
CMA CGM pourrait verser 4 milliards à ses actionnaires en deux ans

L’armateur fait feu de tout bois depuis quelques mois. Après avoir racheté Gefco et Colis Privé, pris 9% du capital d’Air France-KLM et lancé un «fonds Energies» de 1,5 milliard d’euros, CMA CGM n’oublie pas pour autant ses actionnaires. Selon nos informations, confirmant celles de Bloomberg, CMA CGM a déjà procédé au versement de 3 milliards de dollars de dividendes en 2022 dont la moitié au titre de l’exercice 2021 et le solde via un acompte au titre de 2022. Des chiffres en ligne avec l’engagement du PDG et premier actionnaire, Rodolphe Saadé, qui a indiqué que l’entreprise réinvestirait 90% de ses bénéfices, 10% étant rendus sous forme de dividendes.
En 2021, CMA CGM avait enregistré un profit net de 17,9 milliards de dollars. Cette année, ses gains s’élèvent déjà à 21,8 milliards de dollars sur neuf mois. Sur cette base, et en supposant un quatrième trimestre dans la continuité des trois premiers, la distribution aux actionnaires au titre de 2022 pourrait être d’environ 2,5 milliards de dollars, soit un retour total de l’ordre de 4 milliards sur deux ans. Une manne à partager entre les trois actionnaires de l’entreprise. La famille Saadé (73% du capital) en captera l’essentiel, le solde revenant au conglomérat industriel turque Yildirim Holding (24%) et, dans une moindre mesure, à Bpifrance (3%).
De 7 à 30 milliards de valorisation
Alors que les conditions de marché exceptionnelles dontbénéficie CMA CGM depuis deux ans commencent à se dégrader, son deuxième actionnaire pourrait chercher à capitaliser sur l’envolée de ces profits. Le sujet d’une possible sortie de Yildirim Holding, qui a déboursé 600 millions de dollars pour construire sa position à partir de 2010, revient régulièrement depuis plusieurs années. En mars dernier, le site internet Lloyd’s List, a rapporté que le groupe turc serait prêt à examiner «une offre raisonnable» pour sa part. La valorisation de CMA CGM n’est pas connue, mais Merit France, la holding de la famille Saadé, a racheté 3% du capital en 2021 pour un maximum de 207 millions de dollars, soit une valorisation totale inférieure à 7 milliards de dollars. En appliquant à CMA CGM le même multiple que celui de son concurrent Maersk, à savoir 1,3 fois le profit net anticipé pour 2022, sa valorisation ressortirait en revanche à plus de 30 milliards de dollars. Soit un prix potentiel des 24% détenus par Yildirim Holding compris entre 1,7 et plus de 7 milliards de dollars. Mais une telle opération ne serait «pas dans l’air», selon une source proche.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse