Bouygues simplifie sa structure en rachetant les minoritaires de Colas

Le groupe familial s’apprête à lancer une offre publique de retrait suivie d’un retrait obligatoire sur sa filiale d’infrastructures de transport au prix de 175 euros par action, niveau qui n’a pas été retrouvé depuis octobre 2018.
Colas, la filiale de construction routière du groupe Bouygues
Colas ne compte que 2,5% de flottant  -  Photo Bouygues.

Attendue depuis des années, la sortie de cote de Colas est imminente. Bouygues vient d’annoncer son intention de déposer un projet d’offre publique de retrait (OPR) suivie d’un retrait obligatoire visant les titres de sa filiale d’infrastructures de transport Colas. Une nouvelle sortie de cote en perspective après notamment celles de Rothschild & Co, EDF ou Vilmorin.

Avec seulement 2,5% de flottant – Bouygues détenant 96,8% du capital et le FCPE Colas 0,7% – cette cotation n’avait pas vraiment de sens, avec quelques centaines de titres s’échangeant quotidiennement. L’initiateur invoque une «opération de simplification de la structure capitalistique de Colas et du groupe Bouygues». Avec aussi un souci «d’optimisation des processus de reporting et de communication financière, et donc de réduction de coûts, Bouygues a pour volonté de contrôler à 100% ses filiales de construction, rappelle à L’Agefi le porte-parole du groupe Bouygues. Nous avons toujours eu 100% de Bouygues Immobilier et avons racheté les minoritaires de Bouygues Construction en mars 2021». Parmi les autres métiers du groupe, chez Bouygues Telecom, «la famille Decaux détient 9,5% du capital, rappelle le porte-parole, et nous accompagne depuis le début. Chez TF1, la loi nous impose de ne pas dépasser les 49% du capital. Bouygues en détient aujourd’hui 44,5%. »

Pourquoi cette OPR intervient-elle aujourd’hui ? «Ces dernières années, le groupe s’était concentré sur le redressement de Bouygues Telecom et sur le rachat d’Equans, dont l’intégration se passe bien, explique le porte-parole. C’est maintenant le bon moment pour procéder à la sortie de la cote de Colas».

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Prime de plus de 50%

Bouygues va donc déposer un projet d’offre publique de retrait (OPR) suivie d’un retrait obligatoire visant les titres de Colas, au prix de 175 euros par action. Un prix qui représente une prime de 54% sur le dernier cours et de 50% sur le cours moyen des 240 derniers jours de cotation. Ce niveau n’a pas été atteint depuis octobre 2018. Un plus haut de dix ans à 192 euros avait été touché début 2018. Le record historique a été atteint en mai 2007 à 363,99 euros.

L’opération sera menée par Portzamparc (groupe BNP Paribas). Conformément aux bonnes règles de gouvernance, le conseil de Colas a constitué un comité ad hoc formé de deux administratrices indépendantes (Colette Lewiner et Catherine Ronge), et du secrétaire général de Bouygues (Didier Casas), et nommé le cabinet Ledouble comme expert indépendant pour établir un rapport sur le caractère équitable des conditions financières de l’offre de retrait.

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Dissociation des fonctions chez Colas

Parallèlement, dans le prolongement de cette sortie de cote, le conseil d’administration de Colas a décidé de dissocier les fonctions de président et de directeur général, «afin de permettre à celui-ci de se concentrer sur la direction opérationnelle de la société». Dissociation qui existait déjà entre 2019 et 2021.

L’actuel PDG, Frédéric Gardès – DG depuis 2019 et président depuis 2021 – a informé le conseil du fait que ces modifications «ne correspondaient pas à ses attentes personnelles». Aussi, il a présenté sa démission de ses fonctions de PDG et d’administrateur. Tout en le remerciant pour le «très important travail de transformation qu’il a conduit au sein du groupe Colas», le conseil a nommé, avec effet immédiat, Pascal Grangé, directeur financier de Bouygues et administrateur de Colas depuis 2020, comme président du conseil ; et Pierre Vanstoflegatte, ancien directeur général délégué puis président de Bouygues Energies & Services de 2019 à son intégration dans Equans début 2023, comme directeur général.

Pierre Vanstoflegatte «est un professionnel de haut niveau dont l’expertise des métiers d’agence acquise chez Spie, Schindler et Bouygues Energies et Services tant en France qu’à l’international, sera un atout pour continuer à développer Colas. Il aura également pour mission d’accélérer la transversalité avec les autres métiers du groupe Bouygues», poursuit le porte-parole. En outre, il n’est pas rare que le directeur financier de Bouygues préside une de ses filiales. Ainsi, «Philippe Marien, ancien directeur général délégué et directeur financier du groupe Bouygues a été en même temps président de Bouygues Telecom de 2009 à 2013 », rappelle le porte-parole.

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Equans cède ses réseaux urbains britanniques pour environ 300 millions d’euros

Par ailleurs, Equans, filiale de Bouygues, vient d’annoncer la vente de ses réseaux de chaleur et de refroidissement urbains au Royaume-Uni (Equans Urban Energy) à un consortium formé de Swiss Life AM et de Schroders Greencoat, pour une valeur d’entreprise d’environ 260 millions de livres sterling (302 millions d’euros). La finalisation est attendue avant la fin de l’année 2023.

Cette cession s’inscrit dans le cadre du plan stratégique d’Equans, présenté en février 2023, qui prévoit la cession des activités asset-based. Elle sera sans impact sur la trajectoire de chiffre d’affaires et de résultat opérationnel courant des activités (Roca) d’Equans. La société vise une «légère croissance» de son chiffre d’affaires en 2023 et 2024, et une accélération de sa croissance organique à partir de 2025, afin d’atteindre celle de ses comparables. Elle table sur une marge opérationnelle (Roca) de 2,5% à 3% en 2023, proche de 4% en 2025 et 5% en 2027.

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