
L’emploi américain conserve une certaine vigueur

Encore une surprise. L’économie américaine a créé 311.000 emplois en février, après 504.000 emplois (révisés en légère baisse) en janvier, et au lieu des 205.000 attendus par les consensus, selon la publication vendredi du Job Report mensuel du département du Travail (US Bureau of Labor Statistics, BLS). L’écart avec les chiffres de l’organisme ADP, qui fait les fiches de paye et avait enregistré 106.000 créations d’emplois privés en janvier contre 443.000 auprès des entreprises (CES) du BLS, est ce mois-ci beaucoup plus cohérent - 242.000 pour ADP, 265.000 pour le BLS -, et les deux confirment une relative vigueur du marché du travail avec 343.000 créations par mois en moyenne au cours des six derniers mois, au-dessus du seuil de 100.000 jugé nécessaire pour suivre la croissance de la population en âge de travailler.
«Relative» vigueur car l’enquête auprès des ménages (CPS) indique une remontée du taux de chômage de 3,4% à 3,6%, du fait d’une légère remontée du taux de participation (de 62,4% à 62,5%) avec 419.000 personnes actives de plus sur le mois. «Relative» également car «nous voyons un début de destruction d’emplois dans un certain nombre de secteurs plus cycliques et sensibles à la remontée des taux», note Marc Brütsch, chef économiste de Swiss Life AM.
Le BLS indique encore des gains importants dans les secteurs hôtellerie-loisirs (105.000 dont encore 70.000 dans la restauration), santé-éducation (74.000) et commerce de détail (50.000). Mais après un mois de janvier aberrant, également lié à la météo, a reconnu Jerome Powell, l’emploi a bien diminué dans les services d’information (-25.000, et -54.000 sur trois mois) et les utilities (-1.100, et -4.000 sur trois mois), et commencé ce mouvement dans le transport-entreposage (-22.000), le secteur manufacturier (-4.000) et même le secteur financier (-1.000). Le ralentissement des embauches dans la production de biens (20.000 après 51.000) tient aussi du ralentissement dans la construction : 24.000 après 30.000, dont moins de 3.000 dans la construction d’immeubles (hors travaux publics, ingénierie ou promoteurs). «Le BLS signale aussi que moins de 50% des sous-secteurs ont créé de l’emploi en février, ce qui n’était plus arrivé depuis 2020. On retrouve un peu la tendance au ralentissement de l’automne», souligne Bastien Drut, responsable des études et de la stratégie de CPR AM.
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Encore 1,8 poste vacant par chômeur
«D’autres études comme celles du Conference Board nous disent que les entreprises prévoient moins d’embauches voire une réduction des emplois dans les douze prochains mois, poursuit Marc Brütsch. Celle de la Fédération nationale des entreprises petites et indépendantes (NFIB) sera également intéressante ce lundi. Mais les effets du resserrement monétaire commencent aussi à se faire sentir selon le site d’offres d’emplois Indeed.» Les offres d’emplois disponibles avaient baissé de 410.000 unités en janvier, à 10,8 millions selon le rapport officiel du BLS (Jolts) publié mercredi, avec des baisses importantes dans la construction (-240.000), l’hôtellerie-restauration (-204.000) et la finance (-100.000). Cela fait encore 1,8 poste par personne en recherche d’emploi, mais cela réduit un peu la pression sur les salaires.
«De ce point de vue aussi, le Job Report montre des tensions moins fortes : le salaire horaire moyen a augmenté de 0,2%, après 0,3% en janvier, soit un plus bas depuis un an et quasiment de retour sur les niveaux de 2020, analyste Bastien Drut. Sur trois mois annualisés, la progression passe de 4,9% à 3,6%. Le nombre d’heures travaillées agrégées baisse aussi encore un peu, pour le troisième mois sur les quatre derniers, sans parler des heures supplémentaires dans certains secteurs comme l’industrie, également en baisse.»
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