
Fox s’engage dans une réorganisation de ses activités en Europe

Le groupe 21st Century Fox semble reprendre la main pour sa prise de contrôle totale de Sky. Afin d’obtenir l’aval des autorités britanniques, le groupe de Rupert Murdoch a proposé hier de vendre ou de se séparer juridiquement de Sky News, la chaîne d’information en continu du groupe britannique de télévision payante. Fox prévoit une indépendance opérationnelle de Sky News pendant quinze ans, tout en garantissant le financement de ses activités. Il précise que Walt Disney avait exprimé son intérêt pour acquérir Sky News, quelle que soit l’issue de son offre de 52 milliards de dollars (42,2 milliards d’euros) qui vise une grande partie des actifs de Fox dans les médias. Depuis février dernier, Disney et Fox sont tous deux défiés par Comcast, premier câblo-opérateur américain, qui a présenté une offre non contraignante de 22,1 milliards de livres (25,05 milliards d’euros) sur Sky.
Fox a estimé que ses concessions allaient au-delà des mesures réclamées par l’autorité britannique des télécoms, l’Ofcom, pour apaiser ses craintes sur l’influence supposée de l’homme d’affaires australo-américain au Royaume-Uni. Par l’intermédiaire de sa société News Corp., celui-ci est déjà propriétaire du Times et du Sun en presse écrite. Mais Fox doit également convaincre l’autorité britannique de la concurrence (CMA) et le gouvernement. Celui-ci devrait rendre son verdict à la mi-juin, la décision de la CMA étant attendue d’ici au 1er mai. «Nous pensons que les remèdes de protection [firewall] renforcée que nous avons proposés pour préserver l’indépendance de Sky News répondent de façon exhaustive et constructive aux préoccupations de la CMA», a déclaré le groupe américain.
Selon les analystes de Liberum, ces solutions «devraient s’avérer suffisantes pour rassurer l’autorité de régulation britannique concernant l’offre d’achat du géant américain des médias sur la participation de 61% qu’il ne détient pas encore dans Sky». Ils ajoutent que deux éléments militent en faveur d’une surenchère de Fox par rapport à l’offre de Comcast sur Sky. D’une part, Fox a déjà dû obtenir l’accord de Disney pour avoir proposé ces concessions, d’autre part, les administrateurs indépendants ont fait savoir qu’ils resteraient concentrés sur la maximisation de valeur actionnariale. Sky a de son côté conseillé aux actionnaires de ne pas agir tant que le processus réglementaire est en cours.
Ces propositions font suite à l’accord de partage de contenus signé à la fin de la semaine dernière entre la filiale italienne de Sky et Mediaset. Le groupe télévisuel italien pourra diffuser les chaînes Cinéma et Séries TV de sa filiale de télévision payante Premium sur la plate-forme satellitaire de Sky Italia. De son côté, Sky Italia aura la possibilité d’utiliser la plate-forme de TV payante numérique de Mediaset Premium afin d’offrir ses propres services et contenus.
Mediaset a précisé que l’accord prévoyait aussi une option de cession à Sky Italia – entre novembre et décembre de cette année –, du contrôle total d’une société nouvellement créée, où les actifs techniques, opérationnels et de maintenance de Premium seraient transférés. Selon Reuters, citant hier des sources proches du dossier, l’autorité italienne de la concurrence envisage de demander des précisions sur cet accord. Cette initiative devrait néanmoins contribuer à marginaliser Vivendi, deuxième actionnaire de Mediaset après la famille de l’ex-premier ministre italien Silvio Berlusconi. Le groupe transalpin réclame déjà à Vivendi 3 milliards d’euros d’indemnités pour avoir dénoncé à l’été 2016 un accord qui prévoyait le rachat de Premium par le groupe français.
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Munich - Acheter une voiture chinoise sur les Terres de Volkswagen, BMW et Mercedes? «Et pourquoi pas?», sourit la designeuse allemande Tayo Osobu, 59 ans, déambulant dans la vieille ville de Munich, devenue vitrine géante du salon automobile. Venue de Francfort, elle découvre les plus de 700 exposants, dont 14 constructeurs chinois contre 10 européens, qui tentent de séduire le public avec des modèles high-tech dans toutes les gammes de prix. Sur la Ludwigstrasse, deux mondes se font face. D’un côté, le géant chinois BYD, dont les ventes en Europe ont bondi de 250% au premier semestre, expose ses modèles phares, dont l’un, une citadine électrique, se vend à partir de 20.000 euros. De l’autre, Volkswagen, numéro 1 européen en crise, tente de défendre son territoire malgré la chute des livraisons et un plan social historique. Tayo est impressionnée par les finitions des coutures à l’intérieur d’une voiture BYD. Sur la sécurité, aucun doute: «si elles sont vendues ici, c’est qu’elles respectent les normes européennes», répond-t-elle sans hésiter. Qualité au «même niveau» Les marques chinoises maîtrisent une grande partie de leur chaîne de valeur, des batteries électriques aux logiciels embarqués. De plus, elles bénéficient d’une main d'œuvre moins chère et d’économies d'échelle grâce au marché chinois gigantesque. Et fini la réputation de la mauvaise qualité. «Ce qui a changé en cinq ans, c’est qu'à prix inférieur, les Chinois sont désormais au même niveau sur la technologie et la qualité à bien des égards», résume l’expert du secteur Stefan Bratzel. Pour contenir cette offensive, la Commission européenne a ajouté l’an dernier une surtaxe pouvant atteindre 35% sur certaines marques chinoises, en plus des 10% de droits de douane existants. Objectifs visés: protéger l’emploi sur le Vieux continent, limiter la dépendance technologique et préserver l’image des constructeurs européens. Mais BYD contournera bientôt la mesure: sa première usine européenne en Hongrie doit démarrer sa production dès cet hiver. Il est encore «trop tôt» pour parler d’invasion, estime M. Bratzel. Les marques chinoises doivent encore établir «une relation de confiance» avec le public européen, développer des réseaux de concessionnaires et de service après-vente, explique-t-il. Des acheteurs potentiels le disent aussi: «Si on conduit une voiture chinoise, dans quel garage va-t-on en cas de problème?», s’interroge Pamina Lohrmann, allemande de 22 ans, devant le stand Volkswagen où est exposé un ancien modèle de l’iconique Polo. «J’ai grandi avec les marques allemandes, elles me parlent plus», confie cette jeune propriétaire d’une Opel décapotable, dont la famille roule plutôt en «BMW, Porsche ou Mercedes». «Image de marque» L’image des véhicules reste un point faible, mais déjà une certaine clientèle, jeune et technophile, se montre plus ouverte. Cette dernière est convoitée par la marque premium XPeng, lancée en Chine en 2014 : «Nous visons la première vague d’enthousiastes de la technologie», explique son président Brian Gu sur le salon. Loin de baisser les bras, les constructeurs allemands continuent de «renforcer leur image de marque européenne» avec «un héritage» échappant encore aux entrants chinois, explique Matthias Schmidt, un autre expert. Volkswagen a ainsi rebaptisé son futur modèle électrique d’entrée de gamme «ID.Polo», attendu en 2026 autour de 25.000 euros, pour capitaliser sur la notoriété de sa citadine. Et les Européens imitent les Chinois sur l’intégration du numérique, comme le nouveau système d’affichage par projecteur de BMW, et dans la course à la recharge rapide. Ils adoptent aussi les batteries lithium-fer-phosphate (LFP), moins coûteuses, et intègrent de plus en plus de pièces standards chinoises, afin de réduire les coûts et de combler l'écart technologique, note M. Schmidt. «Ce qui compte, c’est que les fonctionnalités et le prix soient convaincants», note Martin Koppenborg, consultant automobile de 65 ans, bravant la pluie sur un stand de BYD, visiblement séduit. Léa PERNELLE © Agence France-Presse