
Les «green bonds» n’échappent pas aux suspicions de greenwashing

Au moment où les Etats européens et la Commission européenne elle-même font des obligations vertes une grande part de leurs émissions de dette, des interrogations se lèvent sur l’utilisation réelle de ces fonds pour financer des projets liés à la transition environnementale. Le gestionnaire spécialisé Triodos IM a ainsi annoncé jeudi qu’il ne participera à la première émission de «green bonds» de l’Etat britannique le 21 septembre, estimant que «le cadre des obligations vertes du Royaume-Uni est le premier que nous considérons comme n’étant pas assez vert selon nos normes».
Capture du carbone et hydrogène bleu
William de Vries, directeur des gestions à impact de Triodos IM, qui avait investi sur les autres «green bonds» souverains (dont ceux de l’Allemagne qui ont pu indirectement financer des projets liés au charbon faute de ségrégation dans le budget fédéral), s’inquiète que le produit de la dette puisse être utilisé pour financer des projets de capture du carbone et d’hydrogène bleu. C’est possible dans le programme qui conduira à émettre au moins 15 milliards de livres d’obligations vertes sur l’année fiscale jusqu’à fin mars. Comme les associations environnementales, il explique que les projets de capture de carbone (par enfouissement sous terre) ne font pas avancer la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Et que, contrairement à l’hydrogène vert produit à partir d’énergies renouvelables, l’hydrogène bleu peut l’être à partir de gaz naturel également émetteur de CO2.
«C’est également un vrai problème de notre point de vue. En revanche, la capture du carbone constitue un sujet difficile à éviter si on s’intéresse à la transition écologique à moyen terme, au moins tant que certaines industries comme la métallurgie ne peuvent exister sans émissions de CO2 avec les technologies actuelles. Surtout, ces deux sujets resteront relativement limités dans les projets financés par l’Etat britannique, bien davantage orientés vers le verdissement des transports et de l’énergie», remarque Bertrand Rocher, gérant responsable de l’analyse Crédit chez Mirova, qui se laisse donc la possibilité d’accompagner ces émissions vertes.
Triodos IM se rapproche des militants au moment où surgissent les risques liés au «greenwashing», une pratique consistant à se déclarer plus vert que la réalité. Mais de nombreux autres gestionnaires ESG ont bien accueilli le programme britannique, saluant également ses exigences en matière de rapports sur les avantages sociaux des projets verts. «Chaque nouvelle obligation souveraine verte doit contribuer à relever le niveau des normes pour le secteur privé aussi», remarque Scott Freedman, gérant chez Newton IM (BNY Mellon). «L’intérêt des ‘green bonds’ est aussi d’engager les Etats sur une politique environnementale, au-delà des alternances électorales», conclut Bertrand Rocher, plutôt agréablement surpris par le virage vert des conservateurs britanniques.
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Israël frappe Doha où résident des responsables du Hamas, le Qatar "condamne fermement"
Doha - Israël a annoncé avoir ciblé mardi des responsables du Hamas dans des frappes aériennes à Doha, dernière attaque en date contre des chefs du mouvement islamiste palestinien Hamas. On ignorait dans l’immédiat si les responsables visés à Doha avaient péri ou survécu. Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, Israël a tué plusieurs chefs et hauts responsables du mouvement dans le territoire palestinien, en Iran et au Liban. Le jour des frappes à Doha, la branche armée du Hamas, les Brigades Al-Qassam, a revendiqué l’attaque à l’arme à feu perpétrée lundi à Jérusalem-Est, qui a coûté la vie à six Israéliens. Plusieurs explosions ont été entendues dans la capitale qatarie et de la fumée s’est élevée d’un quartier, selon des journalistes de l’AFP sur place. La police a bloqué le secteur. «L’armée et le service de sécurité intérieure (Shin Bet) ont mené une frappe ciblée contre la haute direction de l’organisation terroriste Hamas», a dit l’armée israélienne dans un communiqué. «Depuis des années, ces membres de la direction du Hamas dirigent les opérations de l’organisation terroriste, sont directement responsables du massacre brutal du 7 octobre et ont orchestré et géré la guerre contre l’Etat d’Israël», a-t-elle ajouté sans mentionner Doha. Mais plus tard, un responsable de l’armée israélienne a confirmé à l’AFP que ces frappes avaient été menées à Doha. «L’action aujourd’hui contre les principaux chefs terroristes du Hamas a été menée entièrement par Israël: Israël l’a initiée, Israël l’a menée, et Israël en assume l’entière responsabilité», a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. «Aucune immunité» Selon un responsable du Hamas qui a requis l’anonymat, «dans un nouveau crime sioniste, la délégation des négociateurs du Hamas a été ciblée lors d’une réunion à Doha, où elle discutait de la proposition du président (Donald) Trump pour un cessez-le-feu à Gaza». Des responsables du Hamas qui ont participé aux négociations indirectes avec Israël sur un cessez-le-feu à Gaza ces derniers mois résident à Doha. «L’Etat du Qatar condamne fermement l’attaque lâche menée par Israël qui a visé des immeubles résidentiels abritant des membres du bureau politique du Hamas», a écrit le porte-parole des Affaires étrangères, Majed al-Ansari, sur X. «Les terroristes n’ont et n’auront aucune immunité face au long bras d’Israël, où que ce soit dans le monde», a écrit le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich (extrême droite). «Je salue la sage décision et son exécution parfaite par l’armée et le Shin Bet». En riposte à l’attaque du 7-Octobre, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a juré de détruire le Hamas, et son armée a lancé une offensive d’envergure qui a dévasté la bande de Gaza et fait des dizaines de milliers de morts. «Rester à l’abri» L’ambassade des Etats-Unis au Qatar a appelé ses ressortissants dans le pays à «rester à l’abri». «Nous avons vu des informations faisant état de frappes de missiles à Doha. L’ambassade a ordonné à son personnel de rester dans ses locaux. Il est conseillé aux citoyens américains de rester à l’abri.» Lundi, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a sommé le Hamas de se rendre sous peine d'être anéanti, après que Donald Trump a adressé un «dernier avertissement» au mouvement islamiste l’appelant à libérer tous les otages. Ceux-ci ont été enlevés durant l’attaque du 7-Octobre et emmenés dans la bande de Gaza. «Ceci est un dernier avertissement aux assassins et violeurs du Hamas à Gaza et dans les hôtels de luxe à l’étranger: libérez les otages et déposez les armes, ou Gaza sera détruite et vous serez anéantis», a déclaré M. Katz sur X. La Jordanie et les Emirats arabes unis, qui entretiennent des relations diplomatiques avec Israël, ont condamné les frappes à Doha. Le Jihad islamique, un allié du Hamas à Gaza, a affirmé que «cibler une réunion de dirigeants du Hamas à Doha, constitue un acte criminel flagrant». Jacqueline PENNEY © Agence France-Presse -
Ukraine : une frappe russe vise une distribution d'allocations de retraite, 24 morts et 19 blessés
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Israël frappe la direction du Hamas au Qatar
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