
Atos veut renégocier sa dette d’ici juillet

L’entreprise de services numériques Atos a annoncé mardi être entrée dans une procédure amiable de conciliation avec ses créanciers financiers en vue d’une renégociation de sa dette. Le groupe a également indiqué avoir accusé une perte nette de 3,44 milliards d’euros en 2023.
Après ces annonces, l’action Atos chutait de 7,1% à 1,59 euro, accusant la plus forte baisse de l’indice SBF 120. Depuis le début de l’année, le titre s’est replié de près de 78%.
En difficulté financière, Atos espère obtenir un plan de refinancement d’ici à juillet, date d’arrivée à échéance d’un prêt de 1,5 milliard d’euros dont les termes comprennent toutefois une option d’extension de six mois jusqu’en janvier 2025, a indiqué Atos dans un communiqué.
Atos a «l’intention de présenter les paramètres de son cadre de refinancement à ses créanciers financiers au cours de la semaine du 8 avril 2024 et de fournir une information au marché», a précisé le groupe.
Atos informera le marché en temps utile de l’avancée des discussions, de ses projets de cessions, «ainsi que de l'évolution potentielle de sa structure de capital résultant d’un accord global et final de refinancement, pouvant inclure l'émission de nouveaux titres de capital, qui entraînera probablement une dilution des actionnaires existants», a souligné le groupe.
«La procédure de conciliation concerne uniquement l’endettement financier de la société Atos SE et n’aura pas d’impact sur les fournisseurs, les employés, la gouvernance de la société ou sur les autres créanciers de la société ou de ses filiales», a ajouté Atos.
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Discussions pour un financement intérimaire
Il n’y aura notamment «pas de souci» pour les Jeux olympiques de Paris, qui se dérouleront du 26 juillet au 11 août, a souligné le directeur général du groupe, Paul Saleh, lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes. Atos est le principal intégrateur technologique et fournira des services de cybersécurité pour cet événement.
Le groupe est toutefois «en discussions avec ses créanciers financiers concernant la mise en place d’un financement intérimaire, ce qui fournirait un coussin de liquidité supplémentaire au groupe dans l’attente de la conclusion d’un accord global sur le plan de refinancement», a indiqué Atos.
La négociation d’un financement intérimaire laisse à penser que la trésorerie n’est peut-être «pas tant confortable que ça d’ici juillet 2024", indiquent les analystes d’Octo Finances.
«Toutes ces circonstances créent une incertitude significative sur la capacité du groupe à poursuivre son activité en continuité d’exploitation dans le cas où le groupe ne serait pas en mesure de négocier un nouveau plan de refinancement ou de réaliser un programme important de cession d’actifs», a averti Atos.
Paul Saleh s’est cependant montré confiant dans la capacité du groupe à trouver une «solution globale» avec ses créanciers. «Pas mal de solutions [...] vont se présenter» lors de la phase de négociations et Atos aura son propre plan, a indiqué le dirigeant.
Tous les plans présentés seront étudiés, a-t-il ajouté. Ces plans pourraient inclure d'éventuelles options externes, comme celle évoquée dimanche dans le journal Le Figaro par David Layani, président et fondateur de Onepoint, qui détient plus de 11% du capital d’Atos. Ce plan de redressement pour Atos, qui exclurait notamment tout projet de cession, n’a cependant pas été proposé au conseil d’administration du groupe.
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Aucun objectif annoncé pour 2024
Dans ce contexte, Atos n’a pas fourni d’objectifs concernant l’exercice 2024. En outre, le groupe a retiré ses objectifs 2026 «compte tenu des ventes d’actifs envisagées et des discussions en cours pour le refinancement de sa dette».
Le groupe a accusé en 2023 une perte nette part du groupe de 3,44 milliards d’euros, après une perte de 1,01 milliard d’euros en 2022.
Le résultat net normalisé, qui retraite les éléments inhabituels et non récurrents, s’est établi à 73 millions d’euros, à comparer à une perte de 28 millions d’euros en 2022.
Selon un consensus compilé par FactSet, les analystes tablaient en moyenne sur une perte nette de 659 millions d’euros et une perte nette normalisée de 22 millions d’euros.
Malgré un produit de cession de 411 millions d’euros, Atos a consommé 705 millions d’euros de trésorerie l’an dernier, portant son endettement net à 2,2 milliards d’euros, contre 1,45 milliard un an plus tôt. La dette financière brute s'élève à 4,65 milliards d’euros, dont 3,6 milliards d’euros sont à échéance avant fin 2025.
Initialement prévue le 29 février, la publication des résultats 2023 complets du groupe a été reportée à deux reprises, après la fin des discussions portant sur une éventuelle cession de ses activités historiques d’infogérance, Tech Foundations, à EP Equity Investment (EPEI), un fonds détenu principalement par l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky, puis après l’arrêt des discussions avec l’avionneur Airbus concernant la cession des activités de big data et cybersécurité (BDS).
Atos a décidé de ne pas proposer de dividende au titre de l’exercice 2023, tout comme lors de l’exercice précédent.
Comme annoncé le mois dernier, le chiffre d’affaires d’Atos s’est établi à 10,69 milliards d’euros en 2023, en croissance organique de 0,4%. En 2022, Atos avait réalisé un chiffre d’affaires de 11,34 milliards d’euros. La marge opérationnelle s’est établie à 467 millions d’euros l’année dernière, représentant ainsi 4,4% du chiffre d’affaires. Elle a progressé de 170 points de base par rapport à 2022.
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Anthropic règle un litige majeur sur le droit d’auteur en IA avec un accord à 1,5 milliard de dollars
New York - La start-up américaine d’intelligence artificielle (IA) Anthropic a accepté de verser au moins 1,5 milliard de dollars à un fonds d’indemnisation d’auteurs, ayants droit et éditeurs qui poursuivaient l’entreprise pour avoir téléchargé illégalement des millions de livres, selon un document de justice publié vendredi. Cet accord à l’amiable, d’un montant colossal, constitue une étape marquante dans le débat sur l’utilisation de données pour développer et entraîner les grands modèles d’IA générative. «Cet accord historique est le plus élevé pour une affaire de droits d’auteur», a commenté auprès de l’AFP l’avocat des détenteurs de droits, Justin Nelson, du cabinet Susman Godfrey. «C’est le premier de son genre dans l'ère de l’IA». Fin juin, le juge californien saisi du dossier avait néanmoins estimé que le fait d’alimenter un logiciel d’IA générative avec des oeuvres en théorie protégées par le droit d’auteur ne constituait pas une infraction. Il avait seulement retenu contre Anthropic le téléchargement et le stockage de livres issus de librairies pirates en ligne, reconnaissant la société californienne coupable de ne pas avoir acheté ces ouvrages. «Nous sommes en désaccord avec l’opinion du tribunal selon laquelle on peut séparer le téléchargement d’une oeuvre de son utilisation», a indiqué une porte-parole d’Anthropic. Mais «nous pensons que cet accord va nous permettre de nous concentrer sur notre mission essentielle, plutôt que sur un long contentieux», a-t-elle ajouté. Le montant sur lequel se sont accordées les parties sera au minimum de 1,5 milliard de dollars et pourrait augmenter si la liste définitive des livres concernés, qui n’est pas encore arrêtée, dépassait 500.000, auquel cas Anthropic verserait 3.000 dollars de plus par ouvrage. L’accord doit encore être homologué par le juge William Alsup. Une audience est prévue lundi au tribunal fédéral de San Francisco. «Un début» Cette transaction permet à Anthropic d'éviter un procès, qui devait démarrer début décembre pour déterminer le montant des dommages et intérêts. La start-up risquait d'être condamnée à débourser une somme bien supérieure à celle décidée avec les détenteurs de droit, au point de mettre en péril son existence même. L’accord «va assurer à chaque (plaignant) une indemnisation significative», a fait valoir Justin Nelson, «et il établit un précédent en matière de paiement des détenteurs de droits.» De nombreux autres dossiers sont encore en cours devant des tribunaux américains, initiés par des écrivains, musiciens ou éditeurs de presse pour utilisation non autorisée de leur production. Vendredi, deux écrivains ont lancé un recours, qu’ils souhaitent collectif, contre Apple, accusant le géant de la Silicon Valley d’avoir utilisé des oeuvres contenues dans des bibliothèques pirates pour entraîner les modèles d’IA intégrés dans ses appareils. La plupart des grands acteurs de l’IA générative s’appuient sur la notion juridique d’utilisation équitable («fair use» en anglais), susceptible de limiter l’application du droit de propriété intellectuelle. Dans sa décision de juin, le juge Alsup avait estimé qu’en entraînant ses modèles d’IA, baptisés Claude, avec des milliers de livres, Anthropic s’inscrivait dans le cadre de l’utilisation équitable. «Le principe juridique selon lequel le développement de l’IA sur des oeuvres protégées relève d’une utilisation équitable demeure intact», a souligné la porte-parole d’Anthropic. Cet accord «ne fait que régler un différend sur la façon dont certains documents ont été obtenus», a-t-elle poursuivi. En juin, dans une autre affaire de ce type, concernant Meta, devant la même juridiction, un autre magistrat fédéral avait donné raison au géant des réseaux sociaux, mais tout en expliquant que les plaignants auraient pu soulever des arguments recevables. Les créateurs de contenu, qu’il s’agisse de musique, de livres ou d’articles, s’inquiètent de voir la valeur marchande de leur travail s’effondrer avec l'émergence des interfaces d’IA générative. «Nous espérons qu’il s’agisse du premier exemple d’une longue série de sociétés d’IA à qui on demande des comptes pour le vol de contenu créatif», a réagi l’organisation Human Artistry Campaign, qui milite pour un développement responsable de l’IA. «Ce n’est qu’un début», a écrit l’association sur X, «mais il est marquant et historique.» Thomas URBAIN © Agence France-Presse -
Donald Trump rebaptise le Pentagone en « ministère de la Guerre » pour afficher la puissance américaine
Washington - Donald Trump a signé vendredi un décret visant à rebaptiser le ministère américain de la Défense en «ministère de la Guerre», ajoutant qu’il voulait par là envoyer un «message de victoire» et «de force» au reste du monde. Le président américain a laissé entendre qu’il pouvait se passer d’un vote du Congrès pour procéder à ce changement d’appellation. «Les mots comptent», a dit le chef du Pentagone Pete Hegseth, présent aux côtés de Donald Trump dans le Bureau ovale, assurant que cette nouvelle appellation devait permettre de «restaurer une éthique guerrière». Formellement, il s’agit pour l’instant d’une appellation «supplémentaire», selon un document distribué dès jeudi par la Maison Blanche. Un haut responsable du ministère a indiqué que le coût de cette opération, potentiellement très dispendieuse, deviendrait «plus clair» au fur et à mesure de sa mise en place. Peu après la signature du décret présidentiel, les mots «ministère de la Défense» ont été immédiatement retirés d’un mur dans le Pentagone, devant des caméras de télévision. Le site du ministère a été renommé et Pete Hegseth se présente désormais comme «ministre de la Guerre» sur X. «Nous allons soumettre (ce changement de nom) au Congrès», a prévenu Donald Trump. «Je ne sais pas (si les parlementaires voteront en ma faveur, ndlr), nous verrons bien, mais je ne suis pas sûre qu’ils aient besoin de le faire». «Trop défensif» Ce n’est pas la première fois que le républicain de 79 ans impose ses idées sans passer par la case législative. Son second mandat est marqué par une volonté assumée d'étendre le pouvoir présidentiel, à coups de décrets et de décisions empiétant sur les prérogatives du Congrès. Il a signé vendredi son 200e décret depuis son retour à la Maison Blanche en janvier. Le président des Etats-Unis avait déjà fait part de ce projet qui restaurerait une appellation ayant existé de 1789 à 1947. «Défense, c’est trop défensif, et nous voulons aussi être offensifs», avait-il déclaré. Depuis son retour à la Maison Blanche en janvier, Donald Trump a mobilisé l’armée pour imposer une image de puissance spectaculaire et combler son appétit de fastes militaires. Il a organisé un rare défilé le jour de son anniversaire, déployé la Garde nationale dans des villes dirigées par ses opposants, et ordonné une frappe exceptionnelle sur un bateau dans les Caraïbes dans le cadre de la lutte affichée contre le narcotrafic. Les démocrates dénoncent régulièrement ce recours aux militaires, révélateur selon eux d’une dérive autoritaire. Contre le «politiquement correct» Le président américain avait eu pendant son premier mandat une relation plutôt contrariée avec l’armée. Son ancien chef d'état-major, le général Marc Milley, l’a qualifié d’"aspirant dictateur». Des articles de presse avaient également attribué à Donald Trump des propos méprisants pour des militaires américains morts au combat. Cette fois, le dirigeant républicain a remanié l'état-major américain pour s’entourer de hauts gradés choisis par ses soins, et a nommé en la personne de Pete Hegseth un ministre à la loyauté farouche. Le chef du Pentagone, adepte d’un discours viriliste et d’opérations de communication musculeuses, a dit vendredi que l’objectif de l’armée américaine était d’atteindre «une létalité maximale, pas une létalité tiède». Il a dit vouloir aller à l’encontre du «politiquement correct». Aurélia END © Agence France-Presse