
La réforme de l’électricité nucléaire éclaircit l’avenir d’EDF

L’Etat a allumé une petite lumière au bout du long tunnel d’EDF. Le projet de réforme de la régulation du parc nucléaire français lancé mi-janvier par le gouvernement redonne espoir sur la capacité du producteur d’électricité à générer des bénéfices.
La Bourse ne s’y est pas trompé. Depuis l’annonce, le 17 janvier de l’ouverture à consultation de la réforme, le cours de l’action EDF a gagné 10%, quand le SBF 120 perdait 3,5% dans le même temps. Avec un gain de 12% depuis le début de l’année, le groupe public s’invite même dans le top 5 des plus fortes hausses de l’indice. Une revanche, alors que l’action EDF avait plongé de 28% en 2019.
Actuellement, le système de l’accès régulé à l'électricité nucléaire historique (Arenh), en vigueur depuis 2010, permet aux concurrents d’EDF de lui acheter jusqu'à 100 térawatts-heure (TWh) d'électricité d’origine nucléaire à 42 euros par mégawatt-heure (MWh) pour fournir leurs propres clients. Si le mécanisme a été réformé en 2012, il ne permet plus à EDF de couvrir ses coûts de production, avec un prix de marché de l’électricité autour de 47 euros.
Dans le même temps, les opérateurs alternatifs qui achètent de l’électricité à EDF, comme Engie ou Total Direct Energie, peuvent arbitrer entre les deux prix. D’où les appels réguliers du PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, à trouver une autre formule pour mettre fin à ce qu’il qualifie de « subvention directe » en faveur des concurrents du groupe.
La réforme envisagée par l’Etat prévoit deux changements majeurs. D’une part, elle supprimerait le plafond d’électricité en mesure d’être vendu. EDF pourrait vendre sur les marchés la quasi-totalité de sa production nucléaire, de 379,5 TWh en 2019. D’autre part, et surtout, elle créerait un corridor, avec des prix plancher et plafond. Cela permettrait de couvrir les coûts du parc nucléaire du groupe - avec une « rémunération raisonnable » des actifs, selon le projet. Cela limiterait aussi l’impact sur les consommateurs de la hausse tendancielle des prix de marché.
Cette nouvelle régulation « améliorerait la visibilité sur les résultats du parc nucléaire français, un moteur essentiel pour l’Ebitda (excédent brut d’exploitation, NDLR) d’EDF », expliquaient les analystes de Moody’s dans une note publiée la semaine dernière. Les 58 réacteurs nucléaires français génèrent à eux-seuls 43% de l’Ebitda annuel du groupe. « Ce changement des règles de marché est un élément crucial de notre notation (A-) pour EDF », insistaient fin janvier les analystes de S&P.
De nombreuses questions restent encore ouvertes, notamment, celles, essentielles, du prix plancher retenu et du calendrier de mise en oeuvre. Ce projet de réforme devra également être validé par la Commission européenne. Mais, d’ores-et-déjà, le lancement de la consultation « en dit long sur le soutien de l’Etat en faveur d’EDF », apprécie CreditSights, dont les analystes se sentent confortés « sur le fait que le gouvernement ne fera rien qui pourra désavantager significativement son champion nucléaire français ».
Outre une meilleure visibilité sur les résultats, la réforme aurait un double intérêt pour EDF : elle permettrait d’engager sa transformation. Le projet Hercule qui doit être présenté d’ici à la fin de l’année vise à séparer les différentes activités du groupe. Un « EDF bleu » regrouperait le nucléaire, l’hydraulique et le transport d’électricité. Un « EDF vert » reprendrait les énergies renouvelables, le commerce et le réseau de distribution Enedis. Le bleu serait intégralement renationalisé. Le vert pourrait être ouvert à des capitaux privés.
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