
Les dividendes se volatilisent

La liste ne cesse de s’allonger. Hier, Engie, Veolia, Michelin, M6, Coface ou bien encore Dassault Aviation ont annoncé une diminution voire une disparition pure et simple du dividende promis au titre de 2019, emboîtant ainsi le pas de groupes comme Airbus, Safran, Hermès, JCDecaux ou bien encore la Société Générale, Natixis et Amundi, pour ne parler que des membres du SBF 120.
Tous ces groupes s’adaptent à la nouvelle donne financière créée par l’impact économique et financier de la pandémie de Covid-19 et cherchent à mettre le maximum de liquidités de côté ne sachant pas combien de temps la crise durera.
Selon le décompte de L’Agefi, vingt-deux groupes du SBF 120 ont communiqué ces derniers jours une modification de leurs politiques de rémunération de leurs actionnaires, des politiques qui avaient pourtant été arrêtées quelques semaines auparavant lors de la publication des résultats 2019. Ainsi, au total, ce sont 9,9 milliards d’euros de dividendes qui ont été annulés en seulement quelques heures.
L’une des décisions les plus spectaculaires est celle d’Engie, l’un des plus gros payeurs de dividendes du CAC 40 avec Total. En suspendant son dividende au titre de 2019, le producteur d’énergies va économiser 1,9 milliard d’euros. Une source proche du dossier explique que «le conseil d’administration a pris cette décision après avoir écouté toutes les parties prenantes du groupe, notamment l’Etat, son premier actionnaire». L’Etat détient un peu moins du quart du capital d’Engie.
Le gouvernement a demandé aux entreprises publiques de faire preuve de modération en matière de dividendes et a indiqué que ses représentants dans les différents conseils d’administration voteraient contre les dividendes. Dans le cas d’Engie, l’Etat se prive ainsi de près de 450 millions d’euros de recette.
AG reportées
Pour les banques, il s’agit surtout de répondre aux injonctions des différents régulateurs, Banque centrale européenne (BCE) ou Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Avec une logique : que les établissements de crédit disposent du maximum de ressources pour soutenir les entreprises pendant la crise et au moment du redémarrage espéré de l’activité après le confinement. Natixis et la Société Générale ont d’ailleurs indiqué qu’elles pourraient reconsidérer leur politique de rémunération des actionnaires après le 1er octobre, date butoir fixée par la BCE.
Environ 10% des entreprises couvertes par les analystes de la Société Générale avaient déjà annoncé au 26 mars qu’elles avaient soit réduit, soit révisé leur dividende payé au titre de 2019. Mais le risque est grand que cette liste ne cesse de s’allonger. Beaucoup d’entreprises ont en effet décidé de reporter la tenue de leur assemblée générale, réunion au cours de laquelle le montant du dividende est définitivement fixé par le vote des actionnaires, ce qui leur laisse encore quelques semaines pour modifier le montant du coupon.
Les analystes de Barclays, qui tablent sur un impact économique du Covid-19 «aussi grave que la récession de 2008-2009, mais plus bref», s’attendent à une chute des bénéfices par action européens d’environ 40% cette année. «Le coup porté aux dividendes devrait être du même ordre de grandeur, car les entreprises préservent leur capital et flux de trésorerie et donnent la priorité à la responsabilité sociale plutôt qu'à la distribution», expliquent-ils, soulignant que les contrats à terme sur les dividendes de l’indice Euro Stoxx 50 laissent prévoir une chute de 50% des dividendes pour 2020.
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San Francisco - La présentation de la nouvelle gamme d’iPhone est attendue mardi dans la Silicon Valley, à l’heure où la guerre commerciale sino-américaine renchérit les coûts de production d’Apple, sous pression pour rattraper son retard dans l’intelligence artificielle (IA). Comme à son habitude, le constructeur californien est resté silencieux sur le contenu de l'événement organisé à son siège de Cupertino, au moment où il dévoile sa nouvelle génération d’iPhone, moteur de ses revenus. Malgré la position dominante des iPhone dans le haut de gamme, Apple doit encore prouver qu’il peut suivre le rythme dans la course à l’IA générative. «Apple est vu comme étant un retardataire dans la grande fête de l’IA, ce qui représente un défi majeur» pour le géant technologique, notent les analystes de l’agence Canalys. Les smartphones rivaux, dotés du système Android soutenu par Google, «ont massivement amélioré l’intégration de l’IA» tandis que «le déploiement plus lent d’Apple» a poussé des consommateurs à retarder l’achat d’un nouvel iPhone, poursuit la note. Il y a moins d’un an, Apple a lancé ses fonctionnalités d’IA, «Apple Intelligence», qui ont déçu les utilisateurs, notamment les améliorations de l’assistant vocal, Siri, jugées trop minimes. Selon certains médias, l’entreprise prévoirait d’intégrer l’IA dans la recherche en ligne en 2026, en parallèle d’une refonte de Siri, mais ces affirmations n’ont pas été confirmées. Apple travaillerait aussi sur un partenariat avec Google pour améliorer son expertise en recherche et IA, selon d’autres articles de presse. «Je serai surpris s’il y a une annonce majeure sur la stratégie IA d’Apple», prévient Thomas Husson, analyste chez Forrester. «J’ai peur que l’approche d’innovation incrémentale d’Apple avec l’iPhone 17 commence à atteindre ses limites - surtout pour ceux qui ont soif de plus d’innovation», estime-t-il dans une note. Ultra-fin L’attraction principale mardi devrait être les nouveaux modèles d’iPhone, en particulier une variante ultra-fine nommée «Air». La plupart des observateurs y voient un pivot stratégique: Apple mise sur la finesse plutôt que sur la taille d'écran pour garder la main sur le marché haut de gamme. Un iPhone ultra-fin pourrait aussi préparer le terrain à une version pliable, dans les années à venir. Qui devrait toutefois affronter deux défis: une surcoût de production pour la prouesse technique et la réduction de l’espace pour la batterie. Les prix des nouveaux iPhone devraient augmenter aux Etats-Unis en raison des droits de douane imposés par le président Donald Trump, qui alourdissent les coûts de production en Chine, toujours le principal centre de fabrication de la marque à la pomme. «Apple navigue dans un équilibre délicat entre ses deux plus grands marchés - les États-Unis et la Chine - au milieu de tensions commerciales croissantes», souligne Canalys. L’impact financier de cette guerre commerciale est déjà considérable: le PDG Tim Cook a dévoilé que les droits de douane ont coûté 800 millions de dollars à Apple au dernier trimestre, avec un manque à gagner estimé à 1,1 milliard de dollars pour le trimestre en cours. Glenn CHAPMAN et Benjamin LEGENDRE © Agence France-Presse