
Renault se réorganise en cinq pôles

Renault a lancé mardi «Révolution», la troisième phase de son plan stratégique «Renaulution» présenté en janvier 2021, qui doit lui permettre de devenir un constructeur automobile de «prochaine génération» et d’atteindre une marge opérationnelle supérieure à 10% en 2030.
«Jusqu'à présent, les constructeurs automobiles évoluaient dans un environnement caractérisé par une technologie de moteurs à combustion thermique mature et des attentes stables des clients», a expliqué Renault dans un communiqué. «Les transformations en cours qui remodèlent l’industrie automobile entraînent l'émergence de nouvelles chaînes de valeur : véhicules électriques, software -logiciels -, nouveaux services de mobilité et économie circulaire», a ajouté le groupe piloté par Luca de Meo.
Dans ce contexte, Renault a mis en place une nouvelle organisation en créant cinq divisions caractérisées par des équipes, des technologies, des organes de gouvernance et des comptes de résultat dédiés : Ampere, Power, Alpine, Mobilize et The Future Is Neutral.
Vers une introduction en Bourse d’Ampere
Selon cette nouvelle organisation, Ampere regroupera les activités liées aux véhicules électriques et aux logiciels de Renault. Le constructeur automobile envisage d’ouvrir le capital de cette structure à de potentiels investisseurs stratégiques par le biais d’une introduction en Bourse sur Euronext Paris, qui serait réalisée au plus tôt au second semestre de 2023. Renault compte toutefois conserver le contrôle d’Ampere.
Power réunira le coeur de métier du constructeur automobile en continuant à développer des véhicules thermiques et hybrides à faibles émissions sous les marques Renault, Dacia et Renault LCV (véhicules utilitaires légers). Cette division sera renforcée par le projet «Horse», préparant la création d’une coentreprise qui sera détenue à parité par Renault et le constructeur automobile chinois Geely. Cette coentreprise prendrait la forme d’un équipementier automobile réalisant un chiffre d’affaires de 15 milliards d’euros dès sa constitution, grâce à un outil industriel composé de 17 usines. Renault déconsoliderait cette activité de son périmètre et de ses états financiers à compter du second semestre de l’année prochaine.
Alpine deviendra une marque exclusive, zéro-émission et porte-étendard du groupe dans le sport automobile. La division Mobilize adressera le marché des nouvelles mobilités, de l'énergie et des services de données, tandis que The Future Is Neutral sera l’entité dédiée à l'économie circulaire du constructeur.
Le dividende fera son retour en 2023
Grâce à cette nouvelle organisation, Renault est en mesure de viser une marge opérationnelle supérieure à 8% en 2025, puis dépassant 10% en 2030. Le groupe au losange prévoit également un flux de trésorerie disponible de plus de 2 milliards d’euros par an en moyenne entre 2023 et 2025, puis excédant 3 milliards d’euros par an en moyenne entre 2026 et 2030.
En outre, le constructeur automobile ambitionne d’atteindre un rendement des capitaux utilisés supérieur à 30% dès 2025. Entre 2022 et 2030, ses dépenses d’investissement et de recherche & développement ne devraient pas excéder 8% du chiffre d’affaires.
Pour l’exercice 2022, le groupe a confirmé ses objectifs d’un taux de marge opérationnelle supérieur à 5% et d’un flux de trésorerie opérationnel de l’automobile de plus de 1,5 milliard d’euros.
Confiants dans l’avenir, les dirigeants de Renault prévoient de rétablir le paiement d’un dividende dès l’année prochaine, au titre de l’exercice 2022. «Le taux de distribution augmentera progressivement et de façon disciplinée jusqu'à 35% du résultat net part du groupe, à moyen terme», a précisé l’entreprise. Pour ce faire, le groupe devra atteindre sa priorité «qui est de revenir à une notation financière ‘investment grade’», c’est-à-dire de ‘catégorie investissement’, a complété l’industriel.
Renault n’a plus versé de dividende depuis 2019, au titre de l’exercice 2018. Son montant s'élevait à 3,55 euros par titre.
Le marché attend un remodelage de l’alliance avec Nissan
Renault réunissait les investisseurs mardi à partir de 9h00 pour un «Capital Market Day», afin de présenter cette mise à jour de sa stratégie et des objectifs financiers à moyen terme de son plan «Renaulution». La communauté financière pourrait profiter de cette occasion pour interroger les dirigeants du constructeur tricolore au sujet de l'évolution attendue de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi.
Il y a un mois, Renault et Nissan ont annoncé discuter de nouvelles initiatives destinées à renforcer «la coopération et l’avenir» de leur alliance, vieille plus de deux décennies. Les partenaires ont indiqué étudier un ensemble d’initiatives stratégiques communes à travers les marchés, les produits et les technologies, tout en discutant d’améliorations structurelles vouées à assurer la durabilité des opérations et de la gouvernance de l’Alliance.
Renault et Nissan ont prévu d’examiner et de voter leur accord à la mi-novembre, lors d’une rencontre entre les dirigeants des deux constructeurs automobiles au Japon, ont indiqué la semaine dernière des personnes proches du dossier au Wall Street Journal. Seule certitude : Nissan et Mitsubishi prévoient de soutenir le plan «Renaulution» de Renault en investissant dans Ampere.
Repli du titre
Après ces annonces, l’action Renault reculait de 2,5% en Bourse mardi en milieu de journée. Les objectifs financiers «ambitieux» établis par le constructeur automobile «soulèvent davantage de questions», selon RBC Capital Markets. L’intermédiaire financier s’interroge : «Dans quelle mesure Ampere est indépendant de Power, sachant que ces deux divisions partagent certaines opérations ?». «Nous pouvons nous demander si Renault n’essaie pas tout simplement d’attribuer un multiple de valorisation à une activité - Ampere - qui n’est pas vraiment séparable» du reste de ses activités, suggère RBC Capital Markets. Le courtier peine également à comprendre comment Ampere pourra atteindre le seuil de rentabilité en 2025, dans un contexte d’inflation des coûts des batteries.
Plus d'articles Automobile
-
La justice européenne inflige un revers significatif à Mercedes-Benz
Les propriétaires de véhicules diesel du constructeur allemand pourront réclamer des indemnités s’ils s’estiment lésés par un dispositif antipollution à «fenêtres thermiques». -
Bruxelles réserve un accueil favorable aux carburants de synthèse
La Commission européenne songe à autoriser à partir de 2035 la vente de véhicules neufs utilisant ces carburants neutres en carbone. -
Le gel des actifs russes de Volkswagen complique ses projets de cession
Un tribunal arbitral russe a jugé recevable la plainte pour rupture de contrat déposée par le constructeur automobile GAZ, ex-partenaire du groupe allemand.
Contenu de nos partenaires
Les plus lus de
- La Société Générale présente sa nouvelle direction autour de Slawomir Krupa
- Credit Suisse entraîne le secteur bancaire européen dans sa chute
- Les actions chutent avec les banques américaines
- L’électrochoc SVB met la finance sous tension
- Credit Suisse, trois ans de descente aux enfers
- Les gérants prennent la mesure de la persistance de l’inflation
- Silicon Valley Bank : la chute éclair de la banque des start-up
- Slawomir Krupa sort la Société Générale du brouillard
- Chute de SVB : les Etats-Unis garantissent les dépôts et HSBC rachète les actifs anglais
-
Code pénal
Gilets jaunes: les délinquants, les criminels et leurs complices
Black bloc ou « simple manifestant », agissant à froid ou emporté par l’excitation collective, peu importe : les faits commis sur les Champs-Élysées relèvent du Code pénal. Taguer ou détruire du mobilier urbain fait de vous un délinquant. Voler des marchandises après avoir cassé une vitrine fait de vous un délinquant. Caillasser un fourgon de police ou tabasser un gendarme à terre fait de vous un délinquant. Mettre le feu à un kiosque ou un restaurant fait de vous un délinquant. Incendier une banque fait de vous un délinquant – et même un criminel, si les flammes ont été allumées sans se préoccuper de savoir si l’immeuble était vide de ses occupants. -
Exaspération
«Les Gilets jaunes mettent l’économie à genou»
« Les Français ne consomment plus, ils ne vont plus dans les centres-villes », déplore le président des Chambres de métier et de l’artisanat -
Signaux faibles
Gilets jaunes et violences: les lacunes de la surveillance des réseaux sociaux
Le ministre de l’Intérieur se disait, dès vendredi, en alerte sur la mobilisation de manifestants ultra-violents. Faute d’utilisation appropriée des outils numériques, cela n’a pas empêché ces derniers d’agir et de mettre les Champs-Elysées à sac.