
Les marchés actions s’attendent à une élection américaine difficile

Après le premier débat entre les deux candidats à la Maison-Blanche, à un peu plus d’un mois du scrutin, la campagne pour l’élection américaine est entrée dans sa dernière ligne droite. Pour le moment, Joe Biden conserve une confortable avance sur le président sortant et les sondages lui promettent un grand chelem au Congrès. Un scénario favorable pour l’économie américaine, selon les économistes de Candriam. «Ce résultat assurerait que l’économie se situe dans la trajectoire de notre scénario central de retour vers la tendance pré-crise fin 2021, voire un peu au-delà», affirme Florence Pisani. Dans le cas d’une victoire de Donald Trump avec une majorité au Sénat et à la Chambre des représentants, l’économie pourrait être en-deçà de cette trajectoire surtout si les républicains font à nouveau de l’équilibre des finances publiques une priorité (ce qui bloque, aujourd’hui, entre autres, les discussions entre les deux camps en vue d’un nouveau plan de relance).
Programmes fiscaux opposés
Les deux autres scénarios possibles sont une victoire de Joe Biden ou de Donald Trump avec un Sénat républicain pour l’un et une Chambre des représentants démocrate pour l’autre. Cette configuration, dont le risque principal est celui d’une guérilla législative, aurait peu d’impact sur la trajectoire économique.
Mais la crainte des investisseurs est ailleurs. L’enjeu ne semble pas être sur les deux programmes qui s’opposent, notamment en matière fiscale. Alors que Joe Biden envisage de revenir sur une partie des baisses d’impôts accordées aux entreprises par l’actuel locataire de la Maison-Blanche et de taxer davantage les plus riches, Donald Trump veut pérenniser ses baisses de taxes (dont la plupart expirent fin 2025). Les deux candidats projettent des dépenses d’infrastructures mais pas avec les mêmes objectifs. Les relations avec la Chine devraient en revanche rester tendues, que ce soit l’un ou l’autre des candidats.
Risque élevé de contestations
«L’enjeu est jugé important par plus de 80% des Américains et la crainte est que le processus électoral ne se passe pas très bien», juge Hervé Goulletquer, stratégiste chez La Banque Postale AM. «Le risque principal est celui d’une élection dont le résultat serait remis en cause soit par le parti perdant, soit par la population», poursuit Florence Pisani. Le scénario craint par le marché est celui d’une absence de majorité claire à l’issue de l’élection qui pourrait pencher d’un candidat à l’autre au gré du dépouillement des votes par correspondance, probablement très nombreux, dont les derniers le seront fin novembre. Avec un risque élevé de contestation du résultat du scrutin comme en 2000 entre George W. Bush et Al Gore, qui avait tourné à l’avantage du candidat républicain. D’aucuns craignent que Donald Trump ne veuille concéder sa défaite s’il est battu. Cette période d’incertitude aurait un impact non seulement sur les marchés mais aussi sur l’économie américaine, notamment en raison du report du vote d’un nouveau plan de relance à 2021, alors que les mesures exceptionnelles accordées aux chômeurs arrivent au bout.
Ce risque explique en partie la récente fébrilité des marchés actions. Cela se traduit notamment par une hausse de la volatilité. Les contrats sur le VIX (indice de volatilité du S&P 500), dont les niveaux des échéances octobre et novembre sont plus élevés, reflètent les anticipations par le marché d’un regain de volatilité à l’approche du scrutin. Mais celle-ci reste pour le moment contenue. «Un double choc sur les élections américaines et sur le Covid aurait un impact important sur les marchés actions qui se matérialise, pour le moment, par une hausse de la volatilité anticipée sur les prochaines échéances mais qui n’est pas totalement anticipé», affirme-t-on chez Candriam.
Plus d'articles du même thème
-
«Les marchés pourraient connaître une phase de consolidation à court terme»
Grégory Huet, gérant de portefeuilles, associé chez Amplegest -
Les marchés émergents affirment leur surperformance en 2025
Les marchés d'actions comme d'obligations affichent des performances inédites sur la décennie. Ils sont soutenus par la baisse du dollar et désormais par l’assouplissement monétaire de la Fed. Mais des défis demeurent. -
Quand Donald Trump sape le pouvoir des actionnaires
Résultats trimestriels, vote en assemblée générale, contrôles du gendarme boursier : au nom de l'efficacité, Washington mine les prérogatives des investisseurs au profit des entreprises cotées et de leurs dirigeants. Au risque de fragiliser l'un des fondements de Wall Street.
ETF à la Une

DWS cote trois ETF de petites capitalisations
- Le patron de la Société Générale prend la menace Revolut au sérieux
- L’AMF sanctionne Altaroc et ses deux dirigeants à hauteur de 1,3 million d’euros
- BNP Paribas confirme ses objectifs 2025 et dévoile des ambitions pour 2028
- Le Crédit Agricole revendique une place dans l’accès aux soins et les services aux plus âgés
- Rubis confirme avoir engagé des discussions avec des acteurs industriels et financiers
Contenu de nos partenaires
-
Vœu pieux
Palestine : Macron joue son va-tout
Lundi soir, le président français reconnaîtra l'Etat de Palestine à l'ONU. Une première étape pour tenter de mettre fin au conflit à Gaza. Mais c'est sans compter l'hostilité d'Israël et des Etats-Unis -
Editorial
Taxe Zucman : une attaque contre la liberté
Sa leçon est claire : la radicalité conduit à davantage de radicalité, et appelle son complément naturel, l'oppression -
Une séparation
Entre Gabriel Attal et Emmanuel Macron, le parti Renaissance vit la première rupture de son histoire
A Arras, dimanche, la rentrée politique du parti présidentiel s'est déroulée devant une salle vidée de ses ministres. Ces derniers craignaient d'être associés à la volonté de Gabriel Attal de couper tout lien avec Emmanuel Macron