
Alstom retrouve de la traction en Bourse grâce à ses perspectives

Victime de la défiance des investisseurs depuis le rachat de Bombardier Transport il y a près de deux ans, Alstom s’emploie depuis quelques mois à rassurer sur sa capacité à intégrer les activités ferroviaires du canadien tout en vantant la résistance d’un modèle économique de long terme capable d'échapper aux aléas de la conjoncture.
A lire les bons résultats semestriels et les perspectives encourageantes dévoilés mercredi, le fabricant de TGV semble effectivement rouler désormais sur de bons rails, notamment boursiers avec un gain de plus de 7% à 25,59 euros, soit un plus haut de trois mois. Citi a salué l’estimation chiffrée du flux de trésorerie disponible pour l’exercice en cours, «l’un des points positifs de cette publication», note l’intermédiaire financier. De son côté, UBS qui s’attend à une révision en hausse du consensus, a confirmé son opinion «acheter» assortie d’un objectif de cours de 37 euros.
Perspectives précisées
Alstom a affiné ses objectifs pour l’exercice qui s’achèvera à la fin mars 2023, dans le sillage de résultats semestriels supérieurs aux attentes.
Fort de sa capacité à faire face aux «perturbations liées à la crise des composants électroniques, de la chaîne d’approvisionnement et de l'énergie», le groupe a annoncé prévoir pour l’ensemble de son exercice 2022-2023 une marge d’exploitation dans une fourchette de 5,1% à 5,3%, à comparer à 5% en 2021-2022. Le groupe anticipait jusque-là une marge en hausse en 2022-2023. Alstom vise également une génération de cash-flow libre dans la fourchette de 100 millions à 300 millions d’euros, contre un objectif de flux de trésorerie libre positif auparavant. Par ailleurs, le groupe dirigé par Henri Poupart-Lafarge a confirmé son objectif d’un ratio de commandes sur chiffre d’affaires supérieur à 1 pour l’exercice en cours.
Alstom a livré ces perspectives parallèlement à la publication de résultats solides, signe de la résistance des activités du groupe à la dégradation de la conjoncture économique.
Consensus dépassé
Pour les six mois allant d’avril à septembre, la perte nette part du groupe a atteint 21 millions d’euros, contre une perte de 26 millions d’euros un an plus tôt. Alstom a été pénalisé par 195 millions d’euros de charges comptables liées à l’allocation du prix d’acquisition, ou PPA, de Bombardier Transport, dont le rachat a été finalisé en début d’année. Le PPA est un exercice comptable qui doit être réalisé après la finalisation d’une acquisition et qui consiste à allouer le prix d’acquisition de la cible en évaluant son actif net à sa juste valeur ainsi que le «goodwill», soit l'écart entre le prix d’acquisition et la juste valeur de cet actif net.
Hors PPA et pertes liées aux activités non poursuivies, le groupe a dégagé un résultat net ajusté de 179 millions d’euros, contre 172 millions d’euros un an plus tôt.
Le résultat d’exploitation ajusté, indicateur phare de la rentabilité du groupe, s’est établi à 397 millions d’euros, en hausse de 18,5%. Le consensus portait sur 387 millions d’euros. La marge correspondante s’est inscrite à 4,9%, contre 4,5% sur la même période de l’exercice 2021-2022. Le chiffre d’affaires du premier semestre a progressé de 8% sur un an en données publiées et de 5% en données comparables, à 8 milliards d’euros. Selon le consensus fourni par Alstom, les analystes tablaient en moyenne sur 8,01 milliards d’euros.
Avec des prises de commandes meilleures qu’attendu, soit 10,1 milliards d’euros sur six mois, contre 9,73 milliards d’euros un an plus tôt et un niveau anticipé de 9,6 milliards d’euros, le groupe a bénéficié de la vigueur de la demande en Europe avec notamment un contrat allemand portant sur la fourniture et la maintenance de 130 trains, avec une option pour 100 trains supplémentaires, et la commande en France de 15 trains à grande vitesse (TGV).
Alstom in Motion 2025 toujours d’actualité
Au 30 septembre 2022, le carnet de commandes atteignait 85,9 milliards d’euros, «offrant au groupe une forte visibilité sur ses ventes futures», a indiqué Alstom.
Le groupe a par ailleurs généré un flux de trésorerie libre négatif de 45 millions d’euros au premier semestre, contre un flux négatif de 1,5 milliard d’euros un an plus tôt. Le consensus visait un flux négatif de 200 millions d’euros.
«La dynamique de marché reste très positive, portée par des clients qui confirment leurs plans d’investissement dans toutes les régions. Notre performance opérationnelle est en amélioration continue à mesure que nous progressons dans l’intégration de Bombardier Transport conformément au plan. Par conséquent, la qualité de notre carnet de commandes s’améliore, avec pour résultat la réalisation des objectifs et l’amélioration de la profitabilité malgré un environnement macroéconomique difficile», a indiqué le PDG Henri Poupart-Lafarge. Dans ce cadre, le groupe a confirmé les perspectives financières de son plan «Alstom in Motion 2025» dévoilées en juillet 2021, soit avant la dégradation de la conjoncture mondiale.
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Immigration clandestine : raid policier dans une usine Hyundai-LG aux Etats-Unis, près de 500 arrestations
Washington - Près de 500 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, ont été arrêtées par la police de l’immigration dans une usine de fabrication de batteries des groupes sud-coréens Hyundai et LG dans l’Etat de Géorgie (sud-est), soupçonnées de travailler illégalement aux Etats-Unis. Le raid, mené jeudi, résulte d’une «enquête pénale liée à des accusations de pratiques d’embauche illégales et à de graves infractions fédérales», a expliqué vendredi Steven Schrank, un agent du service d’enquêtes du ministère américain de l’Intérieur, au cours d’une conférence de presse. Il s’agit de «la plus importante opération des forces de l’ordre sur un même site de toute l’histoire du service des +Homeland Security Investigations+ (+Enquêtes sur la sécurité intérieure+)», a-t-il affirmé, s’exprimant d’Atlanta, dans l’Etat de Géorgie. Les 475 personnes arrêtées dans cette usine, située dans la ville d’Ellabell, se «trouvaient aux Etats-Unis de manière illégale» et «travaillaient illégalement», a affirmé M. Schrank, soulignant que la «majorité» d’entre elles étaient de nationalité sud-coréenne. Sollicité par l’AFP aux Etats-Unis, le constructeur automobile a répondu être «au courant du récent incident» dans cette usine, «surveiller étroitement la situation et s’employer à comprendre les circonstances spécifiques» de cette affaire. «A ce stade, nous comprenons qu’aucune des personnes détenues n'était directement employée par le groupe Hyundai», a-t-il poursuivi, assurant donner «priorité à la sécurité et au bien-être de quiconque travaille sur ce site et au respect de toutes les législations et réglementations». De son côté, LG Energy Solution a affirmé suivre «de près la situation et recueillir toutes les informations pertinentes». «Notre priorité absolue est toujours d’assurer la sécurité et le bien-être de nos employés et de nos partenaires. Nous coopérerons pleinement avec les autorités compétentes», a ajouté cette entreprise. La Corée du Sud, la quatrième économie d’Asie, est un important constructeur automobile et producteur de matériel électronique avec de nombreuses usines aux Etats-Unis. Mission diplomatique Une source proche du dossier avait annoncé quelques heures plus tôt, de Séoul, qu’"environ 300 Sud-Coréens» avaient été arrêtés pendant une opération du Service de l’immigration et des douanes américain (ICE) sur un site commun à Hyundai et LG en Géorgie. De son côté, l’agence de presse sud-coréenne Yonhap avait écrit que l’ICE avait interpellé jusqu'à 450 personnes au total. Le ministère sud-coréen des Affaires étrangères avait également fait d'état d’une descente de police sur le «site d’une usine de batteries d’une entreprise (sud-coréenne) en Géorgie». «Plusieurs ressortissants coréens ont été placés en détention», avait simplement ajouté Lee Jae-woong, le porte-parole du ministère. «Les activités économiques de nos investisseurs et les droits et intérêts légitimes de nos ressortissants ne doivent pas être injustement lésés dans le cadre de l’application de la loi américaine», avait-il poursuivi. Séoul a envoyé du personnel diplomatique sur place, avec notamment pour mission de créer un groupe de travail afin de faire face à la situation. Les autorités sud-coréennes ont également fait part à l’ambassade des Etats-Unis à Séoul «de (leur) inquiétude et de (leurs) regrets» concernant cette affaire. En juillet, la Corée du Sud s'était engagée à investir 350 milliards de dollars sur le territoire américain à la suite des menaces sur les droits de douane de Donald Trump. Celui-ci a été élu pour un second mandat en novembre 2024, en particulier sur la promesse de mettre en oeuvre le plus important programme d’expulsion d’immigrés de l’histoire de son pays. Depuis, son gouvernement cible avec la plus grande fermeté les quelque onze millions de migrants sans papiers présents aux Etats-Unis. Au prix, selon des ONG, des membres de la société civile et jusqu’aux Nations unies, de fréquentes violations des droits humains. D’Atlanta, le Bureau de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs (ATF) a expliqué sur X avoir participé à l’arrestation d’environ 450 «étrangers en situation irrégulière» au cours d’une opération dans une usine de batteries, une coentreprise entre Hyundai et LG. Selon son site internet, Hyundai a investi 20,5 milliards de dollars depuis son entrée sur le marché américain en 1986 et compte y investir 21 milliards supplémentaires entre 2025 et 2028. L’usine d’Ellabell a été officiellement inaugurée en mars, avec l’objectif de produire jusqu'à 500.000 véhicules électriques et hybrides par an des marques Hyundai, Kia et Genesis. Elle devrait employer 8.500 personnes d’ici à 2031. © Agence France-Presse