
Les entreprises cherchent une voie réaliste pour la connaissance client

Constat d’échec sur la recherche d’une solution mutualisée globale pour le KYC (Know your customer). Les dossiers de connaissance client sont toujours aussi lourds à constituer et à actualiser pour les entreprises, qui en sont réduites à constituer de façon manuelle un dossier pour chaque banque, à chaque fois un peu différent en fonction des lectures par chaque établissement de la réglementation. « Nous en arrivons à choisir nos partenaires bancaires en fonction du KYC, c’est un comble ! » a déploré un trésorier lors des Journées de l’AFTE (Association française des trésoriers d’entreprise) le mois dernier. Le phénomène n’est pas propre aux grandes entreprises avec plusieurs filiales dans le monde. « Dans les PME et les ETI aussi, le sujet KYC est le premier à être désigné comme irritant dans la relation avec les banques », assure Benoît Heitz, associé chez Onepoint.
Ces dossiers engagent la responsabilité de la banque, d’où la difficulté des grands projets de mutualisation, comme celui lancé en 2018 par la Société Générale, Clipeum, mis en « pause ». Surtout, l’annonce par Swift, l’an dernier, qu’il arrêtait le projet de KYC pour toutes les entreprises a créé une déception, la coopérative assurant déjà ce service pour les banques et les entreprises connectées à son réseau. D’où la tentation pour des banques de se rabattre sur des solutions propriétaires individuelles. Toutefois, les entreprises ne baissent pas les bras dans leur recherche de solution pour optimiser leur travail d’envoi de documents. L’AFTE a noué un partenariat avec le cabinet Fincley Consulting pour y voir clair dans les solutions qui pourront être pérennes. « Les banques semblent privilégier des solutions plus limitées, à des échelles nationales ou régionales », expose Benjamin Malka, manager chez Fincley, qui a lancé un questionnaire auprès de 25 banques, les trois plus grands établissements français ayant déjà répondu. « Notre postulat est la pertinence d’une solution de place où le curseur doit être placé au bon endroit en termes d’ambition, d’intégration et de maîtrise des coûts. »
En pratique, les offres les plus convaincantes sont le fait d’acteurs non bancaires. « On constate qu’une solution commune de type bancaire a du mal à être endossée par toutes les parties prenantes », estime Marie-Hélène Crétu, directrice générale de Pref-X, une plateforme de gestion des financements en dette qui a lancé il y a un an une offre digitale pour le KYC. Le service assure la collecte des documents et la transmission de ceux-ci aux banques, les entreprises centralisant le processus de distribution sur la plateforme et gardant l’initiative de la mise à disposition des pièces. « Cette solution simple et efficace fait gagner du temps aux entreprises et leur offre une gestion sécurisée des échanges, explique Marie-Hélène Crétu. Un nombre notable d’entreprises l’ont adoptée ou se préparent à le faire. » L’idée est de prendre en charge la collecte et de laisser la vérification des documents aux contreparties bancaires.
Tiers de confiance
Autre solution de collecte mutualisée, Conformitee compte Crédit Mutuel Arkéa, le Crédit Agricole et Bpifrance comme partenaires, ainsi que l’AFTE. La regtech a lancé cette année son offre commerciale et compte déjà plus de 10.000 entreprises utilisatrices. « Nous observons leur intérêt pour des solutions pragmatiques, portées par des tiers de confiance non bancaires, ce qui qui facilite la collaboration entre les banques », souligne Frédéric Maï, président de Conformitee. Le focus sur une zone géographique précise permet de prendre en compte les spécificités et les enjeux locaux, et Conformitee prévoit son interopérabilité avec d’autres acteurs, des discussions étant engagées en Europe avec des homologues.
Certes, cette approche n’est pas parfaite. « Il semble important d’éviter les ruptures de charge car si l’information collectée n’est pas contrôlée et analysée tout de suite, les données perdent de leur valeur dans le temps, sans compter l’incidence en matière de coûts et d’efficacité opérationnelle pour les banques, souligne Benoît Heitz. Dans une logique gagnant-gagnant pour les parties prenantes (banque, entreprise, autorités de tutelle), la France pourrait suivre l’exemple de l’Estonie où l’Etat prend en charge le sujet du KYC en tant que tiers de confiance. »
L’AFTE envisage de son côté, avec Fincley, une démarche auprès de la Banque centrale européenne ou du régulateur national.
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