
Allianz GI relève ses exigences en matière de transition climatique

Pas de greenwashing possible. Allianz GI donne le ton des futures assemblées générales (AG). A partir de 2024, la société de gestion votera contre les administrateurs des entreprises fortement émettrices sans objectif «net zero» fiable. En fonction de la composition du conseil, Allianz GI votera contre le président du comité RSE (ou équivalent), du comité stratégique ou du conseil d’administration, si les informations liées à l’impact financier de la transition climatique sont jugées insatisfaisantes. « Cette règle s’applique dès cette année, même si nous ne sanctionnerons pas encore, confie Marie-Sybille Connan, senior stewardship analyst chez Allianz GI. Nous demandons des objectifs de décarbonation à court et moyen terme, et si possible à plus long terme, validés par des organismes reconnus comme le SBTi ou le Transition Pathway Initiative (TPI). En outre, la politique de lobbying ne doit pas être en contradiction avec les objectifs ‘net zero’, les investissements doivent être chiffrés et orientés vers cette trajectoire, et l’information doit être de qualité, lisible et comparable. Par ailleurs, le conseil d’administration, collectivement responsable, doit être en capacité de challenger la direction ». Un certain nombre d’entreprises américaines – souvent moins avancées que leurs homologues européennes sur ces sujets – suscitent de vives inquiétudes, note Allianz GI.
Pousser les entreprises à faire voter un plan climat
En 2022, le « say-on-climate » n’a vraiment décollé que dans quelques pays européens, principalement en France et au Royaume-Uni, avec 52 résolutions climat présentées dans le monde par les conseils d’administration. AllianzGI continuera de soutenir les résolutions climatiques d’actionnaires en fonction de leur mérite et a approuvé l’an dernier 70 des 87 propositions d’actionnaires sur le climat. « Nous regardons les résolutions déposées par d’autres investisseurs et nous pourrions nous associer à eux, précise Marie-Sybille Connan. Le dépôt de résolution est facilité aux Etats-Unis et pallie d’une certaine manière une réglementation climatique insuffisante. La situation est inversée en Europe où les dépôts de résolution sont plus difficiles du fait des effets de seuil. C’est pourquoi nous préférons plutôt pousser les entreprises à présenter au vote un plan de transition climatique, détaillé et transparent ».
Vigilance sur les hausses de rémunération des dirigeants
La rémunération des dirigeants sera de nouveau le principal sujet de préoccupation en AG. Au regard notamment du niveau d’inflation élevé, Allianz GI évaluera les plans de rémunération en prenant en considération les augmentations de salaire de l’ensemble des salariés des sociétés considérées, dans un souci de cohésion sociale mais aussi des restructurations ou licenciements qu’elles auraient mis en place ou des réductions de dividendes. « Nous serons très vigilants sur les hausses des rémunérations des dirigeants, poursuit Marie-Sybille Connan. Dans les road-shows pré-AG, certaines rares entreprises invoquent l’inflation pour relever le fixe des mandataires sociaux. Nous demandons à tous exemplarité et modération. Nous regardons l’alignement de cette rémunération avec la pérennité long terme de la société, et avec l’évolution générale de la rémunération des collaborateurs dans la mesure où l’inflation ne sera pas subie de la même manière selon les pays ou les métiers ». En 2022, AllianzGI s’est opposé à 43% des résolutions liées à la rémunération des dirigeants dans le monde, mais à seulement 23% en France, pays qui enregistre la plus faible contestation derrière le Japon (12%) et le Royaume-Uni (20%).
Veiller à l’indépendance du conseil
Troisième point d’attention, l’indépendance du conseil et le renouvellement des mandats. L’an dernier, AllianzGI s’est opposé à 33% des élections d’administrateurs en France (contre 23% dans le monde), notamment en raison des anciens PDG qui restent présidents. Une dissociation saluée par le gérant d’actifs, mais qui exige que cette transition soit limitée dans le temps, ce qui était rarement le cas. « Avoir un président non indépendant reste problématique. Encore plus quand un PDG a une emprise forte sur le conseil, explique Marie-Sybille Connan. Aussi, nous demandons à rencontrer l’administrateur référent indépendant. Si le conseil dispose d’un budget propre, comme le recommande l’AFG, c’est encore mieux ». En outre, Allianz GI demande 100% d’administrateurs indépendants au sein du comité d’audit. « Il est également important de s’assurer d’une meilleure représentativité des femmes au sein des instances dirigeantes de manière à ce qu’elles deviennent de potentielles administratrices pour d’autres entreprises, élargissant ainsi le vivier de candidats », ajoute Marie-Sybille Connan, rappelant son attachement au respect des règles de cumul de mandat.
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