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Que faire après la baisse des taux de la BCE ?

La BCE a annoncé le 6 juin une baisse de 25 points de base de ses taux directeurs. Cet événement majeur vient clôturer une longue séquence dominée par l’anticipation par les investisseurs d’un «pivot» monétaire à venir dont la genèse date de septembre dernier. En effet, les anticipations d’inflation ont commencé à sensiblement se détendre à partir de cette date. Le «point mort» d’inflation à 3 ans en Allemagne, qui s’établissait à +2,5% en septembre, au-delà de la cible BCE de 2,0%, évolue aujourd’hui à titre d’illustration autour de 1,5%.
Nous entrons donc dans une nouvelle phase, maintenant que l’inflexion accommodante du cycle monétaire est enclenchée et il apparaît opportun de se poser la question de ce à quoi ressemblera cette nouvelle phase pour les marchés actions européens.
Même si le calendrier des baisses a été progressivement retardé et leur amplitude nuancée, la validation de ce pivot monétaire permet d’améliorer sensiblement la visibilité générale. Un scénario macroéconomique central se dessine désormais et cela se traduit traditionnellement par une meilleure reconnaissance par le marché des éléments fondamentaux.
La valorisation devient l’élément clé
La valorisation est évidemment un élément clé dans la prise de décision des investisseurs. Cette dernière toutefois peut être ponctuellement mise de côté dans des environnements jugés incertains. Ce constat est logique dans la mesure où la valorisation est avant tout une notion prospective s’appuyant sur des scénarios d’anticipation des «cash-flows» futurs des entreprises.
Si l’on observe la valorisation actuelle du marché actions européen, on peut légitimement penser que ce dernier est encore bon marché malgré la hausse observée depuis l’automne dernier, et ce pour plusieurs raisons.
Le marché actions présente toujours une légère décote vis-à-vis de ses standards historiques. Le ratio de cours sur bénéfices (PER) 12 mois prospectif de l’indice Stoxx Europe 600 s’élève à 13,7 fois contre 14 fois en moyenne depuis 2000, et cela peut apparaître comme une anomalie alors que la BCE initie un cycle de baisse de taux. Dans un tel contexte, le marché devrait plutôt se valoriser au-dessus des standards moyens historiques.
Les vertus retrouvées de « l’effet temps » sur les valorisations
Par ailleurs, et c’est un élément crucial, «l’effet temps» redevient vertueux pour les valorisations, et ce grâce à deux soutiens précieux.
La croissance «embarquée» des bénéfices est sur un point d’inflexion. Nous sortons d’une longue séquence de croissance nulle. Alors qu’en 2023 la croissance des bénéfices européens a été légèrement négative (-3.0%), nous entrons dans une phase plus expansive. La croissance des bénéfices anticipée par le consensus des analystes s’établit en effet à +6,1% pour 2024 et +10,2% pour 2025. Le bénéfice prospectif 12 mois sur lequel on s’appuie généralement pour observer les valorisations entre donc dans un «sweet spot». Ce dernier progresse d’environ +0,70% par mois actuellement.

Par ailleurs, depuis deux mois, le momentum de révisions des bénéfices prospectifs par le consensus s’est retourné favorablement. Au cours du seul mois de mai, le bénéfice estimé pour 2024 de l’indice Stoxx Europe 600 a été relevé de +0,8% et celui pour 2025 de +0,6%.
Ce phénomène contribue également à l’amélioration progressive des bénéfices futurs au cours du temps.
Dans un tel contexte, le bénéfice 12 mois prospectif des actions européennes progresse d’environ +1,5% par mois. Autrement dit, cela signifie qu’actuellement la valorisation du marché baisse avec le temps (en cas de marché stable) et cela permet mécaniquement de soutenir le potentiel de hausse du marché afin d’atteindre la moyenne historique voire un peu plus.
Ce constat est encore plus vrai pour les petites et moyennes valorisations, dont la sensibilité à la politique monétaire est encore plus élevée que pour le reste du marché, et dont la valorisation présente une décote encore aujourd’hui très significative (PER de l’indice Stoxx Europe Small 12,9x contre 14,7 en moyenne depuis 2000, décote de 12%).

Conclusion
Après l’annonce de la baisse des taux de la BCE, la tentation d’alléger son exposition actions après le puissant rallye observé depuis quelques mois peut être légitimement présente chez certains investisseurs. Toutefois, il nous apparaît encore bien trop tôt pour initier stratégiquement un tel arbitrage dans les allocations d’actifs. En effet, le contexte nous semble encore porteur pour les actions européennes, qui devraient être soutenues dans les prochains mois par un phénomène de revalorisation et de normalisation fondamentale. Ce constat est encore plus vrai pour certains segments tels que les petites et moyennes valeurs, la «Value» cyclique et certains secteurs en retard comme les minières ou les foncières.
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