La bataille ouverte pour le contrôle de Saur place le FSI au cœur d’un conflit d’intérêts

Actionnaire de Séché, le fonds public s’oppose à la montée de celui-ci au capital de Saur, dont il détient aussi 38% des intérêts
Olivier Pinaud

Le conflit s’envenime entre Joël Séché, le président éponyme du groupe de recyclage des déchets, et le Fonds stratégique d’investissement, son actionnaire à hauteur de 20%. A l’origine: le contrôle de Saur, numéro trois français de la distribution d’eau, détenu par Séché (33%), le FSI (38%) et à 29% par Cube Infrastructure et Axa PE.

Dans un communiqué à la tonalité rare pour le fonds public, le FSI estime que «M. Séché souhaite disposer de cette majorité sans en payer le prix prévu dans le contrat qu’il avait signé. L’argent public mis à la disposition du FSI sert au développement des entreprises, non à servir des intérêts particuliers». De son côté, dans Le Figaro d’hier, Joël Séché avait reproché au FSI d’avoir rompu «ses promesses et sa mission», alors que c’est le FSI (via la CDC) qui est venu le chercher en 2007 pour participer au rachat de Saur.

Les deux partenaires s'étaient engagés à l'époque à créer autour de Séché un pôle de services à l’environnement. Le contrôle de Saur en était la pierre angulaire. Le FSI avait consenti une option à Séché lui permettant d’acheter 18% du capital de Saur pour monter à 51%. Selon les modalités de calcul définies à l’époque, le prix de l’option est estimé aujourd’hui à environ 190 millions d’euros.

Outre le fait que Séché aurait du mal à mobiliser la somme, le groupe juge son prix déconnecté de la réalité. Il donnerait à Saur une valeur d’entreprise de l’ordre de 2,7 milliards d’euros, soit près de 15 fois son Ebitda, trois fois plus que le multiple de Suez Environnement. Séché demande au FSI de trouver une solution alternative pour monter au capital. «Nous avons présenté plusieurs dossiers depuis 2010, mais le FSI a toujours été une force d’empêchement. Aujourd’hui, il tente un coup de force, en prenant position avant le rapport du médiateur mandaté Aldo Cardoso», se plaint un proche de Séché.

Pris dans un conflit d’intérêts inextricable, entre ses positions chez Séché et Saur, le FSI a choisi le camp du distributeur d’eau et refuse d’accorder de nouvelles conditions à Séché. Le fonds estime que la prise de contrôle de Saur par Séché entraînerait une renégociation de la dette de Saur (1,6 milliard d’euros). Celle-ci arrive à maturité en 2014. Mais compte tenu de son montant et des cash-flow générés par Saur, une injection de fonds propres paraît de toute façon inévitable.

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