
Berlin devra apporter un renflouement supplémentaire à Uniper

Uniper vient de battre un record peu enviable. L’énergéticien allemand, en passe d’être nationalisé par Berlin, a publié jeudi une perte nette totalisant 40 milliards d’euros en normes IFRS sur les neuf premiers mois de l’exercice 2022. Ceci représente la perte la plus importante de l’histoire pour une entreprise allemande. Elle dépasse largement celle de 24,6 milliards d’euros enregistrée par Deutsche Telekom au titre de l’exercice 2002, après le dégonflement de la bulle internet. Uniper précise que ce résultat fortement négatif inclut 10 milliards d’euros de pertes constatées, qui découlent du remplacement des volumes manquants de gaz russe par des achats à des prix beaucoup plus élevés sur le marché au comptant, ainsi que 31 milliards d’euros de pertes futures liées à cette situation.
Son résultat d’exploitation et son résultat net ajustés sont aussi tombés dans le rouge avec des pertes respectives de 4,75 milliards et de 3,22 milliards d’euros entre les mois de janvier et septembre 2022, alors que le groupe avait dégagé un bénéfice d’exploitation et un bénéfice net ajustés respectivement de 614 millions et 487 millions l’an dernier à la même époque. Ces mauvais chiffres «reflètent les contraintes massives qui s’exercent sur l’entreprise et la situation très délicate à laquelle sont confrontés ses actionnaires minoritaires», estiment les analystes d’UBS.
Le groupe est resté vague sur ses perspectives annuelles, en se contentant d’anticiper un creusement important de sa perte d’exploitation et de sa perte nette ajustée par rapport à l’exercice 2021. «Etant donné le degré élevé d’incertitude concernant les volumes de gaz qui seront effectivement reçus et le coût des achats destinés à remplacer les volumes manquants, une indication plus précise sur les résultats de l’ensemble de l’exercice 2022 ne peut être fournie à l’heure actuelle ou dans un avenir prévisible», a souligné Uniper dans son communiqué.
Un rôle clé durant l’hiver prochain
Rappelant qu’il jouera un rôle clé pour sécuriser la fourniture de courant et de gaz de l’Allemagne durant l’hiver 2022/2023 et au cours des années suivantes, Uniper a ajouté qu’il travaillait de manière intensive à la restructuration de son portefeuille d’actifs gaziers «en vue de minimiser les risques et de mettre fin d’ici à 2024 aux pertes provoquées par la suspension des livraisons de gaz russe».
Malgré le repli de ses provisions pour retraites en raison la hausse des taux d’intérêt, la dette nette économique du groupe atteignait 10,9 milliards d’euros à fin septembre 2022, lestée par son flux de trésorerie fortement négatif. Il a précisé avoir utilisé 14 milliards sur la ligne de crédit de 18 milliards d’euros qui lui a été accordée par la banque publique KfW. Sa prise de contrôle à 98,6% par l’Etat allemand s’accompagnera d’une augmentation de capital réservée qui permettra d’injecter 8 milliards d’euros dans ses fonds propres.
La dégradation de la situation financière d’Uniper, qui a débouché sur une perte représentant plus de la moitié de son capital social à fin septembre, contraindra néanmoins la puissance publique à mettre en place d’autres mesures pour le maintenir à flot. «Le gouvernement fédéral et Uniper finalisent actuellement les détails de ces mesures de stabilisation supplémentaires», souligne le groupe. Les actionnaires de l’énergéticien seront amenés à se prononcer sur sa recapitalisation lors d’une assemblée générale extraordinaire qui doit se tenir dans la seconde quinzaine du mois de décembre. L’action a terminé la séance en repli de 5,2% à 2,99 euros, ce qui porte sa baisse cumulée à 93% depuis le 1er janvier dernier.
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