
Les engagements hors bilan de Credit Suisse inspirent la défiance

Credit Suisse est-il si systémique que cela ? A écouter les déclarations des divers acteurs de marché, les banques exposées à l’établissement helvète sont rares, alors même que le montant notionnel des dérivés de Credit Suisse s’établissait à 14.641 milliards de francs suisses fin 2022 (14.782 milliards d’euros), plus de 27 fois le bilan de la banque (531 milliards de francs).
Seul le groupe BNP Paribas a admis y être exposé, en annonçant à ses clients qu’il n’interviendrait plus comme contrepartie dans les contrats dérivés passés avec Credit Suisse. Le hedge fund Millennium Management a demandé à ses gestionnaires de portefeuilles de cesser leurs transactions sur les produits dérivés avec la banque, y compris celles gérées par une chambre de compensation. Le Wall Street Journal cite, sans les nommer, plusieurs gérants d’actifs choisissant de ne plus s’exposer ni de réaliser de transactions avec Credit Suisse.
Sous-exposition
Dans l’ensemble pourtant, les grandes banques affirment avoir réduit leur exposition au groupe suisse : les américaines JPMorgan Chase, Bank of America et Citigroup ont ainsi déclaré aux régulateurs que leur exposition était minime. Même son de cloche du côté des banques nordiques ou du régulateur espagnol, singapourien et indien, qui affirment n’être que très peu concernés.
Les analystes de JPMorgan partagent ce calme, rappelant que la série de scandales qui ont entaché la réputation de Credit Suisse auront au moins servi à rendre les banques plus prudentes. «Les contreparties ont eu le temps de s’adapter depuis l’affaire Greensill, et ont par conséquent dû collatéraliser leurs expositions avec des actifs liquides», remarquent les analystes.
Les grandes banques centrales sont moins confiantes : les régulateurs américains, la BCE et la Banque d’Angleterre ont cherché ces derniers jours à comprendre l’ampleur des liens qui relient Credit Suisse au reste du monde bancaire, et ont interrogé les banques sous leur supervision pour jauger des risques de contagion.
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Effet de levier
Au-delà des risques de contrepartie, Ludovic Subran, chef économiste d’Allianz, rappelle que les engagements hors bilan de Credit Suisse incluent une exposition de 860 milliards de dollars avec effet de levier (leveraged exposure) - et ce, alors même que la division de prime brokerage a été fermée suite à l’affaire Archegos. Aux niveaux actuels, «il suffirait que seul 1% de ce montant fasse défaut pour effacer la capitalisation de Credit Suisse. Compte tenu de la volatilité actuelle du marché, ce scénario est tout à fait plausible», note l’économiste. Archegos, Greensill et Credito Real étaient aussi des engagements hors bilan, souligne Ludovic Subran, et dont les pertes totales se sont élevées à 7,3 milliards de dollars.
Les crises financières dépendent pourtant rarement des montants engagés. Une perte de confiance des marchés, qui pourraient s’effrayer des interconnexions entre Credit Suisse et le reste du monde financier, pourrait suffire à précipiter un accident - que ces interconnexions soient importantes ou non.
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