Total met les bouchées doubles dans le gaz naturel liquéfié

Le pétrolier a annoncé un investissement de 500 millions de dollars en Louisiane et un contrat de fourniture avec Guanghui Energy en Chine.
Yves-Marc Le Réour

Les accords signés hier par Total dans le gaz naturel liquéfié (GNL) aux Etats-Unis et en Chine renforceront la présence du pétrolier français sur ce segment de marché en forte croissance. Outre-Atlantique, il va approfondir son partenariat avec le groupe texan Tellurian en investissant 500 millions de dollars (445 millions d’euros) afin de développer le projet Driftwood LNG, situé en Louisiane et mené par le groupe américain. Total achètera également 1,5 million de tonnes de gaz par an à son partenaire grâce à un contrat de fourniture d’une durée minimale de 15 ans, plus 1 million de tonnes par an émanant du projet Driftwood.

En parallèle, il va accroître sa participation dans Tellurian en acquérant environ 20 millions d’actions ordinaires pour 200 millions de dollars, après avoir déjà investi 207 millions de dollars à son capital en 2017. A l’issue de cette opération, Total détiendra environ 27% du capital de Tellurian, selon des données compilées par Bloomberg. L’entrée en vigueur de l’ensemble de ces dispositions est soumise aux autorisations réglementaires et à la décision d’investissement finale, attendue avant fin juin, sur la première phase de ce projet GNL intégré. Celui-ci comprend la construction de gazoducs à partir de zones de production de gaz au Texas et une usine de liquéfaction.

«En tant que partenaire stratégique de Tellurian, nous voulons poursuivre nos investissements dans cette société et devenir un investisseur et un client de Driftwood LNG», a expliqué Patrick Pouyanné, PDG de Total, en soulignant que ce projet, d’un montant global estimé à 28 milliards de dollars, «tire parti de la baisse des coûts de production et des prix du gaz aux Etats-Unis». Les acheteurs chinois pourront prendre une participation dans ce projet lorsqu’un nouvel accord de libre échange sino-américain aura été signé, a précisé le PDG, ajoutant que le gaz naturel «est l’une des meilleures façons de réduire le déficit commercial des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine».

Dans l’empire du Milieu, le pétrolier français a signé avec le groupe gazier indépendant Guanghui Energy un contrat de vente et d’achat prévoyant la fourniture de 0,7 million de tonnes de GNL par an durant dix ans. L’approvisionnement du terminal de regazéification de Guanghui, à Qidong, dans la province du Jiangsu, proviendra du portefeuille GNL mondial de Total. Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé. «Ce nouveau contrat de fourniture s’inscrit dans la stratégie de consolidation des positions de Total sur le marché chinois du GNL, qui a enregistré une croissance de 41% en 2018 et continuera de tirer la demande mondiale dans les années à venir», a commenté Laurent Vivier, directeur Gaz de Total.

Le prix du GNL en Asie a chuté de 49% sur le trimestre écoulé en raison d’un hiver clément et de la mise en production de nouvelles capacités. A l’occasion d’une conférence sur le GNL qui se tient du 1er au 5 avril à Shanghai, les acteurs du secteur se sont accordés sur le fait que la poursuite de la croissance de la demande supposait le maintien de prix compétitifs par rapport à des sources d’énergie plus polluantes comme le charbon. «La Chine devra prendre des mesures permettant de réduire les coûts de transport et de stockage du GNL», a déclaré Zhang Jianhua, président de l’Agence nationale de l’Energie, en soulignant que les trois grandes compagnies d’hydrocarbures du pays privilégieront les importations de GNL à bas coût.

Avec une part de marché mondiale de 10%, Total se présente comme le deuxième groupe d’hydrocarbures privé dans le GNL. Il table sur une hausse de 5% par an de la demande sur la période 2015-2030. Le premier producteur de GNL est la compagnie publique Qatar Petroleum.

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