
Danone fait table rase du passé

Nouveau ménage dans la gouvernance de Danone. Après les changements à la tête de l’exécutif et du conseil d’administration, ce dernier vient de décider le renouvellement en deux ans de l’ensemble du conseil, hormis le président et les administrateurs représentant les salariés.
Le 14 mars dernier, en démettant avec effet immédiat le PDG Emmanuel Faber de toutes ses fonctions, Danone avait opté pour la dissociation des fonctions et nommé Gilles Schnepp président du conseil. Ce dernier avait rejoint le conseil en décembre 2020. Le 17 mai, le conseil nommait Antoine de Saint-Affrique directeur général à compter du 15 septembre.
Le groupe a annoncé jeudi la «refonte» de la composition du conseil «pour servir la performance et la mission de Danone pour les années à venir ». Concrètement, les administrateurs dont le mandat vient à échéance en avril 2022 – Franck Riboud et Clara Gaymard – ont décidé de ne pas en solliciter le renouvellement. Les autres administrateurs (hormis le président et les deux représentant des salariés) ont décidé de ne pas solliciter leur renouvellement avec un an d’anticipation, soit dès l’AG 2022 pour Gaëlle Olivier, Isabelle Seillier, Jean-Michel Severino et Lionel Zinsou-Derlin, et lors de l’AG 2023 pour Guido Barilla, Cécile Cabanis, Michel Landel et Serpil Timuray. «Nous sommes attentifs à la stabilité d’un conseil d’administration avec des rotations moyennes attendues de l’ordre de 10% à 15% par an, confie Jean-Philippe Desmartin, directeur de l’investissement responsable chez Edmond de Rothschild AM. Le renouvellement complet d’un conseil d’administration sur deux ans est un signal d’échec et aussi de risques. Il y a de fait une perte de mémoire forte de l’organe central de contrôle sur ce qui se passe en interne et dès lors un impératif de courbe d’expérience à vite recréer».
Le départ de Franck Riboud, PDG de Danone de 1996 à 2014, et qui restera président d’honneur, «est très illustratif de la rupture engagée. Tout comme celui de Jean-Michel Severino, l’administrateur référent actuel», note OFG Recherche. «Ma seule préoccupation reste celle de servir au mieux Danone et de soutenir avec force Antoine de Saint-Affrique dans sa tâche pour remettre l’entreprise dans une dynamique de croissance. L’évolution du conseil facilitera, j’en suis sûr, la mise en œuvre de son projet», a déclaré Franck Riboud.
Besoin d’administrateurs qui connaissent le secteur
Le conseil d’administration, de 16 membres en début d’année, et de 13 membres depuis la dernière assemblée générale, se stabilisera à 12 administrateurs lors de l’AG 2022. Compte-tenu des six sortants, et de l’arrivée d’Antoine de Saint-Affrique, quatre nouveaux administrateurs devront rejoindre le conseil l’an prochain, et autant en 2023. Lesquels ? Gilles Schnepp veut «intégrer de nouveaux talents avec une expérience internationale et une expertise sectorielle fortes tout en veillant à la diversité et au niveau d’indépendance du conseil ». D’aucuns aimeraient aussi davantage d’administrateurs étrangers et de vrais spécialistes de l’agroalimentaire. Parmi les huit membres connus du conseil post-AG 2022, on compte trois étrangers et trois femmes, soit moins de 40%. Il faudra donc recruter au moins deux femmes sur les quatre arrivées pour respecter la loi sur la féminisation des conseils. «Pour les profils des administrateurs, nous attendons qu’ils aient des exigences et des expériences réussies de création de valeur pour l’ensemble des parties prenantes, y compris les investisseurs, poursuit Jean-Philippe Desmartin. Les approches ‘shareholder value’ et ‘stakeholder value’ ont été trop souvent opposées ces dernières années chez Danone. Or, les entreprises les plus performantes comme L’Oréal et Legrand arrivent à conjuguer dans la durée ces deux exigences».
En outre, dans le cadre de la refonte de sa gouvernance, Danone va aussi «préciser les principes de fonctionnement du conseil d’administration dans un mode de gouvernance désormais dissocié», a indiqué Gilles Schnepp. Alors que ce dernier est l’homme fort du conseil, proposera-t-il de conserver le poste d’administrateur référent ? Ou sera-t-il un président très présent, à l’instar de Jean-Pierre Clamadieu chez Engie ?
Retour attendu de la croissance rentable
Par ailleurs, Danone a confirmé jeudi ses prévisions pour 2021, soit un retour à la croissance rentable au second semestre et une marge opérationnelle courante «globalement en ligne » avec les 14% de 2020, et a annoncé le lancement d’un programme de rachat d’actions allant jusqu'à 800 millions d’euros d’ici à la fin de l’année.
Au deuxième trimestre, Danone a renoué avec la croissance, avec une hausse de 6,6% (en comparables) de son chiffre d’affaires – tirée par un effet valeur de 4,7% et un effet volume de 1,8% – soit une progression de 1,6% sur le premier semestre.
En revanche, la marge opérationnelle courante recule de 14% à 13,1% au premier semestre, en raison de «l’impact négatif de l’inflation des coûts de matières premières et d’un mix catégorie défavorable». La marge de la nutrition spécialisée recule en effet de 26,4% à 22,9%, alors que celle des eaux progresse de 6,3% à 8,5%.
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Von der Leyen attendue au tournant au Parlement européen après son accord commercial avec Trump
Strasbourg - Les eurodéputés attendent des explications de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen mercredi à Strasbourg sur l’accord commercial avec Donald Trump qui laisse nombre d’entre eux amers. La cheffe de l’exécutif européen aura fort à faire pour rassurer les parlementaires lors de ce traditionnel «discours sur l'état de l’Union» durant lequel elle doit présenter ses grandes orientations politiques. «C’est une rentrée difficile. L’Europe est perçue comme assez faible», convient une source au sein de la Commission. Mais «sur Trump, le juge de paix, ce n’est pas l’accord, c’est l’après. S’il ne respecte pas l’accord, il faudra être très dur», insiste ce responsable, sous couvert d’anonymat. La fébrilité reste de mise à Strasbourg comme à Bruxelles plus d’un mois après la poignée de main entre Donald Trump et Ursula von der Leyen. D’autant que le milliardaire américain multiplie les menaces contre la législation européenne sur le numérique, dont l’amende géante infligée par la Commission européenne à Google vendredi, qu’il a fustigée. Mercredi, Ursula von der Leyen aura «probablement un ton plus offensif» pour «essayer de faire passer la pilule, de vendre son accord» aux eurodéputés, grince Marina Mesure, membre du groupe de la gauche radicale. «Humiliation» Le Parlement européen a très mal accueilli ce «deal» avec Donald Trump scellé fin juillet: 15% de taxes américaines avec des exceptions pour des produits de l’UE comme l’aéronautique, assorties de promesses de l’Europe d’acheter massivement de l'énergie américaine et de réduire des taxes sur une série de produits made in USA. «Tout le monde s’accorde sur le fait que c’est un mauvais deal» qui «traduit la faiblesse de l’Europe», tranche la cheffe du groupe centriste Valérie Hayer. Mais Ursula von der Leyen avait un «mandat» d’Etats membres comme l’Allemagne et l’Italie, et les industriels voulaient de la prévisibilité pour les mois qui viennent, reconnaît-elle. Plus de la moitié des Européens (52%) ont ressenti de «l’humiliation» avec cet accord, selon un sondage publié dans le média Le Grand Continent et réalisé par l’institut Cluster17 dans cinq pays. Les eurodéputés devront se prononcer dans les semaines qui viennent sur l’un des volets de l’accord, la baisse des taxes européennes. Les centristes entretiennent le suspense et les sociaux-démocrates menacent de voter contre. L’argument «selon lequel un mauvais accord vaut mieux que rien du tout est totalement inacceptable», a tonné mardi la cheffe du groupe social-démocrate, Iratxe Garcia Pérez. La droite, dont est issue Ursula von der Leyen, assume quant à elle un vote en faveur de cet accord, même à contrecœur. Les droits de douane, «ça ne nous fait pas plaisir», mais il faut de la stabilité et s’adapter à la «réalité» voulue par le président américain, a défendu le chef du Parti populaire européen (PPE), Manfred Weber. Même position chez les eurodéputés italiens du parti de Giorgia Meloni, qui siègent dans l’un des trois groupes d’extrême droite du Parlement. En matière diplomatique, Ursula von der Leyen sera également très attendue sur la guerre à Gaza, au lendemain de raids israéliens au Qatar visant des responsables du Hamas, mouvement islamiste palestinien. Depuis des mois, l’Union européenne semble paralysée diplomatiquement tant ses divisions sont nombreuses. Les dissonances se manifestent jusqu’au sein de la Commission, où la socialiste espagnole Teresa Ribera a qualifié la situation à Gaza de «génocide», déplorant l’inaction des 27 Etats membres. «Débattre des mots divise l’Europe. Ca ne nous aide pas, ça ne nous apporte pas plus de crédibilité», lui a rétorqué Manfred Weber. Sur le dossier ukrainien, Ursula von der Leyen ne manquera pas à l’inverse de souligner la mobilisation des Européens. Une série de pays dont la France et l’Allemagne ont promis des garanties de sécurité à Kiev si le conflit avec la Russie s’arrête: un soutien militaire au sol, en mer ou dans les airs afin de dissuader Moscou d’attaquer à nouveau. En attendant, l’UE prépare un 19e paquet de sanctions, qui pourrait cibler certains pays achetant des hydrocarbures russes, selon des diplomates à Bruxelles. Adrien DE CALAN © Agence France-Presse -
La flottille pour Gaza affirme qu'un autre de ses bateaux a été touché près de Tunis
Sidi Bou Said - La flottille pour Gaza a affirmé qu’un autre de ses bateaux avait été touché dans la nuit de mardi à mercredi près de Tunis et dit soupçonner un drone, 24 heures après un incident similaire. «Un autre bateau a été touché dans une attaque présumée de drone», a affirmé la «Global Sumud Flotilla» dans un communiqué. Cette annonce intervient à la veille du départ prévu de la flottille en direction du territoire palestinien assiégé par Israël. L’"Alma», qui bat pavillon britannique, a été frappé selon la flottille dans les eaux tunisiennes, au large de Sidi Bou Saïd dans la banlieue nord de Tunis. Dans une vidéo publiée par la rapporteure des Nations unies pour les territoires palestiniens, Francesca Albanese, on peut voir une boule de feu s’abattre sur le pont d’un bateau. «Des preuves vidéo suggèrent qu’un drone – sans lumière, afin de ne pas être vu – a largué un engin qui a mis le feu au pont du bateau Alma», a-t-elle écrit. «Des experts suggèrent qu’il s’agissait d’une grenade incendiaire enveloppée dans des matériaux plastiques imbibés de carburant, qui aurait pu être enflammée avant d’atterrir sur le navire», a-t-elle ajouté. Le bateau «a subi des dommages causés par un incendie sur son pont supérieur. Le feu a depuis été éteint, et tous les passagers ainsi que l'équipage sont sains et saufs», a dit la flottille dans son communiqué. Sollicitée par l’AFP, la Garde nationale tunisienne n'était pas joignable. Des journalistes de l’AFP sur place ont pu voir un bateau au loin entouré d’embarcations avec des gyrophares des forces de l’ordre tunisiennes. Des sirènes étaient audibles et des dizaines de militants ont brièvement manifesté sur la plage de Sidi Bou Saïd pour protester contre l’attaque présumée. «Détermination» «Deuxième nuit, deuxième attaque de drone», a dit à l’AFP Melanie Schweizer, l’une des coordinatrices de la flottille. «Ces attaques répétées interviennent dans un contexte d’agression israélienne intensifiée contre les Palestiniens à Gaza, et constituent une tentative orchestrée pour distraire et faire dérailler notre mission», a dénoncé la flottille dans son communiqué. L’AFP avait sollicité l’armée israélienne pour un commentaire après la première annonce dans la nuit de lundi à mardi, sans réponse dans l’immédiat. Des militants ont dit qu’ils ne se laisseraient pas intimider. «Absolument aucun changement dans notre détermination. Nous partirons quand même demain», a dit le Palestinien Saif Abukeshek. La veille, c’est le «Family» qui avait été touché, avaient annoncé les organisateurs, vidéos à l’appui. La Garde nationale tunisienne, l'équivalent de la gendarmerie, avait démenti toute frappe de drone, assurant que selon ses premières constatations, «aucun» engin n’avait été détecté. La bande de Gaza est le théâtre d’une guerre dévastatrice, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023. Les Nations unies ont déclaré en août l'état de famine à Gaza, avertissant que 500.000 personnes se trouvent en situation «catastrophique». Des navires de la Global Sumud Flotilla («sumud» signifie «résilience» en arabe) sont arrivés ces derniers jours en Tunisie d’où ils doivent partir cette semaine pour Gaza. Ils avaient initialement prévu d’atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre afin d’y acheminer de l’aide humanitaire et «briser le blocus israélien», après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet. Lisa DEFOSSEZ © Agence France-Presse