
L’Europe de la Bourse passe par les Spac

Il y a deux façons d’accueillir l’annonce du lancement de Pegasus Europe, la coquille vide que Jean-Pierre Mustier, Bernard Arnault et Tikehau Capital entendent coter sur Euronext Amsterdam. Les pessimistes y verront le nouveau signe d’une bulle alimentée par la politique permissive des banques centrales. Les optimistes, l’amorce d’une reprise en main du destin boursier des entreprises européennes.
Pas un jour sans qu’un special purpose acquisition company (Spac) ne vienne lever des fonds en Bourse. Le phénomène a explosé l’an dernier à Wall Street, avec plus de 80 milliards de dollars collectés par le biais de ces structures que l’on qualifiait autrefois de « sociétés chèque en blanc ». La ruée s’est encore accélérée depuis le 1er janvier : déjà une quarantaine de milliards de dollars levés.
L’investisseur ignore ce qu’il achète, si ce n’est la promesse que le Spac réalisera une acquisition dans les deux ans. Si ces opérations ont un tel succès aujourd’hui, c’est qu’elles offrent à l’entreprise rachetée par un Spac une voie royale pour se coter sans passer par le traditionnel processus d’introduction en Bourse - une procédure longue, incertaine, mais qui offre à l’actionnaire final un niveau d’information et de protection appréciable. On comprend donc que les gendarmes boursiers, notamment en France, n’aient pour l’instant autorisé qu’au compte-gouttes ce type de véhicules.
L’ingénierie financière a malheureusement toujours un temps d’avance sur les régulateurs. Cantonné aux Etats-Unis durant deux décennies, le Spac se mondialise. Certains d’entre eux viennent prospecter sur le Vieux Continent, quand ils n’en font pas leur terrain de chasse exclusif, à l’image de Golden Falcon, qui s’est coté à New York fin décembre afin d’acquérir une valeur montante de la tech en Europe. Les entreprises du cru ont bien compris tout le parti qu’elles pouvaient tirer de cette manne. « J’avais dressé une short-list de cibles européennes, glisse le sponsor d’un Spac. La moitié d’entre elles m’ont contacté spontanément avant que j’aie eu le temps de les appeler !»
La menace est claire : que le New York Stock Exchange et le Nasdaq siphonnent encore davantage les entreprises de croissance européennes, déjà attirées par la profondeur du marché d’actions américain. « L’Europe a besoin de capitaux de croissance. Aux Etats-Unis, le ratio capitalisation boursière sur PIB est trois fois supérieur, il atteint 180% », rappelle un banquier. Effet de mode ou pas, l’Europe ne peut plus regarder passer le train des Spac, au risque de voir ses marchés boursiers s’atrophier.
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Paris - Pas de pays à l’arrêt, mais la France connaît un 10 septembre sous tension mercredi avec des centaines de blocages ou de tentatives, contrées par les forces de l’ordre, et des dizaines de milliers de manifestants défilant contre l’austérité budgétaire et les inégalités. A 11H00, le ministère de l’Intérieur a recensé 29.000 participants sur 430 actions, dont 273 rassemblements et 157 blocages lors d’une journée de mobilisation atypique, née d’appels hétéroclites sur les messageries et les réseaux sociaux et centrée sur les efforts budgétaires envisagés par le gouvernement. «C’est vraiment un ras-le-bol global sur ce qui se passe en France, sur le fait que les politiques n'écoutent pas les urnes», a déclaré à l’AFP Bastien, un étudiant de 23 ans, qui a défilé à Rennes au milieu de 10.400 personnes, selon la préfecture. «Il y a un budget de l’Etat qui a été mal géré et on nous accuse d'être à l’origine de cette dette, et c’est à nous de travailler plus pour rembourser», a déclaré à l’AFP Juliette, travailleuse sociale à Clermont-Ferrand âgée de 30 ans, qui n’a «pas l’habitude» de manifester et n’est pas syndiquée. A Brest, les manifestants étaient 5.000, 2.200 à Lorient, 2.000 à Orléans et autant à Bordeaux, selon les préfectures. A Paris, où plusieurs centaines d'étudiants s'étaient rassemblés le matin devant la Sorbonne, plusieurs milliers de manifestants, dont beaucoup de jeunes, étaient réunis en début d’après-midi place du Châtelet dans une ambiance d’abord festive puis un peu plus tendue. «même bord politique» A Nantes, Mahault, une éducatrice spécialisée de 52 ans en grève estimait que «les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres. Le changement de Premier ministre n’y changera rien, je n’en attends rien: c’est le même bord politique, la succession». Le nouveau chef du gouvernement Sébastien Lecornu, qui a pris ses fonctions à l’hôtel de Matignon peu avant 13H00, a lui promis «des ruptures sur le fond» et «pas que sur la forme». Pour la plupart, les actions matinales se sont déroulées dans un calme relatif mais il y a eu quelques débordements comme sur la rocade de Rennes où un bus a été saccagé et incendié par des manifestants, a rapporté Star, le réseau de transports en commun de la ville. Les tentatives de blocage se sont souvent heurtées à l’action préventive de forces de l’ordre en nombre, comme à Marseille, où, prépositionnées à l’avance, elles ont empêché 200 personnes d’accéder à l’autoroute venant de Toulon. Le ministre de l’Intérieur démissionnaire et président Les Républicains (LR) Bruno Retailleau a dénoncé cette action et a de nouveau accusé «la mouvance de l’extrême gauche» d’avoir «confisqué» cette mobilisation née sur les réseaux sociaux et soutenue par la gauche, de LFI au PS. A 14H30, 183 personnes avaient été interpellées en agglomération parisienne. Au niveau national, le ministère de l’Intérieur a fait état de 295 interpellations à 13h00. Une centaine de lycées étaient perturbés et 27 bloqués, selon le ministère de l’Education nationale, notamment à Paris, à Montpellier, Rennes et Lille. Des mobilisations étudiantes ont été recensées à Paris, Rennes, Grenoble, Montpellier, Toulouse, Lyon, Mulhouse et Nice, selon l’Union étudiante et l’Unef. Louvre et Orsay touchés Cette journée d’actions disparates est soutenu par certains syndicats. La CGT et Solidaires ont appelé à s’y joindre quand la CFDT et FO, notamment, ont préféré se concentrer sur la journée intersyndicale du 18. Côté transports, la circulation des trains a été coupée par des occupations de voies à Cherbourg et Valence, selon la SNCF. A Paris et en Ile-de-France, les transports en commun connaissent quelques perturbations, «conformes aux prévisions» selon les opérateurs de transport. A la gare du Nord, à Paris, où le trafic a été très brièvement interrompu, la situation s'était également tendue en fin de matinée avec les forces de l’ordre qui filtraient les entrées. Au musée du Louvre à Paris, seules quelques salles étaient ouvertes. Le musée d’Orsay restait lui complètement fermé. Sur décision préfectorale, une étape du Tour de l’Ardèche féminin a par ailleurs été annulée par mesure de sécurité. Dans les raffineries TotalEnergies, où la CGT avait appelé à faire grève, la mobilisation était «très faible», selon un responsable syndical à l’AFP. La convergence des colères se fait aussi, partiellement, avec celle du monde agricole. La Confédération paysanne, 3e syndicat agricole français, a annoncé sa participation. Ce mouvement horizontal, sans chef de file identifié, rappelle celui des Gilets jaunes, il y a sept ans, mais rassemble des personnes plus jeunes et plus politisées, selon une récente enquête de la fondation Jean Jaurès. Boris CAMBRELENG, avec les bureaux de l’AFP © Agence France-Presse