
MSCI va réunir les pays baltes en un seul indice

Il n’y aura bientôt plus d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie sur la carte des marchés du MSCI. A la fin du mois d’août, les Bourses baltes seront agrégées en un unique indice, le MSCI Baltic States Index, composé des plus larges et plus liquides entreprises de la région. Ce nouveau marché espère grossir rapidement pour pouvoir candidater à la catégorie des «émergents».
Les trois pays sont actuellement classés par MSCI et ses concurrents dans la catégorie des marchés «frontières», mais cette situation est quasi uniquement due à leur petite taille. Membres de l’Union européenne depuis 2004, ils remplissent déjà individuellement les critères de développement économique et d’accessibilité de leurs marchés pour intégrer la catégorie des pays développés, selon la méthodologie de MSCI. Pour accéder à la catégorie intermédiaire des «émergents», il leur faut améliorer la liquidité de leurs principaux constituants, et avoir au moins trois entreprises dont la capitalisation boursière dépasse les deux milliards de dollars, avec un flottant minimum d’un milliard.
La réunion de ces marchés doit donc permettre d’attirer davantage d’investisseurs internationaux, et de faire émerger les champions boursiers nécessaires. Le fournisseur d’indices a accepté cette requête à l’automne dernier, dans le cadre de la révision de sa méthodologie pour les marchés frontières. Elle a été soutenue par les ministres des Finances des trois États, ainsi que par Valdis Dombrovskis, vice-président exécutif de la Commission européenne, ancien commissaire aux services financiers et ancien premier ministre letton.
MSCI a, dans le même temps, facilité l’accès à la catégorie «frontière» en réduisant le nombre nécessaire d’entreprises cotées sur un marché candidat respectant des seuils de flottant et de liquidité de deux à une, et en flexibilisant le calcul des seuils de capitalisation pour classer les entreprises entre compartiments, jusqu’ici indexés aux marchés développés.
Prédominance des secteurs bancaire et énergétique
À la création de ce nouvel indice balte, sept entreprises intégreront le compartiment principal, et dix le compartiment dédié aux petites capitalisations, nous a précisé MSCI. Le «cut-off» entre les deux compartiments a été placé à 258 millions de dollars de flottant. Pour le moment, aucune entreprise cotée en Lettonie ne sera présente dans l’un ou dans l’autre, car elles sont trop petites et/ou trop peu liquides.
La promotion de ces trois pays dans la division des émergents repose actuellement sur les performances boursières de trois entreprises : Ignitis Grupe, LHG Group, et Enefit Green. Le premier est un énergéticien détenu par l’Etat lituanien, qui affiche une capitalisation de 1,5 milliard d’euros. Il a été introduit en Bourse en 2020 à Vilnius et sur le London Stock Exchange. Le deuxième est un établissement bancaire estonien, qui représente 1,2 milliard d’euros de capitalisation, et le troisième est un spécialiste estonien du renouvelable, qui s’approche du milliard d’euros. Au total, les trois banques et les deux compagnies d’énergie de l’indice représentent chacune environ 2,7 milliards d’euros de capitalisation.
Les marchés baltes manquent d’investisseurs institutionnels locaux
Toutefois, les places baltes devront briser plusieurs plafonds de verre avant d’espérer atteindre le rang des émergents. La Bourse estonienne, qui est le moteur de ce nouveau pôle, est très étroite, et se limite aux entreprises locales servant des clients locaux. Les success stories baltes telles que Skype et Vinted sont soutenues par des capital-risqueurs et devraient réaliser leur introduction en Bourse plutôt aux USA ou en Europe de l’Ouest. Ses constituants sont par ailleurs des cibles de choix pour les voisins. «Au fil des ans, des investisseurs stratégiques scandinaves ont racheté de nombreuses sociétés cotées et les ont transformées en filiales baltes», note Peter Priisalm, codirecteur des investissements au sein de la société de gestion estonienne Avaron AM.
Ces marchés sont aussi dominés par les investisseurs particuliers locaux, ce qui peut rebuter les gérants de fonds et les investisseurs institutionnels, même de taille modeste. La liquidité quotidienne des Bourses lituanienne et estonienne est inférieure à deux millions d’euros, et elle n’est que de quelques dizaines de milliers d’euros pour la lettone. Pour attirer davantage d’investisseurs professionnels étrangers, «le plus important […] réside dans la création d’une solide base d’investisseurs de long terme nationaux, tels que des fonds de pension locaux qui investissent dans des actions locales», estime Eglé Fredriksson, gérante chez East Capital. Les rares étrangers intervenant sur les Bourses baltes sont scandinaves, britanniques et américains, mais ils se limitent aux titres les plus larges et les plus liquides, nous précise-t-elle.
Les spécialistes des marchés frontières et émergents en Europe espèrent tout de même voir les flux d’investissement augmenter grâce à cette meilleure visibilité. Cette nouvelle catégorisation des trois pays «devrait permettre, à long terme, la création d’un ETF ‘pays baltes’ ou l’inclusion de la région dans les ETF couvrant les marchés développés tout en laissant l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie sur la liste des marchés frontières», espère même Peter Priisalm. Reste à savoir si l’appétit des investisseurs sera là, et si les producteurs de fonds indiciels suivront.
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