
Avec Casino au plus bas en Bourse, l'état de la «galaxie Naouri» inquiète

L’action Casino accuse vendredi un important repli et inscrit de nouveaux plus bas historiques, alors que les paramètres de crédit et les performances financières du distributeur comme de sa maison mère Rallye renforcent les craintes des investisseurs quant à la survie de la «galaxie Naouri».
En clôture, le titre Casino a plongé de 16,1%, à 5,63 euros, alors que l’agence d'évaluation Moody’s a abaissé jeudi soir sa note de crédit sur le distributeur de «B3» à «Caa1», assortissant cette nouvelle position d’une perspective négative.
Ce déclassement tient compte de «la baisse continuelle des parts de marché du groupe dans la grande distribution en France, du maintien d’un flux de trésorerie disponible négatif en France et d’une réduction des marges des activités de distribution françaises en 2022», a souligné Moody’s dans un communiqué envoyé jeudi soir.
Des échéances de taille en 2024 et 2025
Ses résultats de l’exercice 2022 ont rappelé l’incapacité de Casino à se désendetter de manière organique en France. Alors que le groupe a cédé l’an passé pour 1,46 milliard d’euros d’actifs non stratégiques, la dette nette de ses activités françaises n’a été réduite que de 339 millions d’euros. A fin décembre 2022, elle représentait un montant colossal de 4,5 milliards d’euros, héritage de la stratégie d’expansion par endettement déroulée depuis les années 1990 par Jean-Charles Naouri, le PDG de Casino.
Moody’s a précisé s’attendre à ce que les flux de trésorerie disponibles de Casino restent négatifs en France au cours des 12 à 18 prochains mois, alors que le groupe fait face à un environnement économique de plus en plus difficile, marqué par une forte inflation, notamment alimentaire, qui pèse sur le budget des ménages. «Cela crée en fin de compte un risque que l’entreprise ne soit pas en mesure de rembourser ou de refinancer ses dettes arrivant à échéance dans les 24 prochains mois», a complété l’agence d'évaluation.
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Casino tente de désamorcer les craintes de court terme
«Casino devra céder des actifs pour faire face à ses prochaines échéances de dettes», appuie Octo Finances, alors que le groupe doit rembourser 1,2 milliard d’euros en 2024 et 1,8 milliard d’euros en 2025. Un porte-parole de Casino a indiqué vendredi à l’agence Agefi-Dow Jones que le groupe a lancé ce jour une offre de rachat visant la souche obligataire émise par sa filiale Quatrim de maturité 31 janvier 2024, pour un montant indicatif de 100 millions d’euros.
JPMorgan estime que Casino a reçu «cette semaine» les fonds de la vente d’une part de 18,8% du capital de son enseigne brésilienne Assai, annoncée plus tôt en mars.
Rallye tire la sonnette d’alarme
L’incapacité du groupe à créer de la valeur en cédant des actifs, en réduisant sa dette et en simplifiant sa structure pèse de plus en plus sur la situation de Rallye, dont l’action a également lâché 16,1% vendredi, sous 1,59 euro. A l’occasion de la publication des résultats de son exercice 2022, la société qui détient 51,7% du capital de Casino a indiqué mercredi que «le facteur de risque lié à la mise en œuvre des plans de sauvegarde» était «accru».
Par facteur de risque, Rallye fait référence à «la capacité de Casino de distribuer des dividendes suffisants» pour alléger son endettement, qui s'établissait à 2,7 milliards d’euros à fin 2022 sur la base du périmètre défini dans le cadre du plan de sauvegarde. Or, les difficultés opérationnelles et financières du distributeur ne se sont pas améliorées depuis la validation des plans de sauvegarde de Rallye et de ses sociétés mères (Foncière Euris, Finatis, et Euris) par le tribunal de commerce de Paris, le 28 février 2020.
«La capacité distributive de Casino est encadrée par sa documentation financière», explique Octo Finances. Le propriétaire des enseignes Franprix ou Monoprix n’est autorisé à payer un dividende à ses actionnaires que lorsque le ratio dette financière brute sur excédent brut d’exploitation après loyers de ses activités françaises de distribution est inférieur à 3,5. Au 31 décembre 2022, ce multiple ressortait à 6,86, contre 6,47 un an auparavant.
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L’action Casino reste massivement «shortée»
En 2022, les comptes sociaux de Rallye font ressortir une perte nette de 1,7 milliard d’euros, plombée par la comptabilisation d’une provision de 1,8 milliard d’euros reflétant la dépréciation de la valeur nette comptable de la participation de la société dans Casino. A l’actif du bilan de Rallye, cette valeur a été réduite à 43,31 euros par action Casino au 31 décembre 2022, contre un montant de 74,49 euros par titre retenu à fin 2021 et un cours de Bourse actuellement inférieur à 6 euros.
Cette perte nette au niveau des comptes sociaux de Rallye a fait basculer le montant de ses fonds propres en territoire négatif. Alors que la société disposait de 1,1 milliard d’euros de capitaux propres à fin 2021, l’entreprise présentait à fin 2022 des fonds propres négatifs de 601 millions d’euros.
C’est dans ce contexte que Rallye a décidé de «se rapprocher de ses créanciers afin d’examiner les possibilités et les modalités éventuelles d’aménagement de son plan de sauvegarde».
Ce qui ne fait qu’intensifier la pression exercée sur Casino, notamment de la part des fonds d’investissement spéculatifs. La part du capital du distributeur vendue à découvert reste élevée, à 9,04%, d’après les données du site internet néerlandais shortsell.nl.
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