
Casino rate sa rentrée boursière malgré un été studieux

Les investisseurs ont repris le chemin des marchés financiers cette semaine, prêts à se replonger dans les dossiers les plus brûlants. Parmi ceux-ci, la restructuration de Casino n’a pas fini d’enflammer la cote parisienne.
Depuis le début du mois de septembre, l’action du distributeur s’est encore tristement distinguée en chutant de 27,9%, contre une baisse de 1,4% pour le SBF 120. Jeudi soir, l’opérateur de la Bourse de Paris, Euronext, a averti que la valeur serait évincée de ce même indice à compter du 18 septembre prochain. En plus d’un changement de propriétaire à finaliser et d’un plan de redressement à exécuter, Casino a aussi une histoire boursière à reconstruire.
«Bien que l’analyse du cours de Bourse d’une société en phase de restructuration ne soit pas généralement très pertinente, il est ici intéressant d’observer la nervosité qui entoure le titre Casino, caractérisée par une forte amplitude de son prix lors d’une même séance», commente un analyste basé à Paris. «La valeur subit la pression vendeuse des petits porteurs souhaitant quitter le navire et s'éviter une forte dilution, tandis que la part du capital du groupe qui est vendue à découvert se maintient à un niveau élevé depuis un mois, entre 7,5% et 8%», appuie-t-il.
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La trajectoire baissière de l’action Casino est accentuée par les récents ajustements des positions des trois grandes agences d'évaluation financière vis-à-vis des notes de crédit du distributeur. En moins d’un mois, Moody’s a apposé la mention «défaut limité» à la note «C» de probabilité de défaut de Casino, Fitch Ratings a abaissé sa note de défaut émetteur à long terme en devises étrangères de «CC» à «RD», et S&P Global Ratings a déclassé sa note de crédit de «CC» à «D».
Pourtant, pour l’armée d’avocats et de conseils qui entourent les parties impliquées dans la restructuration de Casino, l'été a été studieux. «Tout le monde a travaillé d’arrache-pied au cours du mois d’août afin de respecter le calendrier annoncé en juillet», confie une source proche des discussions, qui devraient aboutir à la signature avant la fin du mois d’un accord dit de «lock-up». Ce dernier engagera ses signataires à soutenir et à réaliser toute démarche ou action raisonnablement nécessaire à la mise en œuvre et à la réalisation de la restructuration du distributeur.
Condamné à l’exploit
Fin juillet, Casino a signé un accord de principe pour la restructuration de sa dette avec ses principaux créanciers et un groupement constitué d’EP Global Commerce (EPGC), une société du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, de Fimalac, la société d’investissement de l’homme d’affaires français Marc Ladreit de Lacharrière, et du fonds d’investissement britannique Attestor. L’offre du groupement prévoit notamment une injection de capital de 1,2 milliard d’euros, qui lui donnerait une participation de 53% au capital du distributeur, et la conversion de 4,9 milliards d’euros de divers instruments de dette en fonds propres.
Une fois que l’accord de lock-up sera signé par toutes ces parties, Casino compte demander au président du tribunal de commerce de Paris l’ouverture d’une procédure de sauvegarde accélérée et l’entreprise a bon espoir d’obtenir gain de cause lors de la dernière quinzaine d’octobre, pour une durée légale de quatre mois. Pendant cette période, le «dossier Casino» devra récolter les autorisations nécessaires en matière de contrôle des fusions et des investissements étrangers en France, compte tenu du profil international du groupement EPGC-Fimalac-Attestor. Ce dernier devra également obtenir une dérogation de l’Autorité des marchés financiers (AMF) à l’obligation de dépôt d’une offre publique.
«Le franchissement de ces étapes ne suscite pas d’inquiétude chez les principaux protagonistes de ce dossier complexe», indique une source impliquée dans la restructuration de Casino. «En revanche, il n’est pas exclu que certains créanciers non sécurisés du groupe lancent diverses procédures devant les tribunaux pour limiter leurs pertes sur la ligne Casino», poursuit cette source. Ce qui viendrait nécessairement repousser dans le temps le passage de témoin entre l’actuel PDG de Casino, Jean-Charles Naouri, et Philippe Palazzi, dont la nomination à la direction générale du groupe sera proposée par EPGC, Fimalac et Attestor.
La réalisation effective de toutes les opérations de restructuration de Casino est prévue au premier trimestre de l’année prochaine, soit moins de huit mois après la signature de l’accord de principe. «Boucler une telle restructuration en une si courte période serait un véritable exploit, alors qu’il faudra le double de temps à Orpea pour finaliser la sienne», observe un acteur impliqué dans les deux dossiers de restructuration les plus emblématiques du moment à la Bourse de Paris. Pour Casino et ses partisans, la rentrée de janvier 2024 sera donc au moins autant stressante que celle de septembre 2023.
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