
EDF sera renfloué par l’Etat et devra réduire ses investissements

EDF va devoir procéder à une augmentation de capital à hauteur de 4 milliards d’euros dont 3 milliards apportés par l’Etat, a annoncé vendredi l'électricien, dans le cadre d’une série de mesures importantes destinées à rétablir la situation financière menacée de l’énergéticien.
A l’issue d’un conseil d’administration de plus de quatre heures qui s’est tenu vendredi, EDF, détenu à 85% par l’Etat, a finalement validé ce projet d’augmentation de capital qu’il compte lancer d’ici au début de 2017, si les conditions boursières le permettent.
L'électricien, endetté et plombé par des prix de l'électricité en berne en Europe risque de devoir assumer des investissements considérables s’il s’engage dans le projet très controversé de Hinkley Point. Sur ce point, la décision finale a encore une fois été reportée.
De son côté Bercy n’a pas détaillé comment il comptait financer le coup de pouce qu’il compte accorder à EDF, pilier du nucléaire français avec Areva qui a déjà bénéficié de ses largesses. Dimanche, Emmanuel Macron évoquait dans le JDD des cessions de participations publiques, en plus de la privatisation des aéroports de Nice et Lyon déjà engagée.
Pour s’assurer ce soutien, EDF s’est engagé à abaisser ses charges opérationnelles «d’au moins un milliard d’euros» d’ici 2019 par rapport à 2015, soit bien plus que les 700 millions d’euros en trois ans initialement prévus. L'électricien, qui avait déjà prévu de supprimer 5% de ses effectifs en France, n’a pas dit s’il reverrait ce chiffre à la hausse.
Dans le même temps, EDF va réduire ses investissements nets (hors compteur intelligent Linky et nouveaux développements tels que Hinkley Point) de près de 2 milliards d’euros en 2018 par rapport à ceux réalisés en 2015. Il s'établiront donc à 10,5 milliards d’euros à cette échéance.
Le groupe compte aussi récupérer 10 milliards d’euros en cédant des centrales thermiques (gaz, charbon, fioul) à l'étranger et des participations minoritaires. Dans ce cadre, le gouvernement s’est résolu à ouvrir le capital du gestionnaire du réseau électrique à haute tension RTE. L’opération devra être mise en oeuvre «d’ici fin 2016" a demandé Bercy.
Cette thérapie de choc doit permettre au groupe de faire face à ses lourdes échéances et notamment la maintenance coûteuse des 58 réacteurs français (le «grand carénage»), évalué à plus de 50 milliards d’euros d’ici 2025.
Il devra aussi financer le rachat, décidé par l’Etat l’an dernier, de l’activité réacteurs d’Areva, valorisée autour de 2,5 milliards d’euros. Une offre ferme de l'électricien est attendue, mais toujours suspendue à la résolution du dossier de l’EPR en construction en Finlande par Areva.
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