
La compétitivité des énergies renouvelables est remise en question outre-Manche

Les ambitions à moyen terme du Royaume-Uni dans les renouvelables pourraient être déçues. Publiés vendredi, les résultats de la dernière vente aux enchères mise en place par le gouvernement britannique pour soutenir le développement des énergies vertes montrent qu’aucune capacité n’a été cette fois attribuée à des projets d’éoliennes en mer, alors qu’un volume de 7 gigawatts (GW) avait été alloué à ce type de projets lors du précédent cycle organisé l’an dernier.
Pour l’ensemble des technologies renouvelables, le volume global des enchères remportées s’est élevé à 3,7 GW, ce qui reflète une chute de 66% d’un an sur l’autre. Sur un total de 95 projets, l’énergie solaire est arrivée en tête avec des contrats représentant une capacité proche de 1,9 GW, devant l’éolien terrestre qui ressort à près de 1,8 GW, plus quelques initiatives dans l’énergie marémotrice et géothermique. La capacité actuelle de l’éolien en mer britannique s’élève à 14 GW.
Le prix de la discorde
Lancé en 2014, le système de contrat pour différence (contract for difference ou CFD) offre aux développeurs d’énergie renouvelable un prix garanti pour l’électricité produite. Mais le gouvernement a fixé à 44 livres par mégawatt-heure (MWh), contre 46 livres l’an dernier, le prix plafond auquel les participants pouvaient enchérir.
Ce niveau trop faible n’aurait pas permis aux investisseurs de couvrir leurs coûts. Selon le groupe activiste Britain Remade, le manque de nouvelles éoliennes en mer, qui entraînera une production supplémentaire de gaz, pourrait coûter aux consommateurs un milliard de livres par an. «L’éolien offshore est essentiel à notre ambition de décarboner notre électricité et nous maintenons notre objectif de construire 50 gigawatts de capacité éolienne en mer d’ici à 2030, dont 5 GW provenant de parcs éoliens flottants», a réaffirmé Graham Stuart, ministre britannique de l’énergie et du changement climatique.
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Les objectifs du Royaume-Uni semblent compromis
Plusieurs producteurs électriques ont vivement réagi à cet échec. Pour Tom Glover, président de la filiale britannique de l’allemand RWE, les ambitions élevées du Royaume-Uni dans ce domaine «ne seront vraisemblablement pas atteintes si aucune action gouvernementale décisive n’est prise». Keith Anderson, directeur général de Scottish Power, filiale de l’espagnol Iberdrola, a fait état d’une «opportunité de plusieurs milliards de livres perdue» pour le pays. Cette enchère «n’a pas tenu compte de la hausse récente des coûts de financement et d’approvisionnement pour les projets d’énergies renouvelables, en raison de l’augmentation des taux d’intérêt, du conflit en Ukraine et des répercussions du Covid-19», a expliqué Matthieu Hue, directeur général des activités renouvelables d’EDF outre-Manche.
Ce revers est d’autant plus significatif que l’énergie éolienne est devenue la première source d’énergie britannique au premier trimestre 2023, selon des données publiées par la société Drax. Sur la période de janvier à mars 2023, les fermes éoliennes représentaient 32,4% de l’électricité fournie outre-Manche, contre 31,7% pour le gaz. Arrivaient ensuite les importations de courant (12,6% du volume total), la production nucléaire (12,5%) et la biomasse (5,7%). En queue de peloton figuraient le solaire, l’hydroélectricité et le charbon qui se partageaient le solde de 5%.
Vestas gèle ses projets d’expansion sur le marché britannique
Vestas, qui produit des pales d’éoliennes outre-Manche, envisage dorénavant d’étendre ses capacités en Pologne ou dans les pays baltes. «Nous ne construirons pas de nouvelle usine au Royaume-Uni tant que nous n’aurons pas une visibilité plus claire sur la demande», a déclaré Henrik Andersen, directeur général du fabricant danois, qui préconise un ajustement du prix des enchères.
Un signal d’alarme avait été tiré en juillet par Vattenfall, l’un des gagnants des enchères de l’été 2022. L’énergéticien suédois a en effet été contraint de renoncer à un projet éolien offshore d’une capacité de 1,5 GW qui aurait fourni du courant à 1,5 million de foyers britanniques, en expliquant que ce projet n’était désormais plus rentable après une augmentation de ses coûts atteignant 40%.
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