
Six pétroliers et gaziers européens appellent à agir sur le prix du carbone

Face à la menace que représente le changement climatique, les grandes compagnies pétrolières et gazières européennes veulent être une partie de la solution. Dans une tribune cosignée par leurs dirigeants et dans une lettre adressée à la secrétaire exécutive de la CCNUCC et au président de la COP21, BG Group, BP, Eni, Shell, Statoil et Total appellent à miser sur le gaz pour réduire les émissions de CO2.
«Bien sûr, on fait un plaidoyer pour le gaz (...) parce que c’est notre business, reconnaît Patrick Pouyanné, directeur général de Total. Mais je crois profondément qu’on ne fera des progrès en matière d'écologie que si ça fait du sens sur le plan économique. Aucun acteur rationnel n’investit que pour l'écologie».
Sur ce marché du gaz, Total espère hisser sa fourniture de gaz naturel liquéfié (GNL) à 33 millions de tonnes par an en 2020, contre 19 millions à l’heure actuelle. Mais le marché mondial du gaz dans son ensemble est à la peine; il n’ a progressé que de 1,1% en 2014 selon les premières estimations établies par Cedigaz. La croissance de la demande a nettement ralenti en Chine (+8% contre +16% par an en moyenne sur la période 2008-2013), tandis que la consommation de gaz naturel a considérablement fléchi en Europe (-10%). Le prix moyen du gaz en Europe est passé de 11,8 dollars par million de BTU (British Terma Unit) en 2013 à 10,1 l’an dernier.
Afin de ménager une place au gaz, qui émet selon Total environ deux fois moins de CO2 que le charbon dans la génération d'électricité, ces majors aspirent à ce que «la conférence sur le climat débouche sur des mécanismes de tarification du carbone s’appliquant dans tous les pays du globe». Pour permettre cette substitution du gaz au charbon dans la production d'électricité en Europe, Patrick Pouyanné estime que le prix du CO2 devrait passer sur le Vieux Continent de 7 euros à près de 40 euros la tonne.
Les Etats auront leur rôle à jouer, assurent les industriels, en instaurant et en reliant à terme les différents systèmes nationaux de tarification du carbone au travers de cadres réglementaires transparents et stables. Le patron de Total juge toutefois utopique l’instauration d’un prix unique du CO2 au niveau mondial. Ce sujet sera abordé lors du Congrès mondial du gaz qui s’ouvre ce mardi Porte de Versailles à Paris.
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