
Proxinvest fustige la dilution des minoritaires par les droits de vote double

Cette année, la participation (en droits de vote) aux assemblées générales (AG) a atteint un record de 68,9% dans le CAC 40, mais a reculé de près de 4 points à 73,1% dans le CAC All Tradable, selon le rapport 2018 de Proxinvest sur les AG. Une évolution qui s’explique par le renforcement du poids de l’actionnaire de référence dans le CAC 40 (avec les droits de vote double), mais pas dans les autres indices.
La contestation (moins de 80% d’approbation) touche un plus haut à 5,8%, contre 1,3% en 1998, et atteint 6,21% dans le CAC 40, voire 10,40% pour les seuls minoritaires selon l’estimation de Proxinvest. Elle concerne surtout les dispositifs anti-OPA. Pourtant, seules 59 résolutions ont été rejetées (contre 85 en 2017), dont les deux tiers concernaient des augmentations de capital. Mais sans le droit de vote double, 34 autres résolutions auraient dû être rejetées, souligne le proxy, constatant qu’un actionnaire au porteur a été dilué en moyenne de 25% sur les 13 sociétés du SBF 120 disposant du droit de vote double à la suite de la loi Florange.
Autre déception de Proxinvest, seules 20 résolutions externes ont été déposées en 2018, provenant soit des salariés (sur le dividende), soit de minoritaires et d’activistes (sur la composition du conseil).
Les rémunérations des dirigeants ont été largement approuvées par les actionnaires, mais pas par Proxinvest, avec des taux respectifs de 91,9% et 30,67% pour la politique de vote, et de 92,8% et 40,4% pour le vote ex-post dans le CAC All Tradable. Néanmoins la rémunération ex-post de cinq patrons du SBF 120 (chez Teleperformance, Renault, Vinci, Technicolor et Atos) a été approuvée à moins de 58%, voire de justesse à 50,2% pour Paulo César Salles Vasques, directeur général de Teleperformance. Etant une société européenne (SE), Teleperformance ne comptabilise pas les abstentions. Si elles l’avaient été, comme dans une société anonyme, la résolution aurait été rejetée, rappelle le proxy.
Au-delà des 13 millions d’euros de rémunération de Carlos Ghosn, PDG de Renault, Proxinvest souligne l’effort de transparence du groupe qui détaille les critères du bonus annuel. Mais ils s’avèrent peu exigeants. L’objectif maximum de deux des trois critères (le retour sur capitaux (RoE) et cash-flow libre) du bonus annuel a toujours été largement dépassé depuis 2011. Néanmoins, Proxinvest a approuvé la baisse de la rémunération de Carlos Ghosn pour 2018.
Proxinvest a aussi dévoilé hier les nouvelles évolutions de sa politique de vote. Pour les sociétés faisant l’objet de réserves répétées des commissaires aux comptes, le proxy considère que les administrateurs ont manqué à leurs devoirs et pourra s’opposer à leur renouvellement. Sont notamment dans son collimateur, Atari et Montagne et Neige Développement (MND). Pour les petites capitalisations dont le flottant est inférieur à 40%, Proxinvest sera moins sévère et ne s’opposera aux autorisations de réduction de capital que si la société a annulé un nombre conséquent d’actions sur les derniers exercices. En revanche, il s’opposera aux indemnités de départ ou de non-concurrence s’il n’est pas prévu que le versement soit exclu quand le dirigeant fait valoir ses droits à la retraite ou à plus de 65 ans.
L’agence de conseil en vote demande que tous les administrateurs soient rémunérés et s’opposera aux enveloppes de jetons de présence de 0 euro. Pour les PME, il fixe une rémunération maximale acceptable de 20.000 euros pour un administrateur indépendant. Enfin, Proxinvest détaille précisément ses exigences (61 critères !) en matière de rémunération des dirigeants. De plus, il s’opposera à toute dégradation de la politique de rémunération par rapport à celle de l’année précédente.
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Liberté d'expression au Royaume-Uni: Tommy Robinson, figure de l'extrême droite, mobilise les foules
Londres - Des dizaines de milliers de personnes sont attendues samedi à Londres à l’appel de Tommy Robinson, figure de l’extrême droite britannique, pour ce qu’il présente comme un rassemblement «pour la liberté d’expression», sujet qui agite le débat public au Royaume-Uni. Ce rendez-vous intervient après un été marqué par des manifestations anti-immigration devant des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile, largement relayées sur les réseaux sociaux par l’activiste. Une contre-manifestation à l’initiative d’une organisation antiraciste, Stand Up To Racism UK, doit se dérouler samedi au même moment à la mi-journée, dans le centre de la capitale britannique. La police de Londres a indiqué qu’elle mobiliserait quelque 1.000 agents pour garantir que «les deux manifestations se déroulent pacifiquement». Tommy Robinson, 42 ans, de son vrai nom Stephen Yaxley-Lennon, est le fondateur de l’ex-groupuscule English Defence League (Ligue de défense anglaise), issu de la mouvance hooligan. «Marchez pour votre pays, marchez pour la liberté, marchez pour vos enfants et marchez pour Charlie Kirk», a-t-il déclaré jeudi sur X, en référence à l’influenceur conservateur américain Charlie Kirk, porte-drapeau de la jeunesse trumpiste, tué mercredi par balles aux États-Unis. Connu pour ses positions anti-immigration et anti-islam, Tommy Robinson a été condamné à plusieurs reprises, notamment pour troubles à l’ordre public. Il a été emprisonné en 2018 pour outrage au tribunal, puis en 2024 pour avoir répété des propos diffamatoires sur un réfugié. Libéré en mai, il avait notamment reçu le soutien du milliardaire américain Elon Musk. Plusieurs mobilisations de ses partisans ont par le passé rassemblé des milliers voire des dizaines de milliers de personnes, comme en juillet 2024 où ils étaient entre 20.000 et 30.000, selon des estimations de l’organisation antiraciste Hope Not Hate. Débat sur la liberté d’expression Tommy Robinson présente depuis des mois ce rassemblement comme «le plus grand jamais consacré à la liberté d’expression». Les participants sont appelés à se retrouver à 11H00 (10H00 GMT), avant de marcher en direction de Whitehall, cœur du pouvoir politique du pays. Les organisateurs ont annoncé la présence de plusieurs personnalités de la droite et de l’extrême droite britanniques et étrangères, dont Steve Bannon, l’ancien conseiller du président américain Donald Trump. Le président du parti français d’extrême droite Reconquête, Eric Zemmour, a confirmé sa présence. Ce sujet de la liberté d’expression, au cœur d’un débat public au Royaume-Uni depuis plusieurs mois, a été ravivé début septembre lorsque des policiers armés ont arrêté à l’aéroport londonien de Heathrow un créateur de séries accusé d’avoir diffusé des messages hostiles aux personnes transgenres. Le débat est le plus souvent soulevé par la droite et l’extrême droite, mais il a aussi été évoqué en lien avec les centaines d’arrestations de manifestants exprimant leur soutien au groupe Palestine Action, qui a été classé «organisation terroriste» par le gouvernement. Face au tollé, le Premier ministre Keir Starmer s’est dit «très fier» de la «longue tradition de liberté d’expression» dans le pays, qu’il «défendra toujours». Tommy Robinson doit à nouveau être jugé en octobre 2026 pour avoir refusé de donner le code PIN de son téléphone portable, que la police lui réclamait en vertu des pouvoirs étendus dont elle dispose dans le cadre de la loi sur le terrorisme de 2020. Alexandra DEL PERAL © Agence France-Presse -
Le premier déplacement de Sébastien Lecornu est consacré à la santé
Paris - Sébastien Lecornu se rend samedi en province, à Mâcon, pour son premier déplacement en tant que Premier ministre, délaissant pendant quelques heures les concertations qu’il mène activement à Paris avant de former un gouvernement. Quatre jours à peine après sa nomination, le nouveau et jeune (39 ans) locataire de Matignon va à la rencontre des Français pour qui il reste encore un inconnu. Il échangera notamment avec des salariés d’un centre de santé de la préfecture de Saône-et-Loire dont le but est d’améliorer l’accès aux soins. Il s’agit pour lui de convaincre l’opinion autant que les forces politiques du bien-fondé de sa méthode: trouver des terrains d’entente, en particulier sur le budget, permettant de gouverner sans majorité. Lui-même élu local de l’Eure, où il a été maire, président de département et sénateur, ce fils d’une secrétaire médicale et d’un technicien de l’aéronautique avait assuré dès le soir de sa nomination «mesurer les attentes» de ses concitoyens et «les difficultés» qu’ils rencontraient. Sébastien Lecornu est très proche d’Emmanuel Macron, avec qui il a encore longuement déjeuné vendredi à l’Elysée. Sa nomination coïncide avec plusieurs mouvements sociaux. Le jour de sa prise de fonction, une journée de mobilisation lancée sur les réseaux sociaux pour «bloquer» le pays a réuni 200.000 manifestants, et une autre journée de manifestations à l’appel des syndicats est prévue jeudi. Une parole sobre «Il y a une grande colère» chez les salariés, a rapporté Marylise Léon, la patronne de la CFDT, premier syndicat de France, à l’issue d’une entrevue vendredi avec le nouveau Premier ministre qui lui a dit travailler sur une «contribution des plus hauts revenus» dans le budget 2026. C’est sur le budget que ses deux prédécesseurs, François Bayrou et Michel Barnier, sont tombés. Et Sébastien Lecornu cherche en priorité une forme d’entente avec les socialistes. Mais il lui faut dans le même temps réduire les déficits, alors que l’agence de notation Fitch a dégradé vendredi soir la note de la dette française. Le centre et la droite de la coalition gouvernementale se disent prêts à taxer plus fortement les ultra-riches sans pour autant aller jusqu'à l’instauration de la taxe Zucman sur les plus hauts patrimoines, mesure phare brandie par les socialistes et dont LR ne veut pas. Une telle mesure marquerait en tout cas une des «ruptures» au fond prônées par Sébastien Lecornu à son arrivée, puisqu’elle briserait le tabou des hausses d’impôts de la macronie. Sébastien Lecornu veut aussi des changements de méthode. Il a d’abord réuni jeudi --pour la première fois depuis longtemps-- les dirigeants des partis du «socle commun», Renaissance, Horizons, MoDem et Les Républicains, afin qu’ils s’entendent sur quelques priorités communes. Un format «présidents de parti» qui «permet de travailler en confiance, de façon plus directe, pour échanger sur les idées politiques, sur les arbitrages», salue un participant. Une parole sobre Avant les oppositions et à quelques jours d’une deuxième journée de manifestations, il a consulté les partenaires sociaux, recevant vendredi la CFDT et Medef, avant la CGT lundi. En quête d’un compromis pour faire passer le budget, le chef de gouvernement pourrait repartir du plan de son prédécesseur François Bayrou délesté de ses mesures les plus controversées. A l’instar de la suppression de deux jours fériés. L’hypothèse d’une remise sur les rails du conclave sur les retraites semble aussi abandonnée. Les partenaires sociaux refusent de toute façon de le rouvrir. Des gestes sont attendus à l'égard des socialistes alors qu'à l’Elysée, on estime que le Rassemblement national, premier groupe à l’Assemblée nationale, se range désormais comme la France insoumise du côté du «dégagisme». Cultivant une parole sobre voire rare, Sébastien Lecornu ne s’exprimera qu'à l’issue de ces consultations «devant les Français», avant la traditionnelle déclaration de politique générale, devant le Parlement. Ministre depuis huit ans, il connaît bien les députés et le gouvernement sortant, dont il fait partie en tant que ministre démissionnaire des Armées. Anne RENAUT © Agence France-Presse -
Wall Street conclut en ordre dispersé avant la Fed la semaine prochaine
Washington - La Bourse de New York a terminé en ordre dispersé vendredi, tournée vers la réunion de la Réserve fédérale (Fed) la semaine prochaine, qui devrait aboutir à une baisse de taux pour la première fois de l’année. Le Dow Jones a perdu 0,59%, l’indice Nasdaq a pris 0,44% et l’indice élargi S&P 500 a clôturé non loin de l'équilibre (-0,05%). «Il n’y a pas eu de donnée économique aujourd’hui et nous sommes en pleine période de silence de la Fed, donc sans commentaire susceptible d’influencer le marché», commente auprès de l’AFP Christopher Low, de FHN Financial. Certes, les investisseurs ont accueilli en début de séance un indice de confiance des consommateurs inférieur aux attentes. Mais «cela correspond à ce que nous avons observé dans d’autres enquêtes et dans les mesures de l’activité économique: le marché de l’emploi est très faible», estime M. Low. C’est précisément ce constat qui devrait pousser la banque centrale américaine à assouplir sa politique monétaire afin de donner un coup de fouet à l'économie. Le comité de politique monétaire (FOMC) se réunira à partir de mardi, et rendra sa décision quant à l'évolution des taux le lendemain. Les analystes sont unanimes: les taux directeurs de la Fed devraient diminuer d’un quart de point de pourcentage la semaine prochaine, la première baisse depuis décembre 2024. Wall Street a «intégré la baisse de taux», assure Christopher Low. Mais la place américaine «ne sait pas quel type d’orientation nous allons obtenir». A l’issue de la réunion mercredi, «nous aurons de nouvelles prévisions économiques de la Fed» ce qui permettra aux investisseurs «d'évaluer le nombre de baisses qu’elle envisage à l’avenir», anticipe l’analyste. Sur le marché obligataire, le rendement des emprunts d’Etat américains à échéance 10 ans se tendait à 4,06% vers 20H25 GMT contre 4,02% la veille en clôture. A la cote, Microsoft (+1,77% à 509,90 dollars) a gagné du terrain, profitant de l’accord préliminaire avec OpenAI, à l’origine de ChatGPT. Microsoft est à la fois un actionnaire minoritaire et un partenaire commercial privilégié d’OpenAI dans lequel il a investi environ 13 milliards de dollars. Le fabricant de semi-conducteurs Micron a atteint un plus haut historique, à 157,23 dollars (+4,42%), après que les analystes de Citi ont relevé leurs anticipations sur le prix du titre de l’entreprise. Le groupe de médias Warner Bros Discovery a connu une deuxième journée d’envolée (+16,70% à 18,87 dollars) après des informations de presse publiées la veille assurant que son concurrent Paramount Skydance pourrait le racheter, et former ainsi un mastodonte du divertissement. La plateforme Gemini, spécialisée dans les cryptomonnaies, a connu une belle progression pour sa première journée à Wall Street. Fondée en 2014 par les frères jumeaux Cameron et Tyler Winklevoss, rendus célèbres par le film «The Social Network» sur la naissance de Facebook, l’entreprise avait fixé le prix de son action à 28 dollars pour son introduction en Bourse. Elle a finalement clôturé à 32,00 dollars vendredi. L’exploitant de parcs d’attractions Six Flags Entertainment (+7,77% à 23,45 dollars) profitait de l’annonce d’une fréquentation en hausse pour la période estivale et d’une forte demande pour les vacances à venir, notamment autour d’Halloween et Noël. Nasdaq © Agence France-Presse