Le marché relativise le risque d’arrêt de l’activité ferries d’Eurotunnel

L’autorité britannique de la concurrence réitère sa menace d’interdiction du service de MyFerryLink, dont le groupe devrait supporter les pertes jusqu’en 2015
Olivier Pinaud

Eurotunnel pourrait remettre à quai son service MyFerryLink (MFL), construit en juillet 2012 sur les actifs de l’ancien groupe de ferries transmanche SeaFrance. Dans un avis préliminaire, la Competition Commission britannique a réaffirmé vendredi que la création de MFL relève bien du droit des concentrations. Elle en conclut donc qu’elle n’a pas de raison de changer d’avis par rapport à sa décision de juin 2013 de demander l’arrêt des activités transmanche de MFL, entre Calais et Douvres. Cet avis avait été cassé en appel. La Commission de la concurrence britannique doit rendre sa décision définitive début mai.

Vendredi, Eurotunnel a contesté cet avis préliminaire et fait part de son «incompréhension». Le groupe qui exploite le tunnel sous la Manche rappelle que «SeaFrance a arrêté son exploitation en novembre 2011» et que ses trois ferries ont été acquis six mois après la liquidation de la compagnie. Leur exploitation a été confiée à la coopérative montée par les anciens salariés de SeaFrance. Dans ce contexte, Eurotunnel ne considère pas l’opération comme une reprise de société. Il ajoute que la position de l’Autorité de la concurrence britannique «est totalement contradictoire» avec celle de son homologue française. Au milieu de cette lutte, se jouent les intérêts entre Eurotunnel et ceux du britannique P&O et du danois DFDS, qui se plaignent régulièrement de la concurrence inéquitable du duo Eurotunnel-MFL, argument contesté par le groupe français.

Pour autant, d’un point de vue financier, un éventuel arrêt des liaisons de MFL sur le détroit du Pas-de-Calais n’aurait pas de graves conséquences pour Eurotunnel. L’activité est déficitaire. MFL a doublé sa perte d’exploitation l’an dernier à 22 millions d’euros et devrait perdre encore environ 15 millions en 2014, soit entre 3 et 4% de l’Ebitda d’Eurotunnel. L'équilibre est espéré au mieux en 2015. Eurotunnel pourrait également revendre favorablement les navires, rappelaient récemment les analystes de Natixis. Vendredi, le cours de l’action Eurotunnel a gagné 1,71%.

La direction d’Eurotunnel rappelle, au-delà des éléments financiers, que MFL permet au groupe de pallier les éventuels pics de fréquentation dans le tunnel mais aussi de proposer des services de traversée transmanche pour des gabarits trop larges pour ses navettes ferroviaires.

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