
La croissance rentable du SBF 120 se frotte aux conséquences de l’inflation

Une résistance pour combien de temps ? Sur les six premiers mois de l’année, les 105 sociétés du SBF 120 analysées par l’Observatoire ATH de l’information financière, ont réalisé 1.100 milliards d’euros de chiffre d’affaires, en hausse de 4% sur un an. Un niveau qui reste toutefois inférieur à l’inflation française de 5,3% à fin juin. Ces sociétés ont dégagé 139 milliards d’euros de résultat opérationnel, en baisse de 6% sur un an. La marge opérationnelle moyenne a ainsi reculé de 1 point en un an à 13%.
Des chiffres à relativiser en fonction des biais sectoriels. Ainsi, l’automobile pèse 172 milliards de ventes (dont 98 milliards pour Stellantis et 27 milliards pour Renault), soit une hausse de 15%. Son résultat opérationnel progresse de 21% à 20 milliards et sa marge de 0,6 point à 11,6%.
Pour sa part, l’énergie réalise 167 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 119 milliards pour Total et 47 milliards pour Engie. Soit un recul de 11% (essentiellement porté par Total) après l’année 2022 exceptionnelle avec la flambée des prix liée à la guerre en Ukraine. La marge opérationnelle a ainsi perdu 15,5% à 11,6%
Pour les autres secteurs – hors ArcelorMittal, dont l’activité et la rentabilité sont en fort recul en raison de la baisse des prix de l’acier –, les ventes progressent de 6,8%, et la marge recule légèrement de 0,4 point à 13,4%. Ainsi, ces 92 sociétés, indicateurs de la santé de l’indice, «se portent bien, se félicite François Aupic, associé chez RSM. Nous nous attendions à des résultats moins performants et plus nuancés après le très bon premier semestre 2022. »
Mais une question se pose, les entreprises du SBF 120 vont-elles pouvoir maintenir ce dynamisme au second semestre 2023 ? Autrement dit, «ces sociétés ont-elles la capacité de répercuter sur leurs prix de vente, la multitude d’inflations, sur l’énergie, sur les salaires, sur l’IT… ?», s’interroge Philippe Blin, associé du cabinet Sefac. Alors que l’inflation s’installe à un niveau élevé, la rentabilité opérationnelle pourrait avoir atteint un sommet. En outre, «les nouvelles réglementations énergétiques et RSE engendreront de nouveaux coûts qui pèseront aussi sur les marges, prévient François Aupic. Mais attention, les sociétés ne doivent pas faiblir sur le levier technologique, qui permet d’améliorer les process, de gagner des parts de marchés et d’accroître la rentabilité.»
A lire aussi: Le pic de rentabilité des ETI atteint en 2021 n’est pas tenable
Un retournement pourrait avoir lieu dans le sillage du BTP
Les sociétés «vont se faire rattraper par le pouvoir d’achat des ménages, anticipe Philippe Blin. La baisse des quantités dans les produits de grande consommation va trouver ses limites, et pour les achats lourds, comme l’automobile, il sera difficile de convaincre de nouveaux clients pour acquérir des véhicules électriques.» Des éléments qui pourraient peser sur l’évolution des ventes.
Dans leurs commentaires de résultats, les sociétés du SBF 120 se félicitent de leur bonne résistance et de leur résilience, qu’ils attribuent, selon les cas, à un bon positionnement stratégique, à une très bonne maîtrise des coûts, à la résilience et la qualité du modèle économique ou encore à la performance des équipes, relève l’étude ATH. Toutefois, si les grandes entreprises du SBF 120 résistent bien, les ETI et PME peinent davantage. «Le secteur du BTP est en réelle difficulté depuis le début de l’année, et certains secteurs industriels commencent à souffrir, constate François Aupic. Mais pour les autres compartiments, l’activité reste soutenue.»
Des perspectives moins encourageantes et des coûts de financement plus élevés conduisent à l’attentisme. «Un retournement pourrait avoir lieu – il commence dans le BTP – mais il est difficile de savoir quand et de quelle ampleur», conclut François Aupic.
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