
Hermès compensera les droits de douane américains par des hausses de prix

Quelques jours après que LVMH a publié une nouvelle baisse de ses ventes, son concurrent Hermès a vu les siennes grimper nettement au premier trimestre. Le groupe de luxe a aussi confirmé jeudi ses perspectives pour le moyen terme tout en indiquant qu’il augmenterait ses prix aux Etats-Unis à compter du 1er mai afin de compenser intégralement les droits de douane additionnels mis en place par Donald Trump.
Concernant ses perspectives, Hermès a indiqué maintenir son objectif de «progression du chiffre d’affaires à taux constants ambitieux» à moyen terme, «en dépit des incertitudes économiques, géopolitiques et monétaires dans le monde», a indiqué le groupe dans un communiqué.
«Dans un contexte économique et géopolitique plus incertain, le groupe aborde l’année 2025 avec confiance, fort de son modèle artisanal fortement intégré, de son réseau de distribution équilibré, de la créativité de ses collections et de la fidélité de sa clientèle», a précisé Hermès.
Performance peu convaincante
Pour les trois premiers mois de l’année, le sellier a réalisé un chiffre d’affaires de 4,13 milliards d’euros, en hausse sur un an de 8,5% en données publiées et de 7,2% à taux de change constants.
Une performance qui n’a toutefois pas convaincu le marché. Jeudi, le titre a reculé de 3,2%, à 2.287 euros. Les ventes sont ressorties légèrement inférieures aux 4,14 milliards d’euros attendus par les analystes qui anticipaient en outre une croissance organique plus élevée, à +8%, rapporte UBS.
«Malgré une apparence solide après les chiffres décevants publiés par LVMH plus tôt cette semaine, nous pensons que la qualité des résultats pourrait inquiéter certains investisseurs en raison du net ralentissement des catégories ‘Prêt-à-porter & Accessoires’ et ‘Autres secteurs’, la croissance étant tirée par la Maroquinerie», analysent les spécialistes de la banque suisse.
La légère déception concernant la croissance organique est de nature à peser sur le cours de Bourse, ce qui pourrait fournir un point d’entrée pour les investisseurs avant l’accélération de la croissance des ventes en maroquinerie attendue aux deuxième et troisième trimestres, estiment de leur côté les analystes de Stifel.
Hausses de 6% à 7% des prix début 2025
Comme à son habitude, le groupe a procédé à des hausses de prix globales en début d’année, de l’ordre de 6% à 7%, a précisé le directeur financier du groupe, Eric du Halgouët, lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes.
Par région, le groupe a vu ses ventes croître de 14,2% en France pour atteindre 357 millions d’euros et de 12,7% en Europe, hors France, à 501 millions d’euros.
Au Japon, le chiffre d’affaires a progressé de 17,2% à taux de change constants, à 421 millions d’euros. Dans le reste de la zone Asie-Pacifique, les ventes ont crû de 1,2%, à 1,97 milliard d’euros. En particulier, les ventes de la zone «Grande Chine» sont stables sur un an, une «belle performance dans le contexte actuel» et du fait d’une base de comparaison élevée, a souligné Eric du Halgouët lors d’une conférence téléphonique avec des analystes. Hermès n’observe pas de rupture de tendance dans cette zone, a précisé le dirigeant.
Solide croissance aux Etats-Unis
Dans la zone Amériques, le chiffre d’affaires a progressé de 11% à changes constants pour atteindre 695 millions d’euros. Dans cette zone, et après un «quatrième trimestre 2024 exceptionnel», les ventes ont enregistré une «belle croissance, grâce notamment à la bonne dynamique des Etats-Unis observée en mars», a expliqué Hermès.
Concernant les Etats-Unis, Hermès va procéder à une hausse des prix de vente pour tous ses métiers à compter du 1er mai afin de «compenser intégralement» les droits de douane additionnels de 10% mis en place par l’administration Trump, a indiqué le directeur financier du groupe, Eric du Halgouët, lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes.
Le montant de ces hausses de prix est actuellement en cours d'évaluation, a précisé le dirigeant.
En outre, avec la baisse du dollar, Hermès ne s’attend pas à voir les clients américains transférer leurs dépenses hors des Etats-Unis, a souligné Eric du Halgouët.
A lire aussi: Hermès continue à défier la morosité et gâte ses actionnaires
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Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse