Le virage vers la livraison fait dérailler Just Eat

Le numéro un européen de la foodtech veut associer un service de livraison à sa place de marché. Une activité moins rentable qui brouille l’image du groupe.
Olivier Pinaud

Deutsche Bank a lâché Just Eat. En recommandant hier à ses clients de vendre l’action du groupe de commandes de repas en ligne, les analystes de la banque allemande sont les premiers à adopter un avis aussi négatif sur les 18 courtiers qui suivent la valeur. Considéré comme la star de la foodtech européenne, avec un cours de Bourse qui avait gagné 240% depuis l’introduction à la Bourse de Londres en avril 2014 pour porter la capitalisation à un record de 6 milliards de livres (6,75 milliards d’euros) le 16 février, Just Eat a décroché de 9% depuis la présentation de ses résultats 2017 le 6 mars.

Ce jour-là, Peter Plumb, qui a pris la direction générale de Just Eat en septembre 2017, a révélé que le groupe britannique allait prendre un virage stratégique en se lançant dans la livraison des repas.

Un métier moins rentable

Jusqu’à présent, sauf de façon très marginale, Just Eat n’opérait que comme une place de marché à laquelle s’agrégeaient les restaurants afin de bénéficier de l’audience du site. Si nécessaire, la livraison à domicile des repas était sous-traitée. En disposant de sa propre équipe de livreurs, Just Eat explique qu’il pourra mieux répondre aux grandes chaînes de restauration qui passent par sa place de marché et qui ne veulent pas avoir à gérer la livraison.

«Même si ce changement est stratégique pour défendre la position de leader de Just Eat face à une compétition exacerbée (essentiellement UberEats et Delivroo, ndlr) il va peser sur la rentabilité» , estime Deutsche Bank qui a réduit à 33% sa prévision de marge d’Ebitda à long terme contre 50% auparavant. Les analystes mettent notamment en avant l’exemple du néerlandais Takeaway.com : l’ouverture de son service de livraisons sur son marché domestique a fait perdre 5 points de pourcentage à la marge opérationnelle pour un gain de seulement un point au niveau des prises de commandes.

Le lancement du service maison de livraisons va consommer une grande partie de l’enveloppe de 50 millions de livres d’investissements supplémentaires débloquée par Just Eat pour 2018. Or, ce métier étant moins rentable que celui de place de marché, il pèsera mécaniquement sur le retour sur capitaux employés (Roce) du groupe, alors qu’à 10% en 2017 son Roce était déjà près de deux fois inférieur à celui de la place de marché immobilière Rightmove.

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