
Airbus porte un coup de massue à Atos


Un véritable coup de tonnerre. Le constructeur aéronautique Airbus a annoncé, mercredi, qu’il rompait les discussions entamées le mois dernier avec Atos au sujet de l’achat de 29,9% d’Evidian, la nouvelle structure qui réunira ses activités liées à la transformation numérique ainsi que celles de Big Data et Sécurité (BDS).
Le choc a été rude pour Atos, dont l’action a dévissé, mercredi, de 16,8%, à 10,71 euros, soit la plus forte baisse du SBF 120. Pour sa part, le titre Airbus a gagné 1,8%, à 120,90 euros.
«Il s’agit très clairement d’une mauvaise nouvelle pour Atos, qui devait retrouver plus de visibilité grâce à l’appui d’Airbus», commente un analyste parisien. «C’est désormais une nouvelle période d’incertitude qui s’ouvre» pour l’entreprise de services numériques, ajoute-t-il.
Pourquoi cette volte-face d’Airbus ? «Après un examen approfondi, Airbus est parvenu à la conclusion que l’acquisition potentielle d’une participation minoritaire de 29,9% dans Evidian ne répondait pas aux objectifs de la société dans le contexte et la structure actuels», a souligné l’avionneur dans une déclaration transmise à l’agence Agefi-Dow Jones.
A lire aussi: La gouvernance, l’autre talon d’Achille d’Atos
Le coût et la cohérence du projet en question
Comme souvent, l’argent se trouverait au cœur du problème. Si aucun montant financier n’a jamais été dévoilé, la presse avait rapporté qu’Atos espérait une valorisation de 7 milliards d’euros dette incluse pour Evidian. Dans ce scénario, la valorisation hors dette aurait atteint 4 milliards d’euros, ce qui signifie qu’Airbus aurait dû débourser 1,2 milliard d’euros pour prendre environ 30% du capital d’Evidian.
«Atos s’est montré trop ambitieux, constate l’analyste parisien, car le marché visait en moyenne une valorisation (dette incluse) comprise entre 5 milliards et 5,5 milliards d’euros pour Evidian.»
Ce revirement d’Airbus pourrait être aussi lié à la logique même de l’opération. En février dernier, un intermédiaire financier se disait «perplexe» face à cet investissement, car il paraissait «difficile de dégager des synergies juste avec une prise de participation minoritaire».
Ce projet avait d’ailleurs suscité l’ire du fonds d’investissement activiste britannique TCI, un actionnaire historique d’Airbus. Dans un courrier adressé à Airbus le 20 février, Chris Hohn, le fondateur de TCI, avait demandé à l’avionneur de renoncer immédiatement à ses plans concernant Evidian, les considérant comme «destructeurs de valeur». TCI se réservait même le droit d’intenter une action en dommages et intérêts si l’opération se poursuivait et s’il était prouvé qu’elle était en partie motivée par des raisons politiques.
Des discussions autour d’autres options
Pour autant, la partie n’est peut-être pas complètement terminée. Les deux groupes «continuent de discuter d’autres options», ont précisé Airbus et Atos dans des communiqués distincts, ajoutant que le travail se poursuivait concernant un «partenariat stratégique et technologique de long terme entre Airbus et Evidian».
Dès lors, quels seraient les scénarios alternatifs ? «Toutes les options semblent possibles, observe l’analyste parisien, mais il apparaît que c’est la division BDS et ses activités de cybersécurité qui intéressent le plus Airbus.» Une vente à la découpe à laquelle s’est toujours opposé Atos. Cette position étonne ce même analyste, «compte tenu de la situation de faiblesse que connaît Atos, malgré les premiers signaux positifs enregistrés lors du second semestre 2022».
Si aucun accord n’est trouvé avec Airbus, Atos devra chercher un autre partenaire pour Evidian. Les noms d’Orange, Thales et Astek ont déjà circulé par le passé. Sans oublier les candidats malheureux Onepoint et ICG, dont l’offre conjointe de 4,2 milliards d’euros a été déclinée par Atos en septembre dernier.
A l’affût, Onepoint vient d’ailleurs de renouveler son intérêt. «Les équipes de Onepoint sont totalement mobilisées et étudieront toutes les possibilités de rapprochement, dans le cadre d’une acquisition d’Evidian, pour apporter une solution française pérenne et ainsi satisfaire toutes les parties prenantes», a déclaré David Layani, le président de Onepoint, dans une déclaration transmise à l’agence Agefi-Dow Jones.
Le dossier Evidian n’a donc pas fini d’agiter les marchés.
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