
Les détenteurs d’obligations ont l’avantage sur les actionnaires

Les tensions diplomatiques entre les Etats-Unis et la Chine, cette fois au sujet de l’origine de la pandémie de coronavirus, ont eu raison de l’enthousiasme des marchés actions. Après leur rebond spectaculaire en avril, ils ont débuté mai dans le rouge. De nombreux spécialistes s’alarment du rapide rebond des actions, estimant les niveaux de valorisation non soutenables, à moins d’une reprise rapide de l’économie, et craignent une nouvelle correction. Soutenues par la réaction rapide des banques centrales, les actions ont effacé en avril une partie des pertes de mars, ignorant à la fois les publications de résultats trimestriels, l’impossibilité pour la plupart des entreprises d’établir des prévisions et la suppression du dividende par de nombreuses entreprises.
En Europe, 160 groupes composant l’indice Stoxx 600 ont déjà annoncé l’arrêt de leur dividende, dont nombre d’eux dans le secteur bancaire et celui des biens d’équipements. Et cela devrait encore augmenter, selon JPMorgan. «Les dividendes suivent fidèlement la trajectoire des bénéfices», explique Mislav Matejka qui anticipe une baisse de 30% des bénéfices en Europe cette année (-18% pour le consensus). Le stratégiste de JPMorgan rappelle que les dividendes avaient chuté de 40% en 2009.
Les entreprises décident de couper leur dividende pour préserver leur trésorerie et leurs résultats en attendant des jours meilleurs ou parce qu’elles y sont contraintes après avoir réclamé une aide publique (prêt garanti, dispositif de chômage partiel…). «L’aide massive des Etats devrait éviter une envolée des taux de défaut malgré la sévérité de la récession, mais cela crée une asymétrie favorable aux détenteurs d’obligations par rapport aux actionnaires», juge Emmanuel Cau, stratégiste actions chez Barclays. De fait, ces sociétés (principalement dans les secteurs les plus affectés) vont se retrouver plus endettées, ce qui affectera la génération de cash-flows et donc leur capacité à payer un dividende.
Le détenteur d’obligations d’entreprises va lui continuer à percevoir les intérêts qui lui sont dus, avec un rendement moyen de 1,9% dans l’investment grade (3,8% pour les actions, mais ce chiffre est très hypothétique). Les entreprises ne peuvent arrêter de payer les coupons de leurs obligations contrairement aux dividendes. Sauf en cas de défaut. Pour éviter ce risque, les opérateurs privilégient les entreprises aux bilans solides. Une recherche de la qualité que les investisseurs partagent sur les marchés crédit et actions.
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