthi, dans l’Etat de Tamil Nadu. Le cabinet de conseil Mercom Capital a classé la société au premier rang mondial des développeurs de centrales solaires. AGEL dispose d’une capacité renouvelable contractée de plus de 14,6 gigawatts (GW) comprenant 3 GW en opération, 3 GW en construction et 8,6 GW en cours de développement. Son objectif est d’avoir à l’horizon 2025 une capacité de production de 25 GW émanant de sources renouvelables. De son côté, le gouvernement indien s’est fixé comme objectif de parvenir en 2030 à une capacité électrique de 450 GW à partir de sources renouvelables pour l’ensemble du pays.
A la fin de l’an dernier, le groupe français disposait d’une capacité électrique brute d’environ 12 GW, dont 58% provenait de sources renouvelables. La nouvelle étape franchie avec son partenaire indien conforte donc son ambition de parvenir à 35 GW de capacités renouvelables d’ici à 5 ans et d’augmenter ces dernières de 10 GW par an par la suite. «Compte tenu de la taille de son marché, l’Inde est le pays privilégié pour mettre en œuvre notre stratégie de transition énergétique basée sur les deux piliers que sont les renouvelables et le gaz naturel», a commenté son PDG, Patrick Pouyanné.
Décarbonation du portefeuille
En parallèle, Total poursuit la concentration de son portefeuille d’activités dans les hydrocarbures en cédant sa participation de 10% dans un gisement pétrolier à la société nigériane TNOG Oil & Gaz pour environ 180 millions de dollars. Sur ce montant global, il a précisé hier qu’environ 150 millions de dollars ont été réglés à la clôture de la transaction, le solde faisant l’objet de paiements différés. Ce bloc, nommé OML 17, a produit l’an dernier au Nigeria 2.500 barils équivalent pétrole par jour pour la quote-part de Total. Depuis 2010, le groupe a cédé ses parts dans 12 blocs terrestres à des sociétés locales, répondant ainsi à l’objectif du gouvernement nigérian de consolider la position d’entreprises nationales dans ce secteur. Dans ses activités aval, Total exploite par ailleurs un réseau de distribution d’environ 580 stations-service au Nigeria.
«Compte tenu des multiples de valorisation aujourd’hui supérieurs dans les activités renouvelables à ceux du pétrole et gaz, la poursuite de la stratégie de décarbonationdu portefeuille devrait entraîner un revalorisation du titre», avance le bureau d’analyse d’Oddo BHF. La semaine dernière, le groupe a annoncé l’acquisition de Fonroche Biogaz, société française spécialisé dans la production de gaz renouvelables grâce à des unités de méthanisation. Il s’est associé à Engie en vue de concevoir, construire et exploiter à partir de 2024 un site de production d’hydrogène renouvelable dans le sud de la France. Après avoir constaté des divergences d’opinion sur des questions climatiques (émissions de méthane, tarification du carbone…), il a également décidé de se retirer de la fédération professionnelle American Petroleum Institute (API).
«Même avec des investissements nets d’un montant minimal de 12 milliards de dollars cette année, nous estimons que Total a besoin d’un prix du pétrole d’environ 50 dollars le baril pour équilibrer ses comptes de manière organique en 2021», nuancent néanmoins les analystes de Credit Suisse. L’action a clôturé en recul de 0,31% à 36,98 euros.
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L'inquiétante prolifération d'armes à blanc converties pour être létales sur le marché criminel européen
Paris - Lors de la tentaculaire opération Conversus fin 2021, plus de 1.500 pistolets à gaz et d’alarme sont saisis par les polices européennes. Nouveau coup de filet en avril 2024, portant cette fois sur 500 de ces armes factices souvent en vente libre qui, transformées, s’avèrent létales. Leur trafic représente «une menace sérieuse», selon Europol. Du conjoint éconduit au braqueur d'épicerie jusqu’au narcotrafiquant, elles prolifèrent, transformées ou non, tant dans des affaires de petite délinquance que de crime organisé en France comme ailleurs en Europe, en partie grâce au flou réglementaire. Un type se démarque dans la famille très diverse des armes convertibles: les pistolets de signalisation, utilisés par les plaisanciers, et d’alarme conçus pour dissuader, prisés au cinéma pour leur bruit fort simulant un coup de feu. Accessibles pour moins d’une centaine d’euros, ils sont devenus «extrêmement populaires auprès des criminels», alerte régulièrement Europol. Leur conversion en armes à feu est «très facile» et le sera plus encore avec l’intelligence artificielle, prédit l’agence européenne. Souvent des répliques très réalistes, elles sont conçues pour tirer uniquement des munitions à blanc ou irritantes comme du gaz au poivre. Europol estime auprès de l’AFP que les armes d’alerte et de signalisation (AAS) converties «pourraient encore représenter près de la moitié de toutes les armes illégales saisies». Elles figuraient parmi les trois types d’armes à feu les plus saisis au Danemark en 2019. En Suède, elles représentaient 30% des armes saisies et 10% des tirs enregistrés, aux Pays-Bas environ 40% des saisies. La conversion des AAS continue de constituer «une menace sérieuse», et «les criminels exploitent certains divergences juridiques» d’un pays à l’autre, «ce qui entraîne la diversion de ces armes vers les marchés illicites», explique Europol. Opération Bosphore Le trafic a débuté dès les années 1990, avant d’attirer l’attention à la suite de l’attaque de l’Hyper Cacher à Paris en janvier 2015. Amedy Coulibaly possédait en effet des armes acoustiques réactivées. Si moins d’armes de ce type entrent sur le marché illicite, «le problème persiste pour les pistolets d’alarme», explique à l’AFP Nicolas Florquin du centre de réflexion basé en Suisse Small Arms Survey. Dès 2016, l’opération Bosphore, coordonnée par la Roumanie, traquait déjà les pistolets d’alarme et à gaz de manufacture turque qui entraient par la Bulgarie avant d'être acheminés ailleurs en Europe par voie postale notamment. Durant cette décennie, des modèles turcs aisément modifiables inondent le marché. Ils sont usinés dans un matériau qui supporte la pression d’une munition à balle, et l’obturateur censé empêcher le passage du projectile se retire relativement aisément. En 2019, la Turquie a renforcé ses standards de production afin d’empêcher les modifications, l’UE ses réglementations et vient d’adopter début 2025 de nouvelles règles pour les AAS, qui seront soumises à des autorisations d’importation à compter de février 2029. Mais «le problème de temps entre la réglementation et la mise en œuvre au niveau national persiste. Ça peut prendre quelques années, selon les pays», relève Nicolas Florquin. Certains Etats, dont la France en 2024 mais aussi les Pays-Bas, le Portugal et la Suède, ont déjà classé les AAS comme des armes à feu, soumises à autorisation ou déclaration. En France, les ventes de pistolets d’alarme se sont depuis «complètement arrêtées», dit à l’AFP Yves Gollety, président de la chambre syndicale des armuriers. Quant aux flux, «les filières d'écoulement ne se font pas à échelle industrielle», relève M. Florquin. Les expertises menées par les laboratoires, comme ceux du service national de police scientifique (SNPS) en France, permettent de les remonter. La filière turque «est identifiée», confirme Julien Ducouret, chef de la section balistique du laboratoire de Lille, «des enquêtes sont en cours sur ces réseaux-là» et «les armes ne sont pas forcément transformées sur le territoire». En décembre dernier par exemple, la direction de la lutte contre la criminalité organisée de Bulgarie annonçait deux interpellations dans un entrepôt-atelier. Sur place, «la plupart des armes», dont 244 pistolets, «avaient été converties d’armes à gaz en armes de guerre». Les douanes bulgares signalent que la plupart des saisies 2024 ont eu lieu à la frontière avec la Turquie. Repeints en noir «Un problème majeur des armes fabriquées illégalement en Turquie est leur piètre qualité», dit le rapport des douanes bulgares, ajoutant que «la Turquie produit aussi des répliques de marques sans licence ni certificat de conformité. On estime qu’environ 30% de cette production est vendue sur le marché européen», notamment en Grande-Bretagne. Là, les pistolets d’alarme permettent de contourner des lois particulièrement strictes, et pour les jeunes criminels d’assoir leur réputation dans un marché de la drogue très concurrentiel, où il faut une arme. Certains pistolets à blanc turcs y sont vendus avec «au moins 50% de leur surface visible peinte en couleur vive, mais les criminels les peignent en noir afin qu’ils ressemblent à une arme à usage létal d’origine», détaillait début septembre l’Agence britannique de lutte contre le crime (NCA). Une amnistie sera lancée en février 2026 en Angleterre et au Pays de Galles pour cinq modèles, notamment des Bruni italiens, dont des tests ont montré qu’ils pouvaient être transformés à l’aide d’outils de bricolage courants. Quatre premiers modèles de pistolets d’alarme, turcs, ont été couverts par une amnistie cette année. En quatre semaines, 3.000 ont été remis aux autorités. Anne-Sophie LABADIE © Agence France-Presse -
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