
Forvia paye sa prudence pour 2025 au prix d’un nouveau dérapage boursier
Seize mois après l’annonce du projet de rachat, au cœur de l’été 2021, de l’allemand Hella par le Français Faurecia pour créer Forvia, neuf mois après la finalisation de l’opération début 2022, Patrick Koller, le PDG de l’équipementier automobile a pu constater une nouvelle fois combien le chemin de la reconquête des investisseurs serait long et difficile.
La présentation du nouveau plan stratégique, baptisé « Power25 », qui vise à dégager une croissance rentable, à renforcer la génération de trésorerie et à accélérer le désendettement du groupe, a reçu un accueil glacial de la part du marché. L’action de l'équipementier automobile a plongé de près de 9% à 13,50 euros, accusant un des plus forts replis de l’indice SBF 120 jeudi. Pourtant, selon bon nombre d’analystes, cette contre-performance boursière – qui porte à – 60% la baisse depuis août 2021 - est davantage le reflet de la prudence dont ont fait preuve les dirigeants de Forvia au moment d'établir leurs objectifs de moyen terme, qu’une défiance à l’égard de la nouvelle feuille de route proposée.
Forvia prévoit d’atteindre en 2025 un chiffre d’affaires d’environ 30 milliards d’euros, une marge opérationnelle supérieure à 7%, soit plus de 2,1 milliards d’euros, et un flux de trésorerie net représentant 4% des ventes, soit d’environ 1,2 milliard d’euros. En outre, l’industriel compte afficher un ratio dette nette sur excédent brut d’exploitation (Ebitda) ajusté inférieur à 1,5 au 31 décembre 2025.
Ces ambitions de moyen terme sont fondées sur l’hypothèse d’une production automobile mondiale de 88 millions de véhicules en 2025, contre 89 millions en 2019, et tiennent compte du programme de cession d’actifs d’un montant de 1 milliard d’euros devant s’achever d’ici à la fin de 2023.
Pas de dividende au titre de 2022
En données comparables, Forvia a réalisé en 2021 un chiffre d’affaires de 22 milliards d’euros et une marge opérationnelle de 5,6%, tandis que son flux de trésorerie net a représenté 1% de ses ventes. Au 30 juin 2022, la dette nette du sous-traitant de l’industrie automobile s'élevait à 8,4 milliards d’euros et représentait 3,1 fois son Ebitda ajusté. Pour ce motif, Forvia a décidé qu’aucun dividende ne serait versé en 2023 au titre de l’exercice 2022.
Au-delà de cette suspension de la politique de retour à l’actionnaire, le marché regrette que les objectifs que Forvia s’est fixés pour 2025 soient inférieurs aux perspectives déjà annoncées. En août 2021, lors de l’annonce de l’acquisition d’Hella par Faurecia, le groupe avait indiqué viser pour 2025 des ventes supérieures à 33 milliards d’euros, une marge opérationnelle de plus de 8,5% ainsi qu’un flux de trésorerie d’environ 1,75 milliard d’euros. « L’environnement a beaucoup changé depuis et de nouveaux objectifs plus conservateurs étaient largement attendus », relativise toutefois Oddo BHF.
Mais les nouveaux objectifs établis par Forvia n’en ressortent pas moins, dans l’ensemble, inférieurs aux prévisions des analystes. Ceux-ci tablaient sur un chiffre d’affaires de 32 milliards d’euros à horizon 2025, selon le consensus réalisé par Visible Alpha et cité par Stifel. UBS remarque aussi que le résultat opérationnel de 2,1 milliards d’euros que l’entreprise vise pour 2025 se situe en dessous du montant de 2,3 milliards d’euros anticipé par les intermédiaires financiers membres de ce même consensus. Au final, la marge opérationnelle de 7% que compte afficher Forvia fin 2025 se compare à un taux de 7,3% attendu par les analystes. Citi souligne, toutefois, que le flux de trésorerie net de 1,2 milliard d’euros anticipé par Forvia pour 2025 est supérieur de 26,3% au niveau visé par les analystes. Grâce à une « robuste génération de trésorerie et à une gestion disciplinée des coûts et de dépenses d’investissement », l'équipementier automobile devrait parvenir à se rapprocher de son objectif de désendettement, estime Citi. L’intermédiaire financier prévoit pour Forvia un ratio dette nette sur Ebitda ajusté de 1,6 à fin 2025.
Une valorisation peu exigeante
La baisse de l’action Forvia ce jeudi rend sa valorisation encore moins exigeante qu’elle ne l'était auparavant. Oddo BHF calcule pour les exercices 2023 et 2024 un ratio cours sur bénéfice net par action inférieur à 7 et un multiple valeur d’entreprise sur chiffre d’affaires de 0,4, soit « des niveaux historiquement bas ». Pour l’analyste, le redressement de la valeur à moyen terme dépend désormais de la bonne exécution du plan « Power25 ».
De son côté, JPMorgan considère que Forvia deviendra une bonne piste d’investissement lorsque le groupe aura amélioré ses marges en Amérique du Nord, augmenté ses ventes réalisées auprès des constructeurs automobiles chinois et accéléré la croissance de ses activités dans les sièges.
Un programme chargé pour l'équipementier qui doit aussi veiller à la réalisation des synergies promises dans le cadre du rapprochement entre Faurecia et Hella.
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