
Elon Musk, star sur scène, parle Twitter, espace et Tesla, faute de gigafactory

Elon Musk, l’excentrique et controversé milliardaire américain, patron de Tesla et de SpaceX, et propriétaire de Twitter, aura décidément eu tous les honneurs lors de son passage à Paris.
Vendredi midi, il a été reçu à l’Elysée par Emmanuel Macron. Le président français voulait avant tout lui vendre la France comme site potentiel pour accueillir une des gigafactories du fabricant américain de véhicules électriques, mais aussi discuter innovation, régulation et intelligence artificielle. Dans cet exercice de lobbying, Emmanuel Macron, mais aussi son ministre de l’Economie Bruno Le Maire, et le ministre des Affaires numériques Jean-Noël Barrot avaient bien fait passer le message, lors de leur visite du salon technologique VivaTech, porte de Versailles à Paris, ce jeudi : leur ordre du jour était de convaincre le patron de Tesla d’implanter une usine en France, en pleine opération de réindustrialisation. Alors qu’ils veulent imposer l’Hexagone comme place forte de l’industrie des véhicules électriques.
Déjà il y a un mois, le 15 mai, Emmanuel Macron avait reçu Elon Musk en grande pompe lors du sommet Choose France – et fait assaut de selfies sur les réseaux sociaux.
L’après-midi, Elon Musk donnait une conférence dans le cadre du salon VivaTech. Dans un lieu choisi, l’emblématique Dôme du Palais des sports – c’est là que se tenait, naguère, l’Apple Expo dans les années 1990 et 2000. Avec un show digne d’une rock star : salle de 4.000 places comble, – presque - conquise, applaudissant à tout rompre le moindre bon mot, et des réponses à sa sauce aux questions de Maurice Lévy, co-organisateur de VivaTech et président du conseil de surveillance du groupe Publicis. Puis il a échangé avec plusieurs dirigeants, Christel Heydemann (Orange), Antoine Arnault (Christian Dior, groupe LVMH), ainsi que Asmita Dubey (L’Oréal) – principaux sponsors de l'événement.
Facéties sur Twitter
Questionné sur Twitter, il a répondu, facétieux, que son rachat pour 44 milliards de dollars, en octobre dernier, lui «avait coûté cher». Provocateur, il lance : «Si je suis aussi intelligent qu’on le dit, pourquoi est-ce que j’ai acheté aussi cher Twitter ?»
A l’en croire, le réseau social ne tangue nullement depuis qu’il l’a racheté, et initié un douloureux plan social : la plateforme Twitter enregistrerait «des records d’utilisation», et il estime vouloir «la remettre dans le droit chemin». Elon Musk a également assuré que presque tous les annonceurs qui avaient précédemment quitté Twitter étaient revenus ou avaient déclaré qu’ils reviendraient.
Interrogé sur SpaceX, ce passionné de science-fiction a esquissé sa vision de l’espace : «Nous voulons étendre la vie au-delà de la Terre, c’est important, c’est une mesure de défense. Il se peut que nous soyons les seuls êtres conscients dans cette galaxie, une chandelle fragile et nous devons tout faire pour la maintenir. Il faut que la Terre reste sûre pour la civilisation, tout est étendant les possibilités pour la vie à d’autres galaxies».
Une «pause» dans le développement de l’IA
Sur la question de l’intelligence artificielle, lui qui a cofondé par le passé OpenAI, à l’origine de ChatGPT, a réitéré sa demande d’une «pause» dans le développement de l’IA, et a souligné que ce secteur avait besoin de régulation. «Même si l’essentiel est positif, je suis favorable à une régulation de l’IA, je le recommande fortement», a-t-il affirmé.
Puis il développe, avec un humour grinçant : «L’IA est la technologie la plus disruptive. Les humains sont la plus intelligente des créatures et pour la première fois, il va y avoir quelque chose de plus intelligent que l’humain».
L’autonomie, clé de la valorisation de Tesla
Interpellé par Antoine Arnault sur la valorisation de Tesla, il délivre sa propre vision : à ses yeux, «la valeur de l’entreprise repose principalement sur l’autonomie» - plus que sur le nombre de véhicules vendus. Et d’imaginer : «Aujourd’hui une voiture individuelle est utilisée en moyenne 10 heures par semaine. Si nous avions un robot taxi qui serait utilisé 50 ou 60 heures par semaine, cela changerait tout».
Le constructeur automobile le plus valorisé au monde affiche actuellement une capitalisation boursière d’environ 800 milliards de dollars, mais il n’est pas parvenu à atteindre son objectif d’une capacité de conduite autonome complète.
Finalement, malgré le show, le patron de Tesla n’aura pas annoncé l’implantation d’une future usine Tesla dans l’Hexagone.
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Paris - Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d’en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise. Fitch ouvre le bal des revues d’automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette «haute ou bonne»), avec, pour certaines comme Fitch, une «perspective négative». Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité «moyenne supérieure»), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d’autant les remboursements de cette dette. Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, une dégradation serait «logique». D’abord parce que la situation politique n’aide pas à mettre en œuvre «un plan crédible d’assainissement budgétaire», comme Fitch l’exigeait en mars. Mais aussi pour effacer «une incohérence» : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu’ils ont - à très peu d’exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024. Coup d’envoi Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l’espoir d’un budget 2026 présenté en temps et heure. Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi «plausible» que Fitch «attende davantage de visibilité politique» pour agir. D’autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n’ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que «la croissance résiste». L’Insee a même annoncé jeudi qu’en dépit du «manque de confiance» généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année. Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l’institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, «donne rarement le coup d’envoi» des dégradations. Mais il estime «très probable» que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre. Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l’an prochain, contre les 4,6% qu’espérait François Bayrou. Les économistes affirment cependant qu’une dégradation ne troublerait pas les marchés, «qui l’ont déjà intégrée», relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade. Syndrome La dette française s’y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l’espace d’une journée, mardi, le taux de la dette italienne. Les marchés donnent déjà à la France une «notation implicite» bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie. Il craint des taux qui resteraient «durablement très élevés», provoquant «un étranglement progressif», avec des intérêts à rembourser captant «une part significative de la dépense publique, alors qu’on a des besoins considérables sur d’autres postes». L'économiste décrit une France en proie au «syndrome du mauvais élève». «Lorsqu’on avait 20/20», explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu’a toujours l’Allemagne - «on faisait tout pour s’y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu’on est au-dessus de la moyenne, c’est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!», dit-il à l’AFP. Pour autant, même abaissée à A+, «la dette française resterait de très bonne qualité», relativise M. Camatte, préférant souligner «la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine». Odile DUPERRY © Agence France-Presse -
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