
Atos change de directeur général et chute en Bourse

Le groupe de services numériques Atos a nommé mercredi son quatrième directeur général en autant d’années et annoncé le départ de Philippe Oliva, qui dirigeait son activité de cybersécurité Eviden, provoquant une nouvelle chute de son cours de Bourse.
Vers 13h, l’action Atos accusait la plus forte baisse de l’indice SBF 120, perdant 4,7% à 6,03 euros.
Avec l’arrivée d’Yves Bernaert, nommé directeur général avec effet immédiat, et le départ de Philippe Oliva, Atos change d'équipe dirigeante pour la quatrième fois depuis la fin 2019, date à laquelle le PDG Thierry Breton a quitté le groupe pour devenir commissaire européen en charge du Marché intérieur.
Signe de la crise que traverse le groupe avant la réalisation de sa scission, Atos avait déjà annoncé en fin de semaine dernière le départ du directeur général de sa division Big data & Cybersecurity (BDS), Jean-Philippe Poirault. Mercredi, Caroline Ruellan a démissionné de son poste de membre indépendante du conseil d’administration d’Atos.
Tous ces changements rajoutent de l’incertitude «à un moment où on ne sait pas où le groupe se projette», déplore un analyste.
A lire aussi: Climat sous tension chez Atos
Atos «en ordre de marche»
Atos a annoncé en août l’ouverture de discussions exclusives avec EP Equity Investment (EPEI), un fonds détenu principalement par Daniel Kretinsky, pour lui céder sa branche Tech Foundations, qui regroupe ses activités historiques de services d’infogérance. Selon Atos, le projet de cession de Tech Foundations, avec un impact positif net sur la trésorerie de 0,1 milliard d’euros et le transfert de 1,9 milliard d’euros d’engagements au bilan, conduit à une valeur d’entreprise de 2 milliards d’euros pour cet actif. En parallèle de ce projet de cession, Atos a indiqué qu’il se renommerait Eviden - le nom de sa branche de cybersécurité - et comptait renforcer son bilan avec la réalisation de deux augmentations de capital d’un montant total de 900 millions d’euros.
Le groupe prévoit de boucler d’ici à la fin de l’année ces opérations. Avant cela, les actionnaires doivent se réunir en assemblée générale extraordinaire pour se prononcer sur le projet de cession de Tech Foundations à EPEI. La date de cette assemblée n’est pas encore connue.
Le projet de transformation d’Atos est vivement critiqué dans les milieux politiques, les activités d’infogérance étant considérées comme sensibles, et par certains actionnaires d’Atos, dont le fonds d’investissement activiste Ciam.
Le groupe est «en ordre de marche pour mener à bien sa transformation», a néanmoins assuré Atos mercredi.
Yves Bernaert, qui dirigeait précédemment la branche européenne d’Accenture Technology, «aura pour première mission de mener à bien les prochaines étapes du plan de transformation et d’accélérer le redressement des activités du groupe», a indiqué Atos dans un communiqué. Si le conseil d’administration décide de finaliser la séparation, le dirigeant sera alors «exclusivement» chargé de développer Eviden, a ajouté le groupe, qui compte proposer à l’assemblée générale de nommer Yves Bernaert administrateur.
Nourdine Bihmane devient directeur général adjoint
Yves Bernaert conduira, «aux côtés de Paul Saleh, directeur financier du groupe, les négociations exclusives en cours avec EPEI sous la supervision du conseil d’administration en vue de l’approbation du projet d’opération et des augmentations de capital envisagées par l’assemblée générale», a indiqué Atos.
Yves Bernaert succède à la direction générale à Nourdine Bihmane, qui dirigeait le groupe depuis juillet 2022 et a été nommé directeur général adjoint d’Atos en charge des services d’infogérance.
Parallèlement à cette nomination, le directeur général d’Eviden, Philippe Oliva, a «pris la décision de quitter le groupe au terme d’une période de transition» et Diane Galbe, jusque là directrice générale adjointe d’Atos, a «rejoint les équipes de Tech Foundations», a indiqué Atos.
Ces changements interviennent alors que Nourdine Bihmane et Diane Galbe, qui étaient chargés de négocier la cession de Tech Foundations à Daniel Kretinsky, sont visés par une plainte pour corruption active et passive déposée auprès du Parquet national financier (PNF) par un actionnaire minoritaire du groupe, le fonds Alix PM.
Dans ce contexte, le sort du président du conseil d’administration, Bertrand Meunier, reste incertain, prévient l’analyste. L’assemblée générale a rejeté en juin une résolution du gestionnaire d’actifs Sycomore AM demandant la révocation de Bertrand Meunier de son mandat d’administrateur, mais le plan stratégique porté par le dirigeant demeure contesté.
«La valse des directeurs généraux ne sert à rien si la stratégie est mal construite», résume l’analyste.
A lire aussi: Atos défend la vente de Tech Foundations face à des actionnaires contestataires
Plus d'articles du même thème
-
Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
Un mois après le début de ce conflit, l’avionneur a lancé le recrutement de salariés permanents pour assurer la continuité de sa production. -
Bruxelles condamne Google à une amende de 3 milliards d’euros
La Commission européenne préconise que le géant américain cède une partie de ses services de technologie publicitaire incriminés dans la décision. Le groupe va faire appel. -
Schroders nomme un responsable de la stratégie clients
La société de gestion britannique a recruté un ancien dirigeant de BNY Investments pour pourvoir ce poste.
ETF à la Une

L'ETF d'Ark Invest, le casse estival de l'IPO de «Bullish»
- A la Société Générale, les syndicats sont prêts à durcir le ton sur le télétravail
- Revolut s’offre les services de l’ancien patron de la Société Générale
- Boeing essaie de contourner la grève en cours dans ses activités de défense
- Le Crédit Agricole a bouclé l'acquisition de Banque Thaler
- Les dettes bancaires subordonnées commencent à rendre certains investisseurs nerveux
Contenu de nos partenaires
-
Dernière séance
Après-Bayrou : Emmanuel Macron face au risque d'impasse
Pour remplacer François Bayrou, le chef de l'Etat cherche un profil susceptible d'éviter une motion de censure, un cas de figure qui ne lui laisserait pas d'autre choix que de dissoudre une nouvelle fois l'Assemblée nationale -
Edito
La chimère du « socle commun »
Un an plus tard, deux Premiers ministres au tapis – Barnier en décembre et sans doute Bayrou ce lundi – retour à la case départ avec toujours la même impossible équation à résoudre -
A Hénin-Beaumont, Marine Le Pen menace déjà le futur Premier ministre
Lors de sa rentrée politique, dimanche, la patronne du RN a durci son discours et énoncé ses conditions, portée par sa base dégagiste