AllianzGi veillera à l’exigence des critères ESG dans la rémunération des dirigeants

Le gérant d’actifs n’est pas favorable aux présidents anciens PDG et regardera de près les justifications apportées et leur rémunération.
Bruno de Roulhac
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Le gérant d’actifs votera dès 2023 contre les rémunérations des dirigeants si leurs politiques n’incluent pas d’indicateurs clés de performance ESG.  -  Image par Mees Groothuis de Pixabay

A quelques semaines de la saison 2022 des assemblées générales, de nouveau en physique en France, Allianz Global Investors dévoile mardi matin ses nouvelles exigences. Le gérant d’actifs, qui a participé à près de 10.200 assemblées dans le monde l’an dernier, prévient les grandes sociétés européennes cotées, qu’elle votera dès 2023 contre les rémunérations de leurs dirigeants si leurs politiques n’incluent pas d’indicateurs clés de performance environnemental, social et de gouvernance (ESG). Cette année sera une année d’adaptation pour les retardataires. « Les niveaux d’avancements sont très différents d’un pays à l’autre, avec le Royaume-Uni et la France parmi les bons élèves et l’Allemagne et les pays nordiques bien en retrait, confie Marie-Sybille Connan, senior stewardship analyst chez Allianz GI. Nous voulons des critères de performance ESG spécifiques, atteignables mais ambitieux, et en lien avec la stratégie. Ces critères doivent refléter la performance environnementale (émission des gaz à effet de serre,…), sociale (santé, sécurité, gestion responsable des restructurations…), une bonne gouvernance (féminisation des instances dirigeantes, diversité,…), et ne pas être systématiquement atteints, sinon ils se réduiraient à un simple effet d’aubaine. En revanche, l’appartenance à un indice ESG n’est pas pour nous un critère pertinent ».

AllianzGI continuera à challenger les sociétés lors de ses rencontres d’engagement avec l’administrateur référent indépendant ou le secrétaire du conseil en demandant des critères de plus en plus quantitatifs ou, si qualitatifs, quantifiables ou binaires, permettant de voir si l’objectif a été rempli ou non. « Nous serons particulièrement vigilants quand les critères sont atteints, voire dépassés, alors que les critères financiers ne le sont pas, comme parfois l’an dernier, poursuit Marie-Sybille Connan. Nous ne voulons pas d’effet rattrapage ou du greenwashing ».

En France, les transmissions de pouvoir à la tête de grandes entreprises ont conduit cette année à plusieurs dissociations des fonctions de président et de directeur général, avec un ancien PDG qui devient président non-exécutif mais non indépendant. « Une telle nomination est contraire à nos principes de vote, aussi nous serons très vigilants aux explications apportées par le conseil d’administration, prévient Marie-Sybille Connan. Nous regarderons aussi la rémunération de ces nouveaux présidents, qui doivent se contenter d’un fixe et ne plus toucher de variable. Les plans passés de rémunération de long terme doivent s’arrêter et être proratisés, mais ce n’est pas toujours le cas ». En outre, les actionnaires activistes, de plus en plus présents, pourraient déposer des résolutions alternatives sur la composition des conseils d’administration, anticipe AllianzGI.

Un vote climat annuel

Cette année verra aussi la montée en puissance du say-on-climate. Là encore, tous les pays n’offrent pas la même transparence. « Les résolutions climat, émanant de la société ou d’actionnaire, sont plus nombreuses en France, alors qu’il n’est pas possible d’en déposer dans d’autres juridictions comme en Allemagne par exemple », précise Marie-Sybille Connan. En France, l’an dernier, Atos, Vinci et TotalEnergies ont donné le ton. « TotalEnergies affichait la communication et le plan les plus complets compte tenu de l’enjeu climat pour la société, constate Marie-Sybille Connan. D’une manière générale, nous attendons la présentation d’une trajectoire nette zéro 2050, avec des objectifs à court terme (2024-2025), moyen terme (2030) et long terme (2050), en ligne avec le référentiel Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD) ». Dans une logique d’accompagnement, AllianzGI attend idéalement que le plan climatique – ses ajustements et ses avancées – soit présenté chaque année au vote des actionnaires.

AllianzGI a également renforcé sa politique de vote en matière de diversité ethnique au Royaume-Uni et aux États-Unis. « Aux Etats-Unis, nous votons contre le président du comité des nominations si le conseil ne compte pas au moins un membre avec une diversité ethnique et de genre. Nous appliquerons cette même règle au Royaume-Uni à partir de 2023 », précise Marie-Sybille Connan.

Des recommandations de vote qui ne doivent pas être prises à la légère. En 2021, AllianzGI s’est opposé à 21% des résolutions (20% en France), et à 47% sur celles portant sur la rémunération des dirigeants (24% en France). L’an dernier, le gestionnaire d’actifs a voté pour les 31 résolutions climat déposées par 30 sociétés.

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