
Arm tente la cotation de tous les dangers

L’introduction en Bourse d’Arm sera-t-elle à la hauteur des attentes des investisseurs et surtout de son actionnaire SoftBank ? Rien n’est moins sûr. A quelques jours de l’échéance, le conglomérat japonais revoit déjà à la baisse ses ambitions pour le projet de cotation du champion britannique des microprocesseurs.
SoftBank a distillé, mardi 5 septembre, quelques chiffres pour le projet d’IPO d’Arm, qu’il prévoit a priori pour le 14 septembre. Il a donné le coup d’envoi, par la même occasion, de son roadshow auprès des investisseurs potentiels. Selon des documents publiés ce 5 septembre sur le site du gendarme de la Bourse américaine (SEC), il cherche à lever jusqu’à 4,9 milliards de dollars (4,57 milliards d’euros) dans le cadre de l’IPO la plus importante de l’année.
Baromètre pour les marchés
Cette introduction au Nasdaq sous le symbole ARM est scrutée par les marchés financiers. Elle servira de baromètre sur leur état de santé, alors que les opérations de ce type se sont raréfiées ces derniers mois.
Ce sera incontestablement la plus grosse opération de l’année, qui dépassera la cotation à 4,37 milliards de dollars de Kenvue, spin-off santé de Johnson & Johnson.
Si Arm séduit les marchés, cela pourrait aussi ouvrir la voie à des IPO de dizaines d’autres sociétés aux États-Unis, dont les projets de cotation sont restés dans les limbes dans une année noire pour les nouveaux candidats à la cote. L’entreprise de livraison d'épicerie en ligne Instacart, le spécialiste d’automatisation de données Klaviyo, et le fabricant de chaussures Birkenstock font partie de ceux qui, le cas échéant, sont prêts à tenter leur chance.
Arm, un des principaux acteurs dans la chaîne d’approvisionnement des semi-conducteurs pour les smartphones, avait bien confirmé courant août l’introduction à la Bourse de New York pour septembre d’Arm, préférant finalement Wall Street à Londres. Pour cette opération, Softbank s’est adjoint, parmi d’autres banques, les services de Goldman Sachs, JPMorgan Chase, Barclays et Mizuho Financial Group.
Reste que les chiffres qu’il a dévoilés mardi sont inférieures aux attentes. Il proposera 95,5 millions de certificats de dépôt américains (ADS), et annonce une fourchette indicative de prix fixée entre 47 et 51 dollars. En cas de forte demande, le nombre de titres pourrait atteindre 102,5 millions. SoftBank Group prévoit de vendre environ 10% de l’ensemble des actions en circulation de la société à ce prix.
Avec 1,03 milliard d’actions ordinaires en circulation à l’issue de l’IPO, cette fourchette de prix valorise Arm entre 48,2 milliards et 52,3 milliards de dollars. Soit bien moins que la valorisation de 60 à 70 milliards de dollars que Softbank espérait encore courant août.
Scepticisme
Les investisseurs seraient-ils déjà sceptiques ? Arm n’est peut-être pas assez solide pour prendre le train de l’intelligence artificielle (IA), qui a alimenté cette année les passions des investisseurs. James Anderson, un des investisseurs technologiques les plus en vue en Grande-Bretagne, l’assure, Arm et Softbank auraient du mal à vendre un projet de croissance exponentielle auprès des bailleurs de fonds potentiels, affirmant qu’il n'était «pas clair qu’Arm soit un acteur essentiel», rapportait mardi le Financial Times.
A ses yeux, Arm n’est pas forcément le principal acteur sur des marchés aussi cruciaux que le cloud (stockage de données à distance), et surtout, sur l’intelligence artificielle, un secteur porté par les IA génératives, comme ChatGPT ou Bard. Mais sur lequel Arm ne serait pas aussi solide que le fournisseur américain de puces Nvidia, fort de 26.000 salariés – contre seulement 6.000 pour Arm -, qui a connu une croissance fulgurante, dépassant cette année les 1.000 milliards de dollars de capitalisation boursière. Quand bien même Arm, de son côté, est réputé pour l’efficacité de l’architecture technologique de ses puces.
A contrario, des dizaines de clients actuels d’Arm ont fait part de leur intérêt pour investir à l’occasion de l’IPO, tels qu’Apple, Amazon, Intel, Nvidia, Alphabet, Microsoft ou encore Samsung Electronics.
Plusieurs ont indiqué qu’ils pourraient acheter des actions pour un montant total de 735 millions de dollars dans le cadre de l’IPO, selon le document déposé auprès de la SEC. Un tel montant ne représenterait qu’une portion du papier disponible pour l’IPO et une infime partie de la valorisation attendue pour le fabricant de puces. Mais l’entrée de ces mastodontes au capital d’Arm pourrait constituer un gage de confiance pour d’autres investisseurs institutionnels encore attentistes. A ce stade, Arm tente bien la cotation de tous les dangers.
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